Fonderies de Sougland : toujours le feu sacré après cinq siècles d'activité
Plus vieille fonderie de France encore en activité et plus ancienne entreprise des Hauts-de-France, la Fonderie de Sougland implantée à Saint-Michel, dans l'Aisne, ouvre une nouvelle page de son histoire. Rachetée récemment par le groupe lyonnais ACI, l'entreprise multicentenaire va ainsi pouvoir accroître sa production, se diversifier, innover et recruter. Rencontre avec son directeur général Yves Noirot.
Nichées à l'abri des regards dans le petit village de Saint-Michel, les fonderies de Sougland sont en activité depuis... 1543. À l'origine, les Forges de Sougland – de son ancien nom – fabriquent des armes commandées notamment par Henri IV et Louis XIII. Le XIXème siècle marque ensuite un tournant : on passe de la production d'armes à des chauffages, et de la forge à la fonderie. Jusqu'à 1 000 personnes travaillent à Sougland y compris des enfants. A cette époque, l'entreprise, étant située dans les zones de guerre, est à moitié détruite puis reconstruite.
Au cours du XXème siècle, l'entreprise franchit un nouveau cap et se met à fabriquer des cheminées et cuisinières en fonte émaillée. Mais au début des années 1960, le directeur François Lang opère un virage stratégique en orientant la production vers des pièces techniques pour l'industrie. «Un gros virage sans lequel on ne serait peut-être plus là», témoigne Martine Martin chargée de communication. Florence Lang, fille du directeur, prend ensuite les rênes de l'entreprise familiale et impulse une stratégie portée sur l'innovation et l'international.
Portefeuille de 350 clients
Aujourd'hui, les fonderies de Sougland disposent d'un savoir-faire unique reconnu en France et au-delà des frontières. La multi-centenaire s'adresse à des clients issus de la sidérurgie, la cimenterie, la verrerie, la construction navale ou encore le secteur pétrolier. Parmi les produits fabriqués sur-mesure pour ses 350 clients, on trouve entre autres des pièces pour les moteurs de propulsion de bateaux à destination notamment de l'US Navy, des générateurs d'électricité, des portes de chaudière industrielle ou encore des tuyaux d'extraction de pétrole.
«Nous travaillons dans ce qu'on appelle les ferreux – l'acier et la fonte – et pour ces nuances pour lesquels nous produisons des alliages métallurgiques, nous en maîtrisons plus de 300, ce qui rend notre savoir-faire unique et ce qui fait que nous sommes en capacité d'offrir des solutions à des clients très divers qui ont des besoins pour des pièces techniques et en particulier de haute technicité», résume Yves Noirot, directeur général.
L'adaptation, clé d'une longévité
Les fonderies de Sougland emploient actuellement 50 personnes pour un chiffre d'affaires de cinq millions d'euros. «Notre PMI a depuis pratiquement cinq siècles, toujours su s'adapter à son époque, aux marchés et aux événements. Et nous sommes encore dans une dynamique de développement pour les années et les siècles futurs», indique Yves Noirot. La fonderie exporte environ 20% de sa production. «Nous comptons des clients fidèles qui depuis de nombreuses années nous font confiance et pour lesquels on exporte en Europe, aux Etats-Unis ou encore au Gabon. Nous avons un panel de pays d'exportation assez important».
« Une nouvelle dimension »
En janvier, le groupe lyonnais ACI a fait l'acquisition des Fonderies de Sougland. Une opération vue d'un bon oeil par la direction actuelle. «La fonderie avait besoin à un moment de prendre une autre dimension. Ce rachat va justement nous faire prendre cette nouvelle dimension». Yves Noirot souligne également un gain à venir en termes de moyens. «On a besoin d'évoluer, notamment dans notre production sur la partie usinage, ACI groupe va nous apporter énormément de synergies. Nous allons être porteurs d'un nouveau métier, d'une nouvelle technologie. C'est un groupe qui va nous amener sa puissance et tout ce qui va nous permettre aussi de poursuivre notre développement». Ce rachat est également synonyme de création d'emploi pour le territoire. «Qui dit développement dit embauches». Après bientôt 500 ans d'existence, les fonderies de Sougland vont donc pouvoir se diversifier davantage et continuer de grandir...
Dans les coulisses de la production
Au cœur de l'atelier, les collaborateurs suivent un processus de fabrication technique et bien précis. Pour commencer ont lieu les simulations de coulées, afin de comprendre comment va se comporter la matière et comment les pièces vont être produites. Suit l'étape de création d'empreinte dans le sable. On vient ensuite fondre le métal dans les fours puis le couler dans les moules qui ont été fabriqués pour. L'étape suivante consiste à démouler et nettoyer la pièce. Ensuite, celle-ci prend la direction soit de l'usinage soit du contrôle qualité. «Nous faisons à la fois des pièces brut, des pièces usinées et des pièces assemblées», précise le dirigeant. Une fois toutes ces étapes terminées, les produits sont expédiés directement chez les clients en France ou à l'international.
En chiffres
- 50 collaborateurs
- 5 M€ de chiffre d'affaires
- 20% à l'export