Distinction
Gaëtan Toigo, ébéniste couronné maître artisan d’art
Ce professionnel vient de recevoir les titres de maître artisan et maître artisan d’art dans les catégories ébénisterie, sculpture et tournage de la part de la chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France. Une belle reconnaissance gage de son savoir faire et qui sera une très belle carte de visite.

«C’est
une fierté pour moi, confie
Gaëtan Toigo. D’autant
que je tends à pouvoir intervenir sur du mobilier du patrimoine. Ca
fait une belle plu-value. C’est une reconnaissance rassurante. Ca
va me faire gagner du temps et nourrir un climat de confiance avec de
futurs clients».
Installé à Beauvais depuis janvier 2021, le jeune homme de 34 ans savoure sa joie en nous montrant ses deux titres de maître artisan et maître artisan d’art dans les catégories ébénisterie, sculpture et tournage de la part de la chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France. «Il y a avait beaucoup de monde ce jour là. Cela fait vraiment plaisir», sourit-il.
La révélation
Originaire
d’Argenteuil, Gaëtan Toigo passe des tests en troisième devant
une conseillère d’orientation lui permettant de découvrir des
métiers qui pourraient lui plaire. «Il y avait œnologue,
barman, apiculteur et ébéniste, raconte-t-il. J’ai
toujours eu un feeling pour le bois. J’ai commencé par faire un
stage de deux semaines chez un restaurateur. J’ai vu arriver un
meuble d’appui de style Napoléon III avec marqueterie dans un état
lamentable. Il s’en est occupé dans un atelier fermé. Au bout de
deux semaines, je l’ai revu prêt à livrer c’était la
révélation. Je voulais redonner vie à des objets du patrimoine car
c’est l’histoire de notre pays».
Depuis, Gaëtan Toigo voue une véritable admiration au style Napoléon III. «Ce sont des meubles très chargés, délicats et luxueux à la fois. J’aime les défis», souligne-t-il. Après ce stage, il a passé un CAP en ébénisterie en région parisienne, avant d’opter pour un brevet des métiers d’art puis de poursuivre par un CAP arts du bois en Bourgogne en trois ans en sculpture sur bois, tournage sur bois et marqueterie. Il est devenu salarié dans de belles entreprises en région parisienne tout en étant à son compte le soir et les week-ends. «J’ai toujours travaillé pour du haut de gamme, pour une clientèle exigence qui m’a poussé vers l’excellence. Le moindre petit détail, comme une vis de travers, ne passe pas», illustre-t-il.
Beauvais : une opportunité de visibilité
Venu
vivre en famille à Chaumont-en-Vexin, Gaëtan Toigoa décide de
créer son entreprise à Beauvais, qui lui paraissait dynamique. «Il
me fallait le plus de visibilité possible, raconte celui qui est
aussi élu associé depuis un an à l’antenne de Beauvais de la
chambre des métiers et de l’artisanat. La première chose que
j’ai faite, c’est de chercher des professionnels avec qui nouer
des partenariats comme des menuisiers, des tapissiers, des
ferronniers. À l’époque, il ne restait qu’un ébéniste sur
Beauvais. Il partait à la retraite. Il m’a donné beaucoup de
bois». Grâce à ce dons et à d’autres, il a pu constituer un
stock important. Il s’approvisionne aussi auprès de négociants
locaux comme la Scierie Jérôme à La Neuville en Hez, le bois y
sèche à l’air libre ou à l’étuvée.
Plus tard, les tristes inondations de juin 2021 lui servent de tremplin. «À la suite, il y a eu malheureusement beaucoup de meubles à restaurer, souligne t-il. Très vite, mes 50 m² sont devenus trop petits. J’ai eu la chance de pouvoir louer cet ancien atelier d’artiste de 150 m² très lumineux au 14 bis rue du réservoir. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai noué des partenariats solides». Ses clients sont en très grande majorité des professionnels (antiquaires, communes…). Suivent ensuite les particuliers. L’une de ses plus belles commandes est une commode d’époque Louis XIV en poirier noirci avec marqueterie en laiton et bronzes, dont il a rénové les façades et le plateau. Il y a aussi cette petite horloge de style Empire bien abimée après un dégâts des eaux. «La famille y tenait beaucoup. J’y ai passé beaucoup de temps car il a fallu la démonter pièce par pièce. Quand le client est revenu, il s’est mis à pleurer», se rappelle encore ému Gaëtan Toigo.
De belles réalisations
Il
vient d’achever son travail sur une superbe commode estampillée
XVIIIème siècle. Il est intervenu sur la structure qui présentait
des fissures, a remplacé des plaquages manquants avant de poser un
vernis au tampon. Il a aussi terminé la réfection d’une partie de
la ceinture arrière d’un fauteuil XVIIIème siècle en hêtre. «À
force de taper des clous, le bois était très abimé, précise
t-il. J’ai remplacé la partie la plus abimée. Il va pouvoir
repartir chez le tapissier». La rénovation de l’autel de la
Vierge de l’église de Chaumont-en-Vexin est aussi assumée.
Dans quelques semaines, il va s’atteler à un très beau projet, il vient de remporter en partenariat avec un tapissier un appel d’offres pour restaurer du mobilier (banquettes, chaises et fauteuils) de la salle des mariages de la ville de Beauvais. S’il arrive à développer suffisant son activité, il prendra un apprenti pour, à son tour, transmettre sa passion.