Association nationale des directeurs des ressources humaines

Focus sur les tendances RH de la rentrée

Emploi, dialogue social et santé au travail… L’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) fait le point sur les grands enjeux de la rentrée sociale.

De gauche à droite, Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH et Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’ANDRH.
De gauche à droite, Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH et Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’ANDRH.

«Un ciblage des besoins, des interlocuteurs identifiés, voire ciblés par métier» : les attentes des DRH envers la prochaine création de France Travail, le 1er janvier prochain, prévue dans le projet de loi «pour le Plein emploi», sont fortes. Au menu, simplification, digitalisation, présence sur le terrain et meilleur suivi. Objectif, recruter plus vite et mieux. Au-delà d’un accès à la formation davantage lié aux besoins des employeurs, les DRH souhaitent développer l'offre de services pour recruter plus simplement (72%), avec par exemple des forums métiers, et avoir des procédures et outils informatiques communs (70%)*.
Si 75% des RH ont déjà collaboré avec Pôle Emploi, notamment pour des participations à des forums, des matinées de l'emploi, des animations diverses, du recrutement ou pour le suivi de ses offres d’emploi, «aujourd’hui Pôle Emploi n’est pas identifié comme étant l’acteur principal sur le recrutement, constate Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH. La ligne RH Pôle Emploi n’est pas le premier réflexe. Le réflexe en termes d’emploi est davantage Linkedin ou du réseau». En cause notamment, la méconnaissance des services de Pôle Emploi, le manque d’adéquation entre les profils proposés et les besoins des entreprises, l’absence de suivi, et le manque de digitalisation.

Dialogue social efficace

Deuxième thématique abordée, le dialogue social, qui reste au cœur des priorités RH en cette rentrée. «Il fonctionne bien dans les entreprises», s’est félicité l’ANDRH, mettant notamment en avant l’impact des ordonnances Macron, ces dernières ayant «mis plus de fluidité dans le dialogue social et permis de le réguler», signalent les DRH. Elles ont ainsi permis de négocier sur la barémisation des indemnités de licenciement (61%), pour de nouvelles instances de représentation du personnel (58%) ou le recours au télétravail pour 62% des RH. Le télétravail étant aujourd’hui en phase de structuration (jours, flexibilité, organisation des équipes…), un RH sur trois indique avoir récemment négocié ou ouvrir prochainement une négociation sur le sujet dans sa structure. Pour l’heure, ce sont quelque 2 500 accords qui avaient été négociés sur le sujet fin 2022.
Pour Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, il est impératif de «laisser le dialogue social se faire au niveau des entreprises, pour qu’elles puissent répondre au mieux à leurs besoins et aux attentes des salariés.» Ainsi, «plus le dialogue social est sur le terrain, plus il sera structuré intelligemment». Interrogés sur les moyens pour l’améliorer, un RH sur deux considère qu’il faut mieux communiquer en interne à ce sujet. Parmi les impacts majeurs de la réforme des retraites qui devront «structurer le dialogue social», a expliqué Benoît Serre, les RH ont évoqué la gestion des carrières, la santé et la qualité de vie au travail et l’organisation du travail.

Prévenir la santé mentale

Dernière priorité identifiée par les RH, la santé au travail. Pour 75% d’entre eux, la pénurie des médecins du travail est vécue comme un facteur pénalisant dans leurs activités. Ils souhaitent, par ailleurs, une meilleure prise en compte de la santé mentale qu’ils considèrent comme une priorité (58% d’entre eux). La santé mentale, que l’OMS décrit comme un «état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté» peut aboutir à des troubles psychiques, met en garde Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’ANDRH.
Sur le sujet, le bureau de l’ANDRH est unanime : «Il faut monter en compétences». Notamment pour pouvoir détecter des signaux faibles, comme un changement de comportement, des absences, des addictions, des troubles anxieux ou une baisse de productivité. L’entreprise doit ainsi prévoir différents niveaux de prévention, primaire, secondaire et tertiaire, permettant aux collaborateurs de mieux comprendre et appréhender le sujet, d’être formé et aux RH d’établir des programmes de suivi avec la médecine du travail.
Insistant sur le fait que «l’on a besoin d’interlocuteurs dans nos entreprises», la vice-présidente de l’ANDRH a notamment évoqué une formation au secourisme sur le sujet. Cette formation de deux jours, venue d’Australie, permet de dispenser les premiers soins, d’adopter les bons réflexes et de savoir comment se protéger. Pour l’heure, avec de plus en plus d’entreprises confrontées à la problématique de la santé mentale, d’où «l’importance d’en faire une urgence de la santé au travail», 60 000 personnes ont été ainsi formées en France, indique-t-elle.


* Résultats issus des rencontres avec ses 5 600 adhérents au sein des 70 groupes locaux et d’une enquête en ligne (350 répondants), de juillet à début septembre 2023.