Forte progression du mécénat d’entreprise en France

Forte progression du mécénat d’entreprise en France

Avec un budget de 3,5 milliards d’euros en 2015, le mécénat d’entreprise en France connaît une forte croissance, d’après Admical, qui regroupe les entreprises mécènes. L’année a notamment été marquée par une reprise du mécénat de la culture et une attention accrue pour les projets locaux.

«Bonne nouvelle, le mécénat est de nouveau en croissance», démarre Camille Marc responsable des études chez Admical, association qui regroupe quelque 200 entreprises mécènes en France. C’était le 3 mai, à Paris, lors de la présentation de l’étude Admical CSA sur le mécénat d’entreprise en France, en 2015. Menée tous les deux ans, l’étude affiche cette foisci des résultats records : les entreprises mécènes sont de plus en plus nombreuses : on en compte environ 170 000, soit 14 % des entreprises de plus d’un salarié en France, contre 12 %, il y a deux ans. De plus, le budget global alloué aux actions de mécénat a fortement augmenté : il s’élève, en 2015, à 3,5 milliards d’euros, contre 2,8 milliards en 2013, soit une hausse de 25 %. C’est la première fois depuis six ans que l’on assiste à une augmentation significative de ces chiffres, rappelle Admical. Tous les types d’entreprises ne contribuent pas de manière égale à cette croissance : «les véritables moteurs sont d’abord les ETI et les grandes entreprises», précise Camille Marc. Si ces dernières représentent 3 % des mécènes, elles apportent 60 % du budget, quand les PME (25 % des entreprises mécènes) concentrent 29 % du budget. Quant aux TPE, si elles constituent la grande majorité des entreprises mécènes (72 %), en cohérence avec leur présence dans l’économie française, leur participation financière ne représente plus que 11 % du budget total du mécénat, en nette baisse depuis deux ans. Le signe d’un engagement encore «fragile», commente Camille Marc. Pour expliquer leur implication dans le mécénat, les entreprises dans leur ensemble invoquent des motivations diverses : à côté de la contribution à l’intérêt général, citée en priorité, «il y a une tendance qui est largement en hausse, c’est celle de l’enjeu territorial», pointe le responsable. Autres motivations importantes, celles liées à la cohésion interne de l’entreprise, où le mécénat peut jouer un rôle d’outil de fidélisation pour les salariés déjà en poste et d’attraction pour les plus jeunes générations, à la recherche d’entreprises porteuses de valeurs.

Reprise de l’engagement pour la culture

Tout comme les motivations, les pratiques de mécénat des entreprises évoluent : «la tendance importante réside dans une plus grande homogénéité dans les domaines soutenus par les entreprises», précise Camille Marc. Globalement, les mécènes préfèrent concentrer leurs actions et s’engagent, en moyenne, dans moins de deux secteurs de mécénat (social, culture, environnement…). Toutefois, les entreprises se comportent différemment, en fonction de leur taille : les grands groupes et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) s’investissent, en moyenne, dans cinq domaines, les PME dans près de deux et les TPE, 1,5. Parmi les domaines privilégiés par les entreprises, le social accapare la part budgétaire la plus importante (17 %), apportée par 26 % des entreprises mécènes. Un domaine auquel il faut ajouter celui, proche, du soutien aux entrepreneurs sociaux, qui, lui, pèse pour 5 % du budget. En deuxième position, la culture, après des années difficiles, voit son budget augmenter légèrement pour atteindre 525 millions d’euros en 2015, soit 15 % du budget. Et si 24 % des mécènes s’y intéressent, c’est parce que «la culture reste un moteur économique territorial», commente Camille Marc. Pour les entreprises, la motivation est double : le mécénat culturel offre la possibilité de réaliser des opérations en interne, auprès de leurs salariés, et également de nouer des relations utiles sur le territoire, d’organiser des rencontres dans des lieux prestigieux… Pour l’instant, ce sont les grands groupes et les ETI qui sont les plus investis dans la culture, même si l’implication des PME a beaucoup augmenté. En troisième position, l’éducation concentre 14 % du budget global du mécénat, choisie par 11 % des entreprises mécènes. Très loin derrière, les causes de l’environnement et de la biodiversité, elles ne recueillent que 6 % du budget, apporté par 4 % des entreprises. Prégnance du mécénat financier «Le mécénat financier reste le mode le plus utilisé», poursuit Camille Marc. En 2015, ce type d’actions représente 80 % du budget total et il est pratiqué par 77 % des entreprises. Si la tendance est en baisse, par rapport à 2013, le mécénat financier continue de devancer de très loin les autres pratiques. Ainsi, le mécénat en nature pèse pour 8 % du budget, et il est pratiqué par 29 % des entreprises. Quant au mécénat de compétences, la part d’entreprises qui le pratique a diminué, passant de 15 à 11 %, alors que son poids financier a augmenté notablement, qui a bondi de 4 à 12 % du budget total du mécénat. Car certaines entreprises, une fois les dispositifs «un peu compliqués à mettre en place», note Camille Marc, opérationnels, les ont plus largement déployés. Autre évolution constatée par l’étude : «un renforcement des actions au niveau local. Les entreprises s’engagent près de leur lieu d’implantation», poursuit-t-il. Ainsi, la part des entreprises qui sont engagées au niveau local ou régional a littéralement bondi, passant de 73 % à 81 %; une évolution notamment due aux grands groupes et aux ETI. Par ailleurs, Admical constate que le mécénat s’inscrit en général dans une politique globale d’engagement de l’entreprise : les mécènes sont, par exemple, 46 % à pratiquer aussi le sponsoring. L’étude identifie aussi un certain nombre de pratiques émergentes, qui sont le plus souvent le fait des grandes entreprises. Parmi ces nouveautés, le mécénat collectif constitue une «tendance de fond», estime Camille Marc. Il a été pratiqué par 13 % des mécènes, en 2015. En revanche, le suivi et l’évaluation des projets, pratiqués par 12 % des mécènes, ont «peu progressé», constate le responsable. Quant au financement participatif, la tendance est «émergente» : 2 % des entreprises mécènes l’ont déjà pratiqué, et 6 % envisagent de le faire. Mais quelles que soient les modalités choisies, le mécénat devrait en tout cas avoir de beaux jours devant lui, d’après Admical : «Non seulement le mécénat repart à la hausse, (…) mais, en plus, cela va continuer», annonce Camille Marc. Selon l’étude, près de 80 % des entreprises mécènes déclarent qu’elles comptent poursuivre leur engagement, en maintenant ou en augmentant leur budget dédié

. anne.daubree