Règlementation thermique

Hauts-de-France : le secteur du bâtiment attend des précisions sur la réglementation thermique

Repoussée au 1er janvier 2022, l’entrée en vigueur de la réglementation environnementale 2020 suscite encore quelques interrogations chez les professionnels du bâtiment. Si le cadre est défini, certains arbitrages sont encore en cours.

La RE2020 prévoit, notamment, la montée en puissance de la construction bois. © Michael Flippo
La RE2020 prévoit, notamment, la montée en puissance de la construction bois. © Michael Flippo

«La grande nouveauté de cette réglementation réside dans la décarbonation de l’acte de construire. Il y a également des évolutions sur le plan thermique, mais si nous connaissons les grandes lignes de la future réglementation environnementale des bâtiments neufs, certains points sont toujours en cours d’arbitrage», souligne Thierry Collet, secrétaire général de la Fédération française du bâtiment (FFB) Hauts-de-France.

Après les protestations des professionnels du bâtiment qui dénonçaient une nouvelle évolution réglementaire faite à marche forcée, décidée sans concertation et dans des délais d’application irréalistes, l’État a fait le choix, en février dernier, de repousser une nouvelle fois son l’entrée en vigueur. Celle-ci est désormais prévue pour le 1er janvier 2022.

«Nous sommes d’accord sur les objectifs, mais nous avions une réelle interrogation sur le calendrier et besoin de prévoir des clauses de revoyure. Il est important de pouvoir accompagner les professionnels en cette période de transition», insiste Thierry Collet.

Performance et impact environnemental

La RE2020 prévoit notamment la montée en puissance de la construction bois, mais aussi l’évolution des modes de chauffage avec une forte diminution du recours au gaz. «Nous avons mis en place, au niveau régional, un groupe de travail sur le bois dans la construction puisque, s’il s’agit d’un matériau très utilisé, nous manquons de ressources au niveau régional», pointe de son côté François Delhaye, président de la FFB Hauts-de-France qui veut favoriser l’utilisation mixte des matériaux.

«Des études montrent que nous sommes aujourd’hui incapables de faire la bascule dans les délais annoncés du gaz vers un autre mode de chauffage», pointe-t-il en soulignant également l’impact d’une telle décision sur l’emploi.

Par ailleurs, en plus de la performance thermique des bâtiments, la RE2020 introduit aussi la notion de cycle de vie des matériaux, de leur production à leur recyclage. Une approche qui demande une analyse complète des pratiques des fournisseurs de matériaux comme des professionnels du bâtiment.

Anticiper l’évolution réglementaire

De son côté, Emmanuel Engelée, responsable commercial chez Habitat Picard, tient à dédramatiser la situation. «Tout est une affaire de transition et d’anticipation. Chez Habitat Picard, nous avons décidé, dès 2018, de nous intéresser à cette évolution réglementaire. Nous avons, par exemple, adapté des pavillons réalisés sous la RT2012 avec les nouvelles normes. Nous avons aussi travaillé sur la ventilation des bâtiments. Aujourd’hui, toutes nos constructions sont conformes aux nouvelles exigences», détaille-t-il.

Même si depuis 2018 la donne a changé, le travail de veille effectué par Sophie Geraudie, responsable du bureau d’études du constructeur, en lien avec le bureau d’études thermiques ABM énergie conseil, a permis à Habitat Picard de se préparer sereinement aux futures échéances.

«Si nos clients ont été inquiets, ce n’est presque plus le cas aujourd’hui. Le cadre réglementaire va dans le bon sens d’un point de vue énergétique, mais aussi environnemental. Il faut cependant les accompagner dans l’utilisation de leur logement pour que les objectifs affichés puissent effectivement se concrétiser», note Emmanuel Engelée.