Stratégie

Fanystyle veut consolider son activité textile avant de se développer

L’agence de communication par l’objet créée par Fany Ruin a fait le pari de la fabrication textile made in Somme en créant un atelier à Moreuil en septembre 2020. Après plusieurs investissements et des collaborations fructueuses, l’entreprise entend stabiliser son activité l’année prochaine avant de partir à la conquête de nouveaux clients dès 2024.

Fanystyle a ouvert un atelier de confection à Moreuil en septembre 2020. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Fanystyle a ouvert un atelier de confection à Moreuil en septembre 2020. ©Aletheia Press/ D. La Phung

« Je suis passée d’une agence de communication par l’objet à l’industrie textile », résume Fany Ruin, fondatrice de Fanystyle, spécialisée jusqu’ici dans la réalisation de goodies personnalisés, d’objets sur mesure et de vêtements professionnels. « 2020 devait être une année exceptionnelle, nous avions remporté un marché très important pour L’Oréal qui concernait les aéroports. Avec la crise sanitaire, tout s’est arrêté », se souvient la cheffe d’entreprise.

Confrontée à une situation inédite, elle décide de créer un atelier de confection textile à Moreuil, à quelques mètres des Établissements Malterre. « Laurent Malterre m’encourageait à me lancer depuis plusieurs années. Cela nous a permis de créer un véritable pôle textile : ses clients ont besoin de confection, les miens de fils. Nous sommes parfaitement complémentaires »,souligne celle qui est également présidente de la CCI Amiens-Picardie et première vice-présidente de CCI France.

Répondre à la demande

Rapidement, la nouvelle offre portée par Fanystyle séduit et l’entreprise recrute 15 couturières. « Nous avons tout de suite eu deux profils distincts : des jeunes diplômées de moins de 25 ans et des femmes de plus de 55 ans qui ont débuté comme couturières, mais qui se sont reconverties au moment des délocalisations massives de l’industrie textile »,note Fany Ruin. Un traumatisme collectif qui a marqué plusieurs générations. À tel point qu’aujourd’hui les profils expérimentés se font rares. « Nous avons recherché 70 couturières pour pouvoir répondre à la demande, mais nous ne les avons jamais trouvées », poursuit-elle.

L’entreprise emploie une trentaine de couturières. ©Aletheia Press/ D. La Phung

La dirigeante, qui voit des marchés lui échapper pense alors à recruter des personnes aimant coudre en misant sur la formation interne pour les faire monter en compétences. Mais la transmission demande du temps et fait dangereusement baisser la productivité des salariés. « Ce n’était pas viable et cela mettait en danger la pérennité de l’entreprise », analyse Fany Ruin qui a créé en parallèle un chantier d’insertion avec Patricia Malterre.

Se stabiliser avant de développer

Spécialiste du polo et de la marinière, deux produits complexes à réaliser, Fanystyle a su tirer son épingle du jeu, notamment en proposant une fabrication made in France accessible grâce à des marges réduites, une grande réactivité et une capacité à produire du volume. Un positionnement qui a permis à l’entreprise de décrocher un marché pour Système U et d’intéresser des marques comme le Slip Français. « Ils nous ont confiés la réalisation d’une robe de chambre qui a tellement bien fonctionné que nous sommes en train de réaliser la 3e série », se félicite Fany Ruin qui constate que l’engouement pour le made in France n’a pas disparu malgré une période économiquement complexe.

« Si l’on prend en compte l’ensemble des coûts liés à une fabrication à l’étranger, ce n’est plus forcément bon marché. Nous avons la force de la proximité pour nous, en plus de la qualité », remarque celle qui souhaite aujourd’hui consolider ses activités "textile" tout en continuant à proposer des objets personnalisés. « Nous avons jusqu’ici beaucoup investi pour répondre aux demandes de nos clients. La table de coupe qui sera mise en route la semaine prochaine en est le parfait exemple. Nous travaillons aujourd’hui au renforcement de nos partenariats et à remplir nos carnets de commandes pour stabiliser l’entreprise avant d’entrer dans une nouvelle phase de développement », conclut Fany Ruin.