Grioche devient PLMat
Au milieu d’une artère de la ville d’Aire-sur-la-Lys, l’entreprise Grioche a prospéré pendant des décennies avant la décision de son dernier dirigeant de céder son fonds de commerce (matériaux, outillage, construction) en 2010 à deux jeunes cadres-ingénieurs du pays. Histoire d’une reprise réussie.
Quand Vincent Logez et Ludovic Payen, deux trentenaires et ex-copains de lycée, se retrouvent après leurs études respectives chez Arc international, ils sont devenus tous deux ingénieurs. “Je m’occupais de la partie technique et lui était aux achats. On a travaillé ensemble sur certains dossiers”, raconte Vincent Logez. Les jeunes entrepreneurs ont pensé de suite reprise quand Arc a commencé à se recentrer sur ses métiers propres et à se séparer d’activités périphériques comme les ateliers, les magasins, l’entretien, les espaces verts et le bâtiment. En 2010, cette dernière activité est mise en vente par Arc. Trois candidats postulent à la reprise : “deux gros du métier et nous”, sourit Ludovic Payen. Les personnels de l’activité bâtiment d’Arc font quant à eux l’objet du plan social du groupe verrier qui n’a pas le temps de vendre cette unité, vidée de ses ressources humaines et savoir-faire. Cela ne déboussole pas pour autant les deux trentenaires. “On s’est mis à chercher ailleurs, à regarder les entreprises qui étaient à vendre.”Leur choix se porte rapidement sur une société historique d’Airesur- la-Lys, Grioche. Quasi centenaire, la société est alors dirigée par la troisième génération familiale. D’abord scierie, puis grossiste en matériaux de construction et occasionnellement constructeur, la société occupe 7 500 m² en centre-ville d’Airesur- la-Lys. Quatre ateliers-hangars de stockage abritent matériaux et atelier de menuiserie.
Neuf salariés, deux associés et six jobs… Dans le vaste espace sous les voûtes de l’ancienne scierie, une odeur… “Il y a toujours eu du bois ici. On y tient aussi”, explique Vincent Logez. “L’ancien propriétaire est un personnage. On a eu un bon feeling avec lui. Les précédents candidats ne lui ont pas plu, il n’a pas vendu. Ce n’est pas une question d’argent. Sur le site, il y a toujours la maison dans laquelle il a grandi”, raconte Ludovic Payen. Rebaptisée PLMat, l’entreprise est reprise en 2010 et compte trois salariés : une administrative, un menuisier et un préparateur- livreur de commandes. Les deux cogérants font les commerciaux. Grioche affichait 700 000 euros de chiffre d’affaires en 2009 et les deux repreneurs lui font franchir la barre du million en 2011. Cependant, l’entreprise ne peut pas encore supporter leurs futurs salaires. Mais “on est sur trois activités chacun”, expliquent les deux hommes. En effet, outre la direction de PLMat, les deux associés pilotent également depuis fin 2011 une seconde société – Opus –, spécialisée dans le bâtiment et qui emploie six salariés. Par ailleurs, Vincent Logez travaille toujours à Arc international et Ludovic Payen oeuvre chez Fimatec dans le bureau d’études. Un agenda chargé qui n’encourage pas vraiment au dilettantisme : “On délègue beaucoup chez PLMat. Les gens qui y travaillent ont 20 à 30 ans de boîte. Ils savent très bien la faire fonctionner. Nous assurons une présence régulière et nous prenons les grandes décisions. Pour le reste, ils n’ont pas besoin de nous”, argumente Vincent Logez.
Réduire les références et promouvoir le bois. Un an de travail et de préparation aura été nécessaire pour aller au bout de la reprise de Grioche. Aujourd’hui, les deux associés surveillent de près le développement de marchés de niche, notamment dans l’écoconstruction. “On a trois chantiers de réalisation de maisons en ossature bois. Opus bâtit et se fournit chez PLMat”, expliquent-ils. Garder et développer l’activité bois, réaliser un showroom autour du bois pour assurer sa promotion, réduire le nombre de références pour se spécialiser dans certaines : trois ambitions qui doivent faire face à une féroce concurrence entre grossistes de matériaux.