Francis Brayer économe du potager
Singulier itinéraire que celui de Francis Brayer. L’ancien ingénieur télécom a un jour changé d’existence. Militant du bon goût, il est à la tête des Frissons de Fanny. Derrière ce nom aux accents du Sud vivent sa passion et son savoir-faire pour les glaces et sorbets artisanaux.
«J’ai grandi au fond de la campagne vosgienne au milieu des poules, des vergers et des jardins. Au rythme des fruits et des légumes de saison.» De ces origines terriennes, Francis Brayer a gardé le bon sens pratique et une appétence pour les saveurs. Chaque jour un peu plus il se fait un ardent défenseur d’une consommation saine, raisonnée et réfléchie. L’homme, qui ne manie pas la langue de bois, assène : «Il y a du boulot, quand on voit comment on consomme et ce que l’on consomme !» Il occupe durant deux décennies un poste à responsabilité comme ingénieur télécom réseaux. Un emploi du temps prenant, un salaire appréciable et une bonne jauge de stress. Jusqu’au basculement : «J’étais en vacances en Ardèche avec mon épouse. J’ai discuté avec deux frères qui fabriquaient des glaces purement artisanales. Cela été comme une vraie révélation. L’envie d’une autre vie. J’ai tout lâché pour me lancer sur ce créneau.» L’idée de Francis Brayer est marquée de la patine bio. Il précise : «Le vrai bio et à 100 %.» Avec son frère et deux amis, il crée en 2002 la société Les Frissons de Fanny vouée à la distribution de glaces et sorbets artisanaux de tradition française. L’entreprise favorise les filières courtes, s’approvisionnant auprès de groupements d’intérêt économique, coopératives agricoles, producteurs locaux. La production 100 % naturelle a son unité en Ardèche. Francis Brayer est réassorti une fois par semaine et livre lui-même ses clients, lesquels sont : des restaurants, des hôtels, des pâtissiers et autres métiers de bouche, des revendeurs spécialisés.
Formules glacées pour l’entreprise
L’artisan a initié des offres entreprises qui commencent à prendre leur élan. Il en décrit le concept : «Comme ces glaces et ces sorbets sont de haute qualité, cela correspond idéalement pour de l’événementiel de standing. Mes opérations loto des parfums sont prisées.» Quand il démarre voilà quatorze ans en Lorraine Les Frissons de Fanny, Francis Brayer donne d’abord une touche régionale à sa gamme avec des délices glacés imprégnés de : macaron, pêche, bergamote, mirabelle, biscuits des Vosges… Tant son degré d’inventivité à associer les saveurs – il commercialise actuellement de petits pots qui font fureur – que les sollicitations de sa clientèle font grandir une carte alléchante aux désormais 200 parfums. Le glacier précise : «50 parfums sont disponibles en permanence, les 150 autres le sont au coup par coup. Nous produisons 400 000 litres de glaces par an. Pour un industriel, ce sont 5 millions…» Entre ses tournées de livraison, la prospection, la facturation, les journées de Francis Brayer sont bien remplies. Lui ne s’en plaint pas, animé par le désir de transmettre : «Il m’arrive d’aller dans les CFA et les lycées rencontrer des jeunes pour leur expliquer ce que je fais mais surtout la nécessité de manger mieux et sain. Tout un travail de pédagogie. D’ailleurs, j’ai en ce moment un stagiaire en commerce.» Il y a quelques années, lors d’une émission télé, il a rencontré Jean-Pierre Coffe. Le pourfendeur de la malbouffe l’apostropha et lui glissa : «Vos glaces sont parmi les meilleures que j’ai goûtées.» Francis Brayer n’en tirera aucune gloriole mais cela le confortera sur le chemin qu’il a choisi. De conclure en écolo convaincu : «Nous reviendrons un jour aux choses du jardin. Ce que j’appelle l’économie du potager. C’est l’avenir.»