II - Heurs et malheurs des échanges transfrontaliers…

Parmi 80 entreprises au salon "Made in Hainaut» de la CA Porte du Hainaut, la SA publique belge Awex-Wallonia présentait son dispositif aidant les entrepreneurs à s'installer chez l'autre de l'autre côté de la frontière. Avec des résultats divers, tant les pesanteurs administratives françaises et les a priori persistent.

Alain Bocquet (à gauche) président de la CAPH et Frédéric Motte président du CESR – NPDC, ont rencontré plus de 80 entrepreneurs  à Wallers-Arenberg.
Alain Bocquet (à gauche) président de la CAPH et Frédéric Motte président du CESR – NPDC, ont rencontré plus de 80 entrepreneurs à Wallers-Arenberg.

Le barrage linguistique sous-estimé. Sachons que la Wallonie est également courtisée par les Flamands qui testent leurs capacités à délocaliser avant d’attaquer le marché français. Awex (voir l’article paru dans La Gazette n°8582) reste cependant sur sa faim. Beaucoup plus pourrait être fait avec nos entrepreneurs du Nord. Catherine Lheureux, chargée des entreprises chez Awex Mons, est intarissable : «Votre marché nous intéresse au premier chef. Nous accueillons déjà de très grosses sociétés de France, des enseignes archi-connues, elles sont majoritaires mais, dans l’ensemble, toutes tailles confondues, les secteurs d’activité sont variés. La prestation de services, ce sont des grosses PME françaises qui sous-traitent comme chez Caterpillar. Elles ont des parts de marché à forte croissance, c’est très cosmopolite et ça fait à chaque fois 1 000 personnes. Nos sociétés belges sous-traitent beaucoup. Il y a aussi l’environnement avec beaucoup de TPE nordistes qui ont voulu déménager ici dans  un premier temps. Des Flamands sont présents chez nous, ils observent indirectement les Français. Le barrage linguistique est réel mais les grosses boîtes françaises n’en comprennent pas du tout l’importance.»

La lourdeur française. C’est surtout dans le contact préparatoire qu’apparaissent les difficultés. Le président d’Awex, Pierre Libioulle, et Catherine Lheureux ont beaucoup à dire. «La France est lourde, lente et compliquée politiquement. Par exemple pour les travailleurs transfrontaliers handicapés. Belges et Français n’ont pas les mêmes niveaux de compétences et de pouvoir. Awex n’a que trois pas à faire pour atteindre le ministre. Or, un interlocuteur français ignore souvent ce qu’il a au-dessus de lui. Il faudrait arriver chez vous à une vraie régionalisation, sachant que chez nous, tout n’est pas encore  idéal.»

Déception aussi entre le contact et son suivi. «Oui, sourit Pierre Libioulle, on a un bon contact avec un maire… et puis plus rien !» Catherine Lheureux a identifié un type de patron à éviter : «Le Parisien qui vient nous voir, très méprisant et sûr de lui, ce n’est pas un cliché ! De même la fiscalité belge tient une place trop importante dans le désir de s’installer chez nous. Et pourtant… On n’est ni la Pologne ni le paradis ! Il y a des niches fiscales, or, en charges sociales, on n’est pas moins cher, mais notre productivité est meilleure.» Tremplin pour l’Allemagne et la Hollande, la Wallonie attire. L’Oréal est devenu le premier investisseur étranger en Belgique, à Nivelles. A l’inverse, l’accès à la France pose beaucoup de problèmes, dans le BTP par exemple. «Awex, conclut Pierre Libioulle, ne veut pas défiscaliser en priorité. Il veut juste faire travailler et satisfaire l’entrepreneur dans l’export bilatéral.» 

Contact : Pierre Libioulle au 00 32 492 89 01 39 ou à Lille au 03 20 54 31 12.

 

D.R.

Alain Bocquet (à gauche), président de la CAPH, et Frédéric Motte, président du CESR NPDC, ont rencontré plus de 80 entrepreneurs à Wallers-Arenberg.