François Decoster attend une réponse ferme de l'Europe

Le maire de Saint-Omer, conseiller régional, président de la CIVEX (Commission de la citoyenneté, de la gouvernance, des affaires institutionnelles et extérieures du Comité des régions), était en Pologne, à Kolobrzeg, ravissante ville thermale sur les rives de la Baltique, pour présider une commission décisive sur le programme européen en matière de migration.

Filip D’Havé, délégué général du gouvernement de la Flandre et François Decoster, président de la CASO.
Filip D’Havé, délégué général du gouvernement de la Flandre et François Decoster, président de la CASO.
D.R.

Filip D’Havé, délégué général du gouvernement de la Flandre, et François Decoster, président de la CASO.

Il aurait dû s’appeler François De Koster, dit le “sacristain” en flamand. Mais le nom a suivi la migration des peuples et s’est arrondi à la mode française pour devenir Decoster. Sa sacristie, c’est l’antre de l’Europe, le Comité des régions créé en 1993 juste après le traité de Maastricht. Cette assemblée politique de l’Union européenne, qui représente les collectivités locales et régionales des 28 pays qui composent l’Europe, soit 353 membres, vise à rapprocher l’Europe de ses citoyens et à s’associer au processus de décision de l’Union européenne. La consultation du Comité des régions est obligatoire dans une quinzaine de domaines politiques tels que l’éducation, la santé publique ou la cohésion économique, sociale et territoriale. “C’est un moyen de transmettre les messages de la réalité que nous vivons auprès de nos concitoyens à la Commission européenne, au Parlement européen et au Conseil des ministres de l’Union européenne, explique François Decoster. C’est un outil créé par les traités. Nous avons la responsabilité de son développement et de sa dynamisation. L’Europe traverse une crise conventionnelle. On remet en doute la démocratie. Nous avons des réponses à apporter à cette crise.” 24 Français titulaires siègent au Comité des régions, 12 au titre des régions, six pour les communes et six pour les départements.

Absence d’une réelle politique européenne de l’immigrationDevant plus d’une centaine d’élus européens, François Decoster, élu président de la CIVEX en février dernier, a pris position sur la politique européenne en matière de migration, appelant à l’exigence politique et morale dans ce domaine, citant l’urgence humanitaire, la nécessité d’une nouvelle politique européenne, des outils innovants mis à disposition et un accompagnement renforcé des collectivités locales sur un plan financier. “Nous avons besoin de décisions, d’actes et non plus de discours“, a-t-il martelé, décrivant le paysage de violence qui s’est installé à Calais : “Ce sont les collectivités locales qui se retrouvent en première ligne des flux migratoires. Elles doivent pallier l’absence d’une vraie politique européenne en la matière et ponctionner sur les budgets municipaux.” Les Etats membres souhaiteraient le renforcement d’une politique européenne de l’immigration mais refuseraient l’augmentation des budgets européens, ce qui ne fait pas l’unanimité dans les rangs du Comité des régions. L’élu audomarois demande que les collectivités locales aient accès à des financements, tels que le Fonds social européen ou un fonds immigration, pour mieux gérer dans des conditions décentes l’accueil de ces populations et l’instruction des dossiers. “60 millions de personnes sont déplacées aujourd’hui, et l’escalade se poursuit“, a expliqué Marta Ballestero, attachée à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. “La question sécuritaire se pose en Europe. Il faut informer les citoyens, les sensibiliser à cette question afin qu’ils aient des réactions appropriées et responsables. Nous avons une responsabilité juridique et morale vis-à-vis de ces personnes.

L’Europe de proximité. En marge des commissions qui se sont succédé à Kolobrzeg, les échanges entre élus vont bon train et contribuent à construire les politiques locales. Attaché à sa ville de Saint-Omer, le maire entend bien également user des ses “relations européennes” pour nourrir ses aspirations. “Il faut faire la politique de sa géographie” dit-il, fustigeant l’incapacité de la Région Nord-Pas-de-Calais à saisir sa chance européenne. Épaté par la Flandre qui, selon lui, a toujours entretenu la valeur travail, qui sait marier l’Histoire et la modernité, regarder de l’avant et être créative, François Decoster entend bien s’en faire un partenaire de choix. D’où sa stratégie de coopération transfrontalière qu’il met en place avec des partenaires flamands dans le domaine du développement économique et de l’emploi, du tourisme, de la formation et de l’environnement. Au rythme de la valse à trois temps, le néerlandais pourrait bien devenir la première langue de l’Audomarois !

“Une coopération logique”

François Decoster, président de la communauté d’agglomération de Saint-Omer, a accueilli Filip D’Havé, délégué général du gouvernement de la Flandre, pour présenter les axes de coopération transfrontalière entre le Pays de Saint-Omer, la Flandre-Intérieure et la province de Flandre-Occidentale qui englobe les villes de Courtrai, Ypres, Ostende, La Panne.

L’authenticité est extrêmement importante pour moi, explique Filip D’Havé. Il est important de revenir à nos racines historiques, cerner ce qui nous rassemble pour mieux créer.” Le ton était donné lors de cette présentation qui rappelait que la région audomaroise a connu sa période de plus grande prospérité lorsqu’elle entra dans la possession des comtes de Flandre vers le Xe siècle. On y parla le flamand pendant des siècles. La ville est même restée longtemps au sein du réseau économique des Pays-Bas alors qu’elle en était officiellement séparée. Au XIVe siècle, Saint-Omer comptait près de 40 000 habitants. Industrie textile florissante, centre artistique qui rayonnait entre la Flandre, l’Artois et Amiens, la ville faisait des envieux. C’est sur ces bases historiques que les élus audomarois vont tenter de reconstruire leur coopération transfrontalière dans plusieurs domaines, tels que la formation, le tourisme, le sport et l’économie. En région Nord-Pas-de-Calais, un investisseur sur cinq est belge. Au Pays de Saint Omer, elles sont 2 300 entreprises pour 31 106 emplois salariés privés, mais seulement 9 entreprises belges pour 250 emplois. D’ailleurs, “80% des entreprises belges s’intéressent au marché français, a souligné un représentant économique de la Flandre. L’objectif pour l’ensemble des partenaires est de générer des actions concrètes dès 2015 dans ces domaines et de constituer une base de travail pour des programmes européens susceptibles d’être déposés dans le courant de l’année 2016. Des pistes ont été évoquées comme les échanges dans les secteurs industriels, des rencontres avec les pôles emploi transfrontaliers et la création d’un premier séminaire, le développement de l’apprentissage du néerlandais également dans les lycées professionnels, et, parmi les manifestations, le jumelage du golf audomarois avec le golf d’Ypres, ainsi qu’une course cycliste Saint-Omer/Ypres, aller-retour. “Qui pourrait bien devenir mondialement connuea souri Filip D’Havé.