Entretien avec Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole
«Il est grand temps de travailler sur nos convergences»
«Mettons-nous au tempo»... Alors que les chefs d'entreprise ont connu deux années très mouvementées, remplies d'incertitudes, ne serait-il pas l'heure de se mettre au diapason vers davantage de cohérence ? C'est en tout cas le message que cette 9e édition de l'Université des entrepreneurs Hauts-de-France a envie de faire passer, le 7 juillet prochain à Entreprises et Cités.
La Gazette Nord-Pas de Calais : Le 7 juillet, à l'image d'un orchestre, les dirigeant(e)s vont avancer ensemble ?
Yann Orpin : Depuis deux ans, nous avons dû faire face à beaucoup de changements dans notre société, au niveau économique comme politique. On souhaite, à travers cette 9e édition, travailler sur les conséquences de ce tempo rapide. Les citoyens et les salariés perdent leurs repères et ont besoin de trouver des leaders. Et le chef d'entreprise est aussi un chef d'orchestre. C'est ce que viendra nous expliquer Lucie Leguay, cheffe d'orchestre à l'ONL – l'une des rares femmes en Europe – dès l'ouverture : dans un orchestre, il faut apporter un équilibre et une harmonie pour que la musique soit belle. C'est un peu le même cas en entreprise : le dirigeant doit être accompagné pour entendre les dissonances et agir.
Mais n'est-ce pas compliqué dans un
contexte économique difficile ?
Il est clair qu'il y a une défiance générale. Dès lors, comment reconstruire des fondations nouvelles et redonner confiance, qu'il s'agisse de l'entreprise comme de la politique ? C'est très facile de travailler sur les divergences mais arrêtons de le faire pour travailler sur nos convergences. Il y a une question sur laquelle nous sommes tous d'accord, c'est celle du climat. Dépassons nos clivages pour aller vers un dénominateur commun. On ne peut plus faire l'économie de débats inutiles et d'ego.
Pour vous, cela passe déjà par une
cohésion territoriale.
Ce sera l'objet de la première keynote : «Les territoires sous nos yeux. Nouveau tempo». Comment faire pour que les gens aient confiance en la capacité du territoire à mobiliser tous les acteurs économiques, politiques et institutionnels qui veulent aller dans le même sens ? La réponse à cette recherche de leader, c'est le leadership territorial car il me semble dangereux que l'incarnation d'un leadership ne se fasse qu'à travers une seule personne.
Nous
devons tirer notre épingle du jeu de notre territoire, sur
lequel nous avons déjà la chance de pouvoir échanger avec toutes
les politiques territoriales et de coconstruire ensemble certains
projets. C'est une vraie chance. On demande à l'entreprise de
s'engager encore plus sur le territoire, mais elle ne peut pas le
faire seule. Si le territoire montre que les mondes politique,
économique et institutionnel travaillent ensemble, ce sera plus
facile pour le chef d'entreprise de trouver le sens et le cap à
prendre.
Dans quel état d'esprit sont les
chef(fe)s d'entreprise ? On parle beaucoup de difficultés de
recrutements, mais aussi de hausse du prix des matières premières.
Ce qui les inquiète aussi, c'est la façon dont le pays sera gouverné. Emmanuel Macron avait annoncé des réformes qui allaient structurellement modifier nos entreprises, notamment sur le partage de la valeur. Mais comment les adapter à toute typologie d'entreprise et ne pas contraindre les petites entreprises, déjà fortement soumises aux changements ? Nous recherchons une stabilité législative. Le plus important pour un entrepreneur, c'est la confiance. Si on lui met trop de contraintes, il peut être découragé.
Le Covid a-t-il mis un coup de boost
à la création d'entreprise ?
Beaucoup de collaborateurs ont créé leur propre activité en tant qu'auto-entrepreneurs, mais rappelons qu'il s'agit d'un régime fiscal et non d'une création d'entreprise. Par contre, le nombre d'entreprises a baissé de 4% en dix ans. C'est un sujet de vigilance : comment accompagner les entrepreneurs à créer des entreprises génératrices d'emploi ? Il y a moins de créations car les obligations administratives changent sans cesse. Au plus on avance dans la création, au plus on découvre de nouvelles règles et contraintes. Au Medef Grand Lille, nous allons d'ailleurs travailler avec des entreprises pour les accompagner dans le rebond (notamment avec l'association "60 000 rebonds"), pour valoriser la création d'entreprise sans pour autant remettre en cause les auto-entrepreneurs.
La 9ème Université des entrepreneurs Hauts-de-France : le programme
De 8h à 9h : petit-déj Dating et
Business Quick Meeting®
9h15 : ouverture «Mettons-nous au tempo» avec Yann Orpin, président Medef Lille Métropole, et Lucie Leguay, cheffe d'orchestre à l'ONL.
9h30 : keynote «Les territoires sous nos yeux. Nouveau tempo» avec Jean-Laurent Cassely, journaliste, essayiste, coauteur de La France sous nos yeux avec Jérôme Fourquet.
10h10 : controverse 1 «Les conditions d'une nouvelle cote d'amour du politique chez les entrepreneurs».
10h20 : plénière 1 «La géo-économie des Hauts-de-France» avec Jessie Lerousseau, docteur en économie, et Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France.
11h : keynote «France 2030 et la place des territoires» avec Bruno Bonnel, secrétaire général pour l'investissement France 2030.
11h30 : controverse 2 «Dialogue social : réinventons nos échanges».
11h40 : plénière 2 «Question de confiance à toutes les échelles» avec Pierre Gattaz, président Radiall, président BusinessEurope, président de la fondation "Y croire et agir" ; Olivier de la Chevasnerie, dirigeant de Sygmatel, ancien président Réseau Entreprendre, et Lucie Leguay.
12h20 : controverse 3 «L'industrie des Hauts-de-France en 2050 : que produira-t-on ?».
12h30
: controverse 4 «L'emploi : 544 000 demandeurs d'emplois dans les
Hauts-de-France versus 585 000 offres d'emplois en 2021 : cherchez
l'erreur».
Inscriptions juste ici.