Deuxième édition du Borders Forum

François Decoster : «Nous n’avons jamais vécu avec des frontières si fermées»

François Decoster, vice-président de la Région Haut-de-France, a participé à la deuxième édition du Borders Forum, le 21 juin dernier à la Cité internationale universitaire de Paris.

François Decoster, vice-président de la Région Hauts-de-France, et Kimmo Sasi, membre du Conseil de la liberté de circulation du Conseil nordique. © Aletheia Press/L.Brémont
François Decoster, vice-président de la Région Hauts-de-France, et Kimmo Sasi, membre du Conseil de la liberté de circulation du Conseil nordique. © Aletheia Press/L.Brémont

La deuxième édition du Borders Forum s’est tenue les 21 et 22 juin derniers à la Cité internationale universitaire de Paris. Un événement organisé par la Mission opérationnelle transfrontalière (MOT), l’occasion d’échanger sur les enjeux spécifiques aux territoires transfrontaliers auquel a pris part la Région Hauts-de-France.

Des crises variées

«Crises financière, sécuritaire, sanitaire, militaire et démocratique. Elles cumulent les effets néfastes sur les personnes et les territoires, mais elles peuvent aussi nous détourner de ce qui devaient tous nous rassembler par-delà les frontières : la transition écologique, qui doit être au cœur de nos politiques. Pire, ces crises induisent un risque de retour de la frontière dans les politiques et l’opinion publique», introduit Christian Dupessey, président de la MOT, maire d’Annemasse et président du Pôle métropolitain du Genevois français. Lequel plaide pour une nouvelle approche de ces territoires et de la notion de frontière au travers d’expérimentations, et de politiques gouvernementales fortes.

Des perturbations particulièrement ressenties dans les Hauts-de-France : coronavirus, Brexit… «tout ce qu’il pouvait y avoir de pire sur les frontières est arrivé ces dernières années», résume François Decoster, membre de la délégation française du Comité européen des régions, vice-président de la Région Haut-de-France, maire de Saint-Omer. «Nous n’avons jamais vécu avec des frontières si fermées.» De fait, la tentation devient forte pour les gouvernements de reprendre le contrôle des frontières intérieures. Avec de lourdes conséquences...

Avec le Brexit, c’est le retour du passeport, la réorganisation des flux de marchandises… «Une ligne maritime entre Rosslare en Irlande et Dunkerque a été créée par DFDS. Chaque mois, c’est davantage de trafic, plus de ferrys. A partir de juillet, ce sera le transport de touristes. Des choses inimaginables il y a quelques années.» Des phénomènes qui induisent de nouvelles stratégies de voisinage.

La tentation du repli sur soi

François Decoster discerne également un impact sur les représentations mentales : «Nos repères ont été bouleversés (…) avec la Belgique, le Royaume-Uni. Il y a besoin de recréer une politique internationale.» Cette «nécessité» interroge ainsi l’élu sur «la solidité du projet européen» car «la frontière dans l’Union européenne, perçue jusque-là comme une opportunité, est aujourd’hui vécue comme une protection».

Quelles pistes explorer pour éviter les dangers d’un repli sur soi ? Pour le vice-président des Hauts-de-France, «si on a un sentiment d’appartenance structuré, on se projette dans un avenir commun». Pour cela, il lui semble nécessaire de mettre en lumière la fluidité des échanges, les espaces culturels continus, les langues semblables de part et d’autre des frontières… «Tout cela doit être retravaillé, nous sommes en train de perdre tout cela.» Un véritable défi pour les Européens lorsque l’on sait que les territoires transfrontaliers représentent 40% du territoire européen et 150 millions d’habitants (dont 2 millions de travailleurs transfrontaliers).