Frédéric Gwozdz de Atelier Béton

Frédéric Gwozdz, designer, concepteur de produits, au milieu de ses créations.
Frédéric Gwozdz, designer, concepteur de produits, au milieu de ses créations.

Designer, concepteur de produits, Fréderic Gwozdz a choisi le béton pour en faire des objets du quotidien. Manuel depuis son plus jeune âge, notamment grâce à un héritage affectif familial toujours très présent, il joue avec la matière en espérant marcher un jour dans les pas de son mentor Francesco Passaniti, le père du béton domestique. 

 À bientôt 44 ans, Frédéric Gwozdz rêve toujours de graver son nom dans le béton. Il a pourtant choisi le calme et la discrétion d’une impasse dans une zone industrielle de Maxéville. Voilà un peu plus de deux ans, il y a installé son atelier et son showroom.  Séduit par un local laissé dans son jus par les anciens propriétaires, il a dû tout refaire du sol au plafond avant de pouvoir y travailler. Quelques plaques de placoplâtre plus loin, il a enfin pu poser ses machines, sa table à dessin, son ordinateur dernier cri, sans oublier les deux portraits qui lui tiennent à cœur : ceux de son père et de son grand-père. Deux hommes, aujourd’hui disparus, qui ont tenu une grande place dans sa vie. Frédéric leur doit tout…  ou presque. Son grand-père, ferronnier d’art, a notamment travaillé sur les grilles de la place Stanislas. «J’ai des souvenirs très précis de lui. Il m’a appris la précision, l’importance du détail» se souvient Frédéric. Son père, qui a choisi une tout autre voie puisqu’il a été pendant des années boucher charcutier à Vandœuvre, passe tout son temps libre à bricoler, avec son fils. «Je ne pouvais pas ne pas leur rendre hommage. J’ai choisi les plus belles photos que j’avais d’eux pour en faire des tableaux» précise Frédéric. Des portraits en béton bien évidemment qui veillent sur lui.

Entre architecture et design

Adolescent, Frédéric n’a pas les mêmes hésitations que la plupart de ses petits camarades. Il sait très vite ce qu’il veut faire. «J’ai choisi une filière où je pourrais laisser parler ma créativité» raconte-t-il. Après un baccalauréat F1, il opte pour une filière courte après avoir été tenté par l’école d’architecture. «Je venais d’un milieu modeste et je ne pensais pas que c’était pour moi» se justifie-t-il. Il intègre Loritz et y prépare un BTS en conception de produits industriels auquel il ajoute un diplôme national de technologie, spécialisé dans la conception et les procédés de fabrication assistés par ordinateur, sorte d’antichambre de la 3D. Après 10 mois sous les drapeaux, il rencontre  Jean-Luc Antoine, architecte et designer à Nancy. Frédéric Gwozdz fait chez lui son stage de fin d’études. «Il m’a donné le goût du design industriel» raconte-t-il. Après plusieurs contrats, il décroche le label de l’Observeur du Design en 2003. Malheureusement, cela ne suffit pas. Le quotidien le rattrape et il doit prendre un deuxième emploi, dans l’immobilier, pour nourrir sa petite famille.

Du bâtiment au béton

Mais le destin qui peut tout remettre en cause, lui rappelle que son rêve était ailleurs. Un divorce, un travail ennuyeux, la crise de la quarantaine aussi, le ramènent à sa planche à dessin. Frédéric Gwozdz décide de revenir au design. Il apprend à travailler le béton, un matériau qu’il aime par-dessus tout. Il fait ses armes chez Francesco Passaniti à Paris. Cet artiste du béton lui apprend les bases. Le reste, il le développe dans son atelier. La matière aujourd’hui n’a plus de secret pour lui. Il en est de même pour les couleurs qu’il travaille avec des pigments naturels. Sous son imagination, le béton prend vie comme pour faire oublier un monde de brut.