Heurts et pillages, Marseille reçoit des renforts policiers
Pillages, jets de projectiles contre des véhicules de police, tirs de lacrymogènes: quelques jours après la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle policier, Marseille a connu une nuit très tendue entre vendredi et samedi...
Pillages, jets de projectiles contre des véhicules de police, tirs de lacrymogènes: quelques jours après la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle policier, Marseille a connu une nuit très tendue entre vendredi et samedi, le ministre de l'Intérieur décidant d'envoyer des renforts.
Au total, le bilan est lourd: 95 interpellations, 31 blessés du côté des forces de l'ordre pour la plupart légers, de très nombreux feux de poubelles, trois véhicules incendiés et beaucoup de boutiques pillées, selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.
Des groupes de jeunes, souvent masqués et "très mobiles" ont dévalisé plusieurs enseignes dans le centre, mais aussi dans certains quartiers populaires du nord de la ville. Un important incendie, "lié aux émeutes", selon une source policière, a aussi éclaté dans un supermarché.
Quelques armes de chasse ont également été dérobées dans une armurerie mais sans munition, selon la préfecture de police.
Après une nuit précédente marquée par des heurts, les appels au calme s'étaient pourtant multipliés à Marseille. La préfecture de police avait interdit la manifestation prévue en mémoire de Nahel, 17 ans, tué par le tir d'un policier lors d'un contrôle en début de semaine à Nanterre. Les transports en commun ont été arrêtés en début de soirée.
Dès le début de soirée, des groupes de jeunes se sont rassemblés dans le centre-ville, notamment sur la Canebière, célèbre artère conduisant au Vieux-Port.
"Tout le monde déteste la police", ont-ils lancé en en s'approchant de fourgons des forces de l'ordre garés dans une rue adjacente.
Des projectiles sont tirés sur les fourgons et la police répond par quelques tirs de gaz lacrymogène. Les groupes se dispersent, courent dans de petites rues et le jeu du chat et de la souris se poursuit, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Sur un côté de la rue, un jeune homme silencieux portait une pancarte en carton: "en mémoire de Nahel". "On est en colère pour ce qui s'est passé avec Nahel", ont expliqué deux jeunes filles qui sont venues sans participer aux jets de projectiles.
Plusieurs boutiques ont été pillées, dont celle de l'enseigne de luxe Lancel, selon un photographe de l'AFP. Des jeunes garçons ont été vus en train de courir avec des habits neufs encore sur cintres et l'étiquette soldes visible.
En début de soirée, sur le Vieux-Port, des pêcheurs étaient assis au bord de l'eau et un couple partageait une pizza le regard vers la mer.
Deux jeunes touristes londoniens, Sam et Emily, 19 ans, qui ont préféré taire leur nom de famille, se sont dits "choqués". "Nous venons d'arriver, et il y a la police partout, de la tension, c'est bizarre", ont-ils tout en cherchant un restaurant, la plupart étant fermés dans ce quartier par peur de dégradations.
Actes de vandalisme
Des tirs de lacrymogène et des cris sont alors entendus à nouveau. Dans une rue, de petits tas brûlent, détritus, cartons, trottinettes. Un véhicule des forces d'intervention du Raid passe en trombe vers le Vieux-Port.
Dans les airs l'hélicoptère de surveillance de la gendarmerie survole la ville, relayé par un avion de la police.
Un peu plus tard dans la nuit, les groupes se sont déplacés, certains ont tenté une intrusion au grand centre commercial Les Terrasses du Port puis plus au nord dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte que le président Emmanuel Macron a visité en début de semaine.
Près de la cité des Flamants, un incendie "lié aux émeutes", a touché un supermarché Aldi, selon une source policière. "Il y a un "embrasement généralisé" et les marins-pompiers confirment à l'AFP avoir déployé d'importants moyens pour éteindre les flammes.
"Les scènes de pillages et de violence sont inacceptables. Je condamne avec une totale fermeté ces actes de vandalisme et demande à l'Etat l'envoi immédiat de forces de maintien de l'ordre supplémentaires", a tweeté le maire de gauche Benoît Payan dans la nuit.
A peine plus tard, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé "des renforts importants", une compagnie de CRS et un hélicoptère de survol.
La Pride de Marseille, qui était prévue samedi, a quant à elle été reportée à une date non précisée.
iw-cs-tll-san/pta
33LY3Q6