Sur son site de Béthune

Gazonor revalorise le gaz de mine jusqu’ici inexploité

La région Hauts-de-France regorge de ressources, le bassin minier en est un fervent exemple. Avec plus de 110 000 km de galeries, le territoire compte près de 9 milliards de mètres cube de gaz de mine inexploité. La société Gazonor a décidé de les revaloriser.

Le site de valorisation du gaz de mines de Gazonor à Béthune. © Gazonor/J.Glasson
Le site de valorisation du gaz de mines de Gazonor à Béthune. © Gazonor/J.Glasson

Revaloriser l’Grisou ! Il fallait y penser. «C’est un projet pensé depuis 2016, lors du rachat de la société Gazonor, raconte le directeur de projets chez la Française de l’Energie, Yann Fouant. Nous imaginions réemployer le gaz de mine qui est inutilisé et qui s’échappe dans l’air, dans les canalisations pour servir de chauffage, d’électricité ou de gaz». Aujourd’hui, le rêve est devenu réalité. Depuis janvier 2021, la ville de Béthune possède du gaz de mine dans ses canalisations. Déjà présents historiquement, ses tuyaux permettent aujourd’hui de distribuer du chauffage et du gaz via le distributeur Dalkia, et l’électricité par le biais d’Enedis. Il a simplement fallu une extension de quelques 3,7 km de tuyau pour atteindre la chaufferie de Dalkia. «C’était un coup de chance pour eux», relève le directeur de projets.

110 000 km de galeries

Reste à savoir vers qui partent ces fluides. Si matière à traiter il y a, avec près de 110 000 km de galeries et 9 milliards de mètres cube de gaz de mine dans le bassin minier, encore faut-il qu’il y ait de la demande… Et sur ce point Gazonor est plutôt confiante, car, ce gaz vert local intéresse beaucoup. En cette période de crise énergétique et des matières premières, l’entreprise propose un projet inédit en France. «Avec la guerre en Ukraine, nous avons dû nous adapter face à la réduction de l’importation du gaz russe en France. Avec le gaz de mine, nous sommes complètement indépendants, nous sommes décorrélés des cours du marché mondial du gaz» assure Yann Fouant. Alors la société nordiste de 22 salariés reçoit beaucoup de sollicitations.

Au-delà de couper un lien de dépendance avec le monde entier, cela permettrait de faire des économies considérables sur le transport, le process… Yann Fouant le chiffre : «Pour le chauffage uniquement, avant crise, nous aurions fait 30% d’économie par an avec le gaz de mine. Actuellement, il s’agirait de 120%.» La commune de Béthune profite d’une énergie, unique et durable. Les clients Béthunois qui en bénéficient aujourd’hui sont des industriels, des bâtiments publics, des bailleurs sociaux… et à l’avenir, des habitants. «La prochaine étape sera le raccordement des quartiers, nous y travaillons», indique le directeur.

Un effet boule de neige

Six autres communes ont déjà été connectées à la ville et un projet d’extension est à l'étude. «Aussi, nous avons un projet de réseau de chaleur sur la commune d’Avion.» Déjà une dizaine de communes seraient partantes pour un tel projet. D'autant que l'investissement pour elles, seraient nul, la construction des extensions (plusieurs dizaines de millions d’euros serait à charge des sociétés exploitantes. Ainsi, le coût est pris en charge et la collectivité devrait verser un prix fixé avec les entreprises. «Béthune bénéficie d’un tarif fixe sur 22 ans» illustre le directeur de projets. Le gaz de mine promet un vrai effet boule de neige sur le marché !