Giorgia Meloni se résigne à un budget de rigueur loin des promesses électorales
Un budget 2024 sobre, sérieux et sans excès: la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni compte serrer la vis afin de donner des gages sur la rigueur des comptes à Bruxelles, quitte...
Un budget 2024 sobre, sérieux et sans excès: la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni compte serrer la vis afin de donner des gages sur la rigueur des comptes à Bruxelles, quitte à renoncer, au moins temporairement, aux promesses électorales.
De l'aveu même du gouvernement, les marges de manoeuvre budgétaires sont extrêmement serrées, faute de rentrées fiscales dans un contexte de ralentissement économique. Conséquence, les prévisions de déficits publics risquent d'être revues à la hausse.
"Les gaspillages doivent être réduits, les quelques ressources dont nous disposons doivent être dépensées de la meilleure façon possible": voilà le mantra de Giorgia Meloni, loin des discours populistes précédant sa prise de fonctions en octobre 2022.
Pour remplir les caisses de l'Etat, la coalition de droite et d'extrême droite a raboté le "revenu de citoyenneté" destiné aux plus pauvres, instauré une taxe sur les superprofits des banques et lancé l'idée de nouvelles privatisations.
La chute surprise du PIB de 0,4% au deuxième trimestre, la mauvaise passe que traverse l'Allemagne, son principal partenaire commercial, et le retard pris par son plan de relance financé par des fonds européens pèsent lourdement sur les comptes de l'Italie.
La promesse d'étendre aux salariés l'impôt forfaitaire de 15% accordé aux auto-entrepreneurs et artisans disposant de revenus annuels jusqu'à 85.000 euros a été renvoyée aux calendes grecques, tout comme l'enterrement définitif de la loi Fornero de 2011 fixant l'âge de départ à la retraite à 67 ans.
Un dispositif temporaire permet actuellement aux Italiens de partir à la retraite à 62 ans avec 41 années de cotisations.
Risque de dérapage des déficits
Le gouvernement, qui doit envoyer sa copie à Bruxelles d'ici la mi-octobre, devrait cependant reconduire la baisse de la charge fiscale pesant sur les revenus modestes, pour un coût d'environ 10 milliards d'euros, et instaurer des mesures de soutien pour les familles nombreuses.
L'horizon que s'est fixé le gouvernement pour réaliser ses promesses électorales est la durée de la législature de cinq ans, soit jusqu'en 2027. Le vice-Premier ministre Matteo Salvini espère même que la coalition "durera au moins dix ans, afin de faire tout ce qui doit être fait".
"A ce jour, le gouvernement Meloni semble très stable. En l'absence d'une opposition unie et solide, le gouvernement pourrait aller jusqu'à la fin de la législature", a commenté auprès de l'AFP Valerio De Molli, PDG du cercle de réflexion The European House - Ambrosetti.
L'Italie pourra difficilement éviter de relever son objectif de déficit public pour 2023, actuellement fixé à 4,5% du PIB après 8% en 2022. Pour 2024, avec le curseur arrêté à 3,7% du PIB, l'objectif devrait également s'avérer illusoire.
Un dispositif d'incitations fiscales très généreux, baptisé "superbonus" et censé rendre les logements moins énergivores, risque de plomber à nouveau les comptes, comme déjà ces trois dernières années.
- Tensions avec Bruxelles -
Le coût de ce mécanisme, hérité de l'ancien gouvernement de Giuseppe Conte qui l'a créé en 2020 pour relancer l'économie, "dépassera les 100 milliards d'euros", a déploré jeudi Mme Meloni.
Une somme trop importante pour un pays dont la dette publique atteint plus de 144% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Rome misait sur la prolongation de la suspension du Pacte de stabilité en 2024 si aucun accord sur sa réforme n'était trouvé d'ici la fin de l'année, mais le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, a douché ces espoirs samedi, en excluant ce scénario.
Le Pacte de stabilité, qui limite le déficit des administrations publiques des États membres de la zone euro à 3% du PIB et la dette publique à 60% du PIB, a été suspendu en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
"Un retour aux anciennes règles serait dramatique", a prévenu jeudi Giorgia Meloni. Et de souhaiter que M. Gentiloni, un Italien, défende davantage les intérêts nationaux.
Un avis partagé par Matteo Salvini: "ces derniers temps j'ai eu l'impression d'avoir un commissaire européen qui jouait avec le maillot d'une autre équipe nationale", a commenté mercredi le chef de la Ligue (extrême droite).
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