Haut la Consigne : un mélange de bon sens écologique et économique

Fondée il y a cinq ans, Haut la Consigne travaille avec les entreprises des Hauts-de-France pour réemployer les bouteilles en verre, les bocaux et autres emballages. Basée à Neuville-en-Ferrain, la jeune entreprise est déjà bien implantée dans le paysage renouvelé de la consigne.

Florence Duriez, cofondatrice de Haut la Consigne. ©Marie Boullenger
Florence Duriez, cofondatrice de Haut la Consigne. ©Marie Boullenger

C’était une habitude avant les années 1960, avant de tomber en désuétude et de totalement disparaître. Mais avec l’éveil des consciences au niveau écologique et une mise en avant plus importante de l’économie circulaire, la consigne des bouteilles en verre a effectuée son retour pour les particuliers et les entreprises. Si les expérimentations s’accélèrent au niveau national pour les particuliers, du côté des entreprises, le virage a été pris un peu plus tôt. Et pour participer à ce nouvel essor, des sociétés sont sorties de terre un peu partout, comme à Neuville-en-Ferrain, où s’est installée Haut la Consigne après sa création, il y a désormais cinq ans.

Créée par Florence Duriez et Catherine Thiébert, l’entreprise a un objectif simple, qui est de «faire en sorte qu’un maximum d’emballages soient réemployés plutôt que jetés après une seule utilisation», en plus d’avoir deux envies importantes : «avoir un impact environnemental positif pour la planète et travailler dans l’économie de demain, c’est-à-dire l’économie circulaire», explique Florence Duriez. Haut la Consigne travaille avec de nombreux brasseurs de la région, et l’emballage le plus réemployé est donc la bouteille en verre, suivi par les bocaux, les bacs, les caisses, et même les écocups pour les évènements publics comme les festivals ou les rencontres sportives (voir encadré).

Une conscience environnementale qui touche tout le monde

Avec trois lignes de lavage, en étant la première ligne automatisée en France - inspectrice optique, capacité de 30 millions d’emballage nettoyés par an -, Haut la Consigne se place comme un acteur d’importance dans ce domaine, mais les fondatrices ont décidé d’aller plus loin que le simple nettoyage des bouteilles en verre. En effet, le point écologique est essentiel dans cette démarche, et cela ne concerne pas uniquement le verre.

La machine peut laver 2 000 bouteilles par heure. ©Marie Boullenger

Nous ne le remarquons pas forcément, mais toutes les bouteilles, tous les bocaux, ont des étiquettes collées. Ces dernières sont souvent peu écologiques de par l’encre, le papier et la colle utilisés. Ainsi, Haut la Consigne «a accompagné les producteurs pour qu’ils adaptent leurs bouteilles, leurs étiquettes, leurs emballages au réemploi. Pour les étiquettes, maintenant, elles sont hydrosolubles», indique Florence Duriez. De quoi faciliter le travail des 20 salariés de la société et d’accélérer le nettoyage des bouteilles. Actuellement, la machine lave 2 000 bouteilles par heure, pour un nettoyage compris entre 15 et 20 minutes. Ce sont 15 000 bouteilles par jour qui passent dans les machines avant de repartir dans leurs brasseries et magasins d’origine.

En 2024, plus d’un million d’emballages ont été lavés. La complexité de ce processus réside dans les différences entre les formats d’emballages, et notamment de bouteilles. «Aujourd’hui, nous traitons entre 30 et 40 formats différents. Il y en a qui tournent plus vite que d’autres. Les plus rapides sont lavées toutes les semaines, donc les bouteilles arrivent et repartent dans la semaine. D’autres vont rester quelques mois, le temps d’être suffisamment nombreuses pour être lavées et ensuite repartir. Par exemple, un brasseur a une bouteille différente et spécifique, car il a voulu se démarquer, alors on a un stockage juste pour lui», ajoute la cofondatrice. Avec autant de formats différents, et un volume de stockage important (environ 130 000 en fin d’année 2024), Haut la Consigne a de quoi voir venir et a de grandes ambitions, dont les principales sont de «faire tourner cette usine à plein. Essaimer aussi, se démultiplier et de pouvoir proposer cette solution un peu partout en France, et toujours au niveau le plus local».

Une présence aux JO de Paris 2024

Les Jeux olympiques de Paris ont fait participer, au-delà des sportifs, les entreprises françaises, et notamment celles des Hauts-de-France. Et Haut la Consigne ne fait pas exception, puisqu'elle était présente à la fois lors des cérémonies d'ouverture olympique et paralympique. «Nous avons accompagné des brasseurs du Nord qui eux même allaient aux JO et on leur a fourni toutes les écocups dont ils avaient besoin pour ces cérémonies. On a donc investi dans des gobelets réemployables». Désormais, l'entreprise propose ses écocups - elle en possède 150 000 environ - dans les grands évènements et festivals de la région.