Fréquences télé: BFMTV promet la stabilité, Kretinsky veut s'appuyer sur son empire médiatique
BFMTV, entre rachat et accusations de "manipulation médiatique", a répété ses engagements d'"indépendance" et de stabilité devant l'Arcom, pour garder sa place sur la TNT, quand Daniel Kretinsky espère s'en faire une avec...
BFMTV, entre rachat et accusations de "manipulation médiatique", a répété ses engagements d'"indépendance" et de stabilité devant l'Arcom, pour garder sa place sur la TNT, quand Daniel Kretinsky espère s'en faire une avec le projet de "restaurer" le débat public.
Le directeur général de BFMTV Marc-Olivier Fogiel s'est présenté mardi comme "le bouclier (des) pressions quotidiennes de l'ensemble du personnel politique pour laisser la rédaction travailler".
Il est au centre d'une polémique depuis une semaine et est soupçonné de connivence en faveur de l'ancien président Nicolas Sarkozy par le site d'investigation Mediapart, qui a publié deux articles sur le traitement par la chaîne de l'affaire des financements libyens de la campagne présidentielle en 2007.
"Nous sommes farouchement indépendants (...) Aucun de ceux ici à mes côtés ne m'a jamais demandé quelles questions j'allais poser, nous jouissons d'une liberté totale", a pour sa part assuré Apolline de Malherbe, journaliste phare de BFMTV, en désignant les dirigeants de la chaîne.
Les représentants de BFMTV n'ont toutefois pas apporté d'autres garanties que leurs déclarations de "bonne foi", leur comité d'éthique réuni tous les mois et le renouvellement prochain et régulier d'une charte déontologique, a fait remarquer l'un des conseillers de l'Arcom.
"Notre mission n'est pas de juger ou de commenter, notre mission, c'est de raconter, expliquer et, surtout, veiller à la véracité des faits", a insisté Marc-Olivier Fogiel, contrastant avec sa rivale CNews, qui s'est présentée lundi comme une antenne "de débat", expliquant par là les "quelques dérapages" pour lesquels elle a été sanctionnée.
Pour la première fois, en mai puis juin, BFMTV, récemment rachetée par l'armateur CMA CGM, s'est vu ravir la place de leader des chaînes d'information en continu (en parts de marché) par CNews, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
Restaurer le débat public
Avec un projet baptisé "RéelsTV", le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui construit un empire en Europe dans l'énergie, la distribution et les médias, compte se lancer à l'assaut du petit écran français.
Sa société CMI France détient notamment les titres de presse Elle, Télé 7 Jours, Franc-Tireur, Ici Paris, France Dimanche, Marianne, en cours de cession, ainsi que le numéro deux français de l'édition, Editis.
"J'observe avec beaucoup de frustration la détérioration, voire destruction, du débat public", a déclaré Daniel Kretinsky dans une vidéo diffusée pendant l'audition, souhaitant avec sa chaîne "faire le maximum pour restaurer le concept original du débat public".
"RéelsTV", dont l'homme d'affaire sera l'actionnaire, s'appuie sur 50% de documentaires principalement français et européens, 25% de débats, notamment dans une émission quotidienne d'actualité de 19H00 à 21H00, et 25% de divertissement dans des émissions culturelles chaque soir, a présenté Denis Olivennes, président de CMI France et d'Editis.
Verdict fin juillet
A ses côtés, le philosophe Raphaël Enthoven, plume de Franc-Tireur, la rédactrice en chef du magazine Elle, Ava Djamshidi, ou encore Giuseppe de Martino, cofondateur du média vidéo en ligne Loopsider, ont défendu ce projet.
Denis Olivennes projette de s'appuyer sur le "savoir-faire" des médias de CMI France pour alimenter ses émissions en intervenants et productions: "On aura une maison de production (...) mais il est probable que les sujets de la deuxième partie de l'émission (de) débat, sans doute autour d'un ou deux thèmes d'actualité, seront fournis, sous l'autorité de la direction de la rédaction, par Loopsider".
Ouest-France candidate elle aussi avec "OF TV", chaîne "nationale généraliste, la première installée ailleurs qu'à Paris", depuis Rennes, explique François-Xavier Lefranc, président du directoire du groupe, constatant "l'absence trop souvent remarquée des territoires sur les chaînes de TNT".
Talk show, documentaires, divertissements, information... "OF TV représente 58 créations de postes", ambitionne le directeur général du premier quotidien payant français, Fabrice Bazard, qui assure avoir déjà démarché "des talents de la télévision (et) issus des réseaux sociaux".
Le régulateur de l'audiovisuel se rapproche de la fin mercredi de l'examen des 24 candidatures pour le renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Les chaînes retenues seront connues fin juillet.
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