Grand Est : derrière les «bons» chiffres

La dynamique entrepreneuriale semble toujours présente dans le Grand Est, comme ici à l’occasion de la dernière édition du Salon Go, mais certains indicateurs laissent planer plusieurs interrogations.
La dynamique entrepreneuriale semble toujours présente dans le Grand Est, comme ici à l’occasion de la dernière édition du Salon Go, mais certains indicateurs laissent planer plusieurs interrogations.

La dynamique entrepreneuriale semble toujours présente dans le Grand Est, comme ici à l’occasion de la dernière édition du Salon Go, mais certains indicateurs laissent planer plusieurs interrogations.

Décrochage et baisse des micro-entrepreneurs dans le Grand Est, signe d’une perte de vitesse flagrante de ce statut, mais également (et c’est beaucoup plus inquiétant) baisse des créations d’entreprises dites classiques. Un état de fait à prendre en considération et qui peut légitimement interroger sur la réelle dynamique entrepreneuriale dans la région même si celle-ci affiche une hausse annuelle de plus de 5 % des créations d’entreprises. C’est du moins ce qui ressort à la lecture du dernier baromètre de l’artisanat publié par l’Institut supérieur des métiers. Décryptage avec Catherine Elie, directrice des études et du développement économique de cet institut.
Mutation du tissu entrepreneurial en France et plus particulièrement dans le Grand Est ! Le dernier baromètre de l’artisanat de l’Institut supérieur des métiers révèle des indicateurs plus ou moins inquiétants quant à la réelle dynamique entrepreneuriale de la région. «Les micro-entrepreneurs sont en plein décrochage comme au niveau national. Cela peut s’expliquer par un manque d’attractivité du statut depuis les dernières réformes ou tout simplement de la saturation de certains marchés», explique Catherine Elie, directrice des études et du développement économique de l’Institut supérieur des métiers. En 2015, le nombre d’installations en micro-entreprises dans le secteur de l’artisanat a baissé de 52 % par rapport à 2014. Dans le Grand Est, ce décrochage s’additionne «également à une baisse des entreprises dites classiques ce qui peut légitimement interroger sur la dynamique entrepreneuriale de la région.»Les derniers chiffres de l’Agence France Entrepreneur, en date de novembre 2016, corroborent cette évolution à suivre de près dans les mois à venir.
Changement de modèle
Dans le Grand Est si l’évolution annuelle affiche un + 5,5 %, seuls les départements d’Alsace et de Champagne-Ardenne affichent une hausse. En Lorraine, seules les Vosges font de même avec un + 2,2 % tandis que la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et la Meuse affichent une baisse plus ou moins prononcée respectivement de – 2,2 %,- 0,1 % et – 4 %. Si la part des micro-entrepreneurs semblent s’autoréguler (il est bien fini le temps où une entreprise sur deux dans l’Hexagone était créer sous ce statut), les créations d’entreprises dites classiques sont loin d’être réellement créatrices d’emplois. «89 % des entreprises aujourd’hui se créent sans salarié. C’est une donne de plus en plus avérée.» Aujourd’hui dans le Grand Est, un entrepreneur sur trois est un artisan et la part des entreprises créées et employant des salariés est passée de 25 % en 2005 à 11 % en 2015. L’Entrepreneuriat apparaît devenir une véritable variable d’ajustement en matière de création d’emplois et de chômage. Ce qui est loin d’être rassurant mais surtout cette donne semble confirmer un changement radical de modèle économique et social.

emmanuel.varrier