France: le taux de chômage quasi stable malgré un marché du travail dégradé
Malgré des destructions d'emploi et une dégradation du marché du travail, le taux de chômage en France a très légèrement diminué au dernier trimestre 2024, moins de personnes ayant activement recherché un emploi...
![Le taux de chômage en France a très légèrement diminué au dernier trimestre 2024 malgré une détérioration du marché du travail © Ludovic MARIN](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XK76K.jpg)
Malgré des destructions d'emploi et une dégradation du marché du travail, le taux de chômage en France a très légèrement diminué au dernier trimestre 2024, moins de personnes ayant activement recherché un emploi, notamment des jeunes, a rapporté l'Insee mardi.
Le taux de chômage a baissé de 0,1 point de pourcentage à 7,3% de la population active, le nombre de chômeurs dans la France entière hors Mayotte au sens du Bureau international du Travail (BIT) diminuant de 63.000 en trois mois, à 2,3 millions de personnes. Il reste proche de son plus bas niveau en 40 ans.
Mais le taux d'emploi des 15 - 64 ans s'est replié de 0,2 point sur le trimestre, à 68,9%. Surtout, il a diminué de 0,7 point chez les 15-24 ans, à 33,7 %, portant à 1,6 point la baisse sur un an, après plusieurs années de hausse liées à l'essor de l'apprentissage.
"Le taux d'emploi des jeunes est en baisse et ça c'est un sujet majeur", a réagi sur France Inter la ministre du Travail Catherine Vautrin qui pointe également un taux d'emploi des seniors plus faible que la moyenne européenne.
Le taux d'activité, qui comprend les personnes qui travaillent mais aussi celles qui recherchent un travail, a également baissé de 0,3 point, à 74,4%, celui des jeunes chutant de 1,5 point sur le trimestre.
"La baisse du chômage est liée au fait que, malgré la destruction d'emplois, le taux d'activité a encore plus baissé", a expliqué à l'AFP Eric Heyer, directeur du département analyse et prévisions de l'OFCE.
Selon lui, il s'agit d'une "mauvaise baisse" probablement due "à des personnes qui étaient au chômage et qui se découragent", ne cherchent donc plus et ne sont plus comptabilisées comme chômeurs au sens du BIT.
Ces personnes viennent grossir le halo autour du chômage, qui a augmenté de 138.000 personnes sur le trimestre, atteignant 2 millions de personnes.
Ce halo augmente lui aussi "surtout pour les jeunes" et est "surtout porté par les jeunes encore en études", précise l'Institut national de la Statistique.
Mais la part des jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation rebondit aussi de 0,7 point à 12,8%. Ce pourcentage se situe à 0,6 point au-dessus de celui de fin 2019, à la veille de la crise sanitaire.
Hausse toujours en vue
Le taux de chômage au sens du BIT, basé sur une vaste enquête de l'Insee et harmonisé au niveau international, ne prend en compte que les demandeurs d'emploi qui n'ont aucune activité, recherchent activement un emploi et sont immédiatement disponibles.
Il est différent du nombre d'inscrits à France Travail, qui a lui augmenté de 3,9% au quatrième trimestre par rapport au troisième, pour atteindre 3,14 millions pour les chômeurs sans aucune activité (catégorie A).
Le retournement du marché du travail a aussi été mis en évidence vendredi par les chiffres de l'emploi salarié dans le secteur privé, avec la destruction de 50.100 postes par rapport au trimestre précédent.
Les principaux organismes économiques s'attendent de fait à une hausse du chômage cette année.
En décembre, l'Insee estimait que le taux de chômage "poursuivrait sa lente remontée pour atteindre 7,6% mi-2025".
On va voir "ce qui se passe sur le halo (du chômage) avant de voir dans quelle mesure on rectifie nos prévisions" avant la prochaine note de conjoncture le 18 mars, a déclaré à la presse Vladimir Passeron, le chef du département de l'emploi de l'Insee.
En décembre, la Banque de France estimait de son côté que le taux de chômage pourrait se situer "entre 7,5% et 8% en 2025-2026", tandis que l'OFCE a prévu une remontée du taux de chômage aux alentours de 8% pour la fin 2025.
En effet, avec la loi sur le plein emploi qui oblige les allocataires du RSA à s'inscrire à France Travail et parfois à reprendre une activité, "la population active devrait boomer en 2025, d'une part parce qu'on va réactiver ces gens et d'autre part à cause de la réforme des retraites" qui recule l'âge de départ, pointe Eric Heyer.
"En faisant augmenter la population active au moment où on détruit les emplois, je ne vois pas comment le chômage ne peut pas repartir à la hausse", prédit-il.
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