Entretien avec Richard Delpierre, DGS de Neuville-en-Ferrain et président de l'Union Régionale du SNDGCT
«Il faut redonner du sens à l'action publique»
Mercredi 29 mars, l'Union régionale Nord Pas-de-Calais du Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales (SNDGCT) organise son congrès régional à Meurchin, près de Lens. Richard Delpierre, président de l'Union régionale, revient sur le thème de cette édition 2023, tournée vers les transitions, notamment énergétiques.
La Gazette Nord-Pas-de-Calais. Pour l'édition 2023 de votre congrès annuel, vous avez choisi d'évoquer les mutations, notamment environnementales, qui imposent aux collectivités de revoir leur modèle.
Richard Delpierre. Nous
choisissons toujours ce temps d'échange et de réflexion sur un
thème d'actualité et cette année, en l'occurrence, l'urgence
climatique, plus précisément : «Quelles
réponses des collectivités locales face aux enjeux de l'urgence
climatique et des transitions imposées ?».
Pour y répondre, nous avons réuni des
personnalités impliquées dans ces questions de transitions à la
fois écologiques, énergétiques et numériques. Nous allons par
exemple recevoir Anastasia Ivanovsky, coordinatrice Observatoire
Climat, du Centre Ressource du Développement Durable (Cerdd à
Loos-en-Gohelle). L'idée, c'est de parler du réchauffement
climatique en Nord Pas-de-Calais mais aussi de présenter les
rapports successifs du GIEC. Nous aurons également l'intervention de
Geoffrey Mathon, 1er adjoint au maire de Loos-en-Gohelle.
Une ville pionnière dans les transitions écologiques, véritable exemple national !
En effet, c'est une ville emblématique
de la Région sur tous les efforts qui ont été consentis dans la
prise en compte des enjeux de transition, et avec une approche
systémique intéressante de participation des citoyens. C'est, selon
moi, l'une des conditions pour porter des projets à l'échelle
locale. Nous aurons également l'intervention de Jérôme Verguin,
paysagiste concepteur, directeur du développement France Idverde et
d'Hortense Serret, docteure spécialiste de la biodiversité.
Développer la nature en ville fait partie des leviers d'intervention
des collectivités. Je pense par exemple à l'aménagement de forêts urbaines, à la végétalisation des cours d'école, à la création
d'îlots de fraîcheur... En fait, l'ensemble de ces leviers entrent
dans une recherche de sobriété énergétique.
Justement, à l'heure où la facture s'alourdit pour les collectivités, comment réussir à continuer d'investir en faveur des transitions environnementales ?
Le contexte de recherche de sobriété
s'impose à tous. Il faut redonner du sens à l'action publique. Mais
il est certain que l'argent que l'on dépense sur les fluides, on ne
l'épargne pas pour des investissements... Si je prends l'exemple de
la collectivité dont je suis le DGS, Neuville-en-Ferrain, nous
réduisons depuis 2014 déjà, le nombre de kilowatt-heure consommés,
avec des efforts en matière d'éclairage public ou de chauffage des
bâtiments.
Pour autant, les prix du gaz ou de
l'électricité ont flambé... On consomme moins mais on paie plus
cher ! Prenons l'exemple du gaz : en 2021, nous avions consommé 2
468 000 kWh pour 148 000€. En 2022, on est à 1 870 800 kWh pour...
412 000€. C'est pareil pour l'électricité : 1 611 000 kWh pour
270 000€ en 2021 et 1 728 000 kWh pour 354 000€. On a tablé sur
le même type de consommations pour 2023 alors évidemment, se pose
pour les élus la question d'une autonomie énergétique, mais ce
sont des investissements conséquents qu'il est difficile aujourd'hui
de mettre en place.
Bénéficiez-vous de coups de pouce de l'Etat ?
C'est l'un des sujets que nous allons
également aborder avec Eric Vidalenc, directeur régional adjoint de
l'Ademe et Nathalie Motsch, directrice affaires publiques d'Arkea,
qui viendront nous parler des soutiens possibles en matière
d'investissements. Nous pouvons déjà bénéficier des Fonds verts
de l'Etat qui viennent soutenir les opérations à vocation de
réduction de consommations énergétiques.
Pour préserver les capacités d'investissement, il faut prendre des mesures, que nous partageons avec les administrés mais aussi avec les associations. En somme, il faut favoriser l'intelligence collective. La responsabilité sociale doit guider nos organisations pour être dans des logiques plus vertueuses.