Entretien avec Sébastien Maire, directeur général de l'association

France villes durables veut accélérer la transition écologique des territoires

A l’occasion des 2es rencontres «Villes durables en actions», qui ont lieu le 16 septembre à la Halle aux Sucres à Dunkerque, rencontre avec Sébastien Maire, directeur général de cette jeune association nationale, qui, autour de l’Etat, des collectivités territoriales, des entreprises publiques et privées et d’experts, entend travailler pour l’accélération de la transition écologique des villes et des territoires.

Sébastien Maire dirige l'association France villes durables, créée en 2019 et présidée par le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete.
Sébastien Maire dirige l'association France villes durables, créée en 2019 et présidée par le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete.
La Gazette : Votre association «France villes durables», présidée par Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine, est née en 2019 et est encore peu connue du grand public. Pourriez-vous nous rappeler son objet ?

Sébastien Maire France villes durables est effectivement une jeune association, unique dans sa composition, puisqu’elle regroupe à la fois l’Etat, une quinzaine de collectivités locales, des entreprises publiques et privées et un collège d’experts, comme des architectes, des notaires ou encore des urbanistes. Le but de ces élus et professionnels est de travailler à l’accélération de la transformation écologique des territoires, sujet majeur s’il en est, en s’appuyant principalement sur l’échange d’expériences concrètes réussies des uns et des autres. Cela peut être des outils, des méthodes… Parce que l’on sait bien qu’une action qui a fait ses preuves a bien plus de chance de retenir l’attention qu’un long discours de conseiller.

Dans son fonctionnement, France villes durables s’appuie sur quatre piliers : sobriété, résilience, inclusion et créativité. Qu’entendez-vous par là concrètement ?

Pendant longtemps, on a imaginé que pour rendre les villes plus vertueuses écologiquement, il suffisait de planter des arbres ou d’aménager des espaces verts. Cela va bien plus loin, évidemment, et passe, selon notre association, par les quatre piliers évoqués. La sobriété, d’abord. Sobriété énergétique, évidemment, mais pas seulement : sobriété dans l’utilisation des matériaux, des matières premières, des finances publiques… Cela ne demande pas d’efforts insurmontables et les résultats sont visibles immédiatement. Résilience ensuite, parce que la transformation écologique ne peut se faire sans tenir compte des réalités de notre monde, de notre acceptabilité aux changements. Inclusion sociale aussi parce que l’injonction à la sobriété ne concerne pas tout le monde au même degré et que nous nous devons de porter une attention particulière aux plus vulnérables. Inclusion démocratique : c’est une idée forte portée par notre président, parce que les changements à opérer pour une ville plus durable doivent aussi être portés par ses habitants. Enfin inclusion territoriale car il nous semble essentiel de sortir d’une certaine logique de compétition entre les territoires, parce que l’on sait bien que les solutions de décarbonation des territoires urbains passent aussi par une meilleure coopération avec les territoires ruraux, pour une consommation plus locale par exemple. Créativité, pour terminer, parce que la transition écologique ne doit pas forcément n’être que solutions technologiques et techniques. Du simple bon sens, la créativité de chacun doit aussi être un levier.

Pour la deuxième fois, les rencontres «Villes durables en actions» ont lieu à Dunkerque. C’est vrai que votre président est maire de la ville. Mais on peut imaginer que la transition écologique opérée par Dunkerque depuis plusieurs années maintenant compte aussi dans ce choix.

Complètement. Dunkerque est un exemple en ce domaine. C’est une ville qui a su rebondir après la Deuxième Guerre mondiale qui ne l’a pas épargnée, c’est le moins que l’on puisse dire, en misant sur un fort développement industrialo-portuaire. Malheureusement, elle a subi de plein fouet la désindustrialisation du pays, la fermeture d’usines et une montée du chômage exponentielle. Depuis une petite dizaine d’années, elle a choisi de faire de cette crise une opportunité en s’appuyant sur l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels du territoire pour enclencher son renouveau industriel et portuaire, notamment en misant sur le développement des énergies renouvelables, sur l’écologie industrielle dont le territoire est pionnier et en accompagnant ses industries dans leur projet de décarbonation. Et ce, pour un territoire plus vertueux écologiquement et donc plus attractif parce que moins pollué. Les résultats sont déjà là avec la perspective de 16 000 emplois nouveaux créés à court et moyen terme. Paradoxalement, Dunkerque, qui concentre 20% des émissions industrielles de CO2, est en train de devenir l’exemple à suivre en termes de résilience et de transformation écologique réussie.

En quelques mots, sur quel thème allez-vous travailler lors des rencontres du 16 septembre ?

Nos tables rondes et débats auront à cœur de démontrer que transformation écologique et meilleure qualité de vie sont possibles. La sobriété, par exemple, ne doit pas être une privation mais au contraire un moyen de vivre mieux. Moins d’abondance, moins d’opulence pour plus de qualité de vie pour tous.

Rencontres «Villes durables en actions" à la Halle aux Sucres à Dunkerque de 10h30 à 17h30 le jeudi 16 septembre 2022. Possibilité de participer à l’événement en ligne. Programme et inscription sur www.francevilledurable.fr