Face à la crise, Getlink se veut "agile et flexible"
Si Getlink voit son trafic fortement chuter au premier trimestre 2021, l'entreprise gagne des parts de marché.
Le 28 avril, Getlink réunissait virtuellement ses actionnaires à l’occasion de son assemblée générale. L’occasion de revenir sur les résultats de l’année 2020 bien sûr, mais surtout de se pencher sur les chiffres du premier trimestre 2021 et sur une feuille de route soumise, comme l’année dernière, à une crise sanitaire difficilement prévisible.
Un trafic en baisse
Getlink a déjà présenté ses résultats 2020 en début d’année. Malgré les mesures de confinement et les restrictions sanitaires liées à la pandémie, «nous avons continué à exploiter nos services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sans interruption, en offrant des conditions de sécurité sanitaires remarquables», a rappelé Yann Leriche, directeur général.
Avec un chiffre d’affaires de 816 millions d’euros, en retrait de 24% par rapport à 2019, et un free cash flow (flux de trésorerie libre) positif à 31 millions, une dette réduite de 92 millions, l’entreprise enregistre un résultat net négatif à -113 millions d’euros.
Pour tenir le cap en 2020, elle a opté pour une augmentation des tarifs. Par ailleurs, au travers du programme Shield mis en place en 2020, il a été procédé à une diminution des coûts externes et à l’augmentation de la productivité, pour 27 millions d’euros. Le recours au dispositif d’activité partielle en France et à son équivalent au Royaume-Uni (Furlough) a entraîné, pour sa part, une économie de 13 millions d’euros. Les Opex (dépenses d’exploitation) ont ainsi été réduites de 10% (40 millions), passant à 392 millions.
Une politique qui devra également faire ses preuves en 2021 comme l’illustrent les chiffres du premier trimestre. Avec une quasi-fermeture de la frontière et l’adaptation aux formalités post-Brexit, le trafic enregistre une baisse de 21% pour les camions, 72% pour les voitures, 95% pour les passagers Eurostar et 10% pour le fret ferroviaire transmanche. Le chiffre d’affaires du groupe s’est ainsi élevé à 154,4 millions d’euros (-34%). Eurotunnel y participe pour 122,4 millions d’euros (-39%) et Europorte, qui résiste toujours, pour 31,9 millions (+4%). «Des chiffres qui subissent un effet de base défavorable, puisque nous les comparons avec ceux du premier trimestre 2020, avec une entrée en vigueur des restrictions sanitaires à la mi-mars 2020», souligne Yann Leriche.
Des parts de marché en progression
Au premier trimestre, Getlink occupe 83,2% des parts de marché «passagers» (+16,1%). Le fret reste stable à 39,3% des parts de marché (+0,1%). Dans ce contexte, le plan d’économie Shield se poursuivit, avec l’objectif de « faire mieux que les 40 millions d’euros d’économies en 2020. Nous allons également continuer à gérer de façon très stricte nos Capex (dépenses en capital, ndlr) avec des investissements prévus entre 70 et 80 millions d’euros».
L’entreprise se veut toujours plus «agile et flexible» pour être prête lors du retour des clients, difficilement prévisible. «Lorsque Boris Johnson a annoncé, le 22 février, que les frontières britanniques devraient rouvrir le 17 mai, les réservations ont progressé de 125% le jour même», illustre Yann Leriche. L’enjeu, outre une gestion drastique des charges, est de comprendre les changements dans les habitudes de consommation des clients confrontés et d’y répondre rapidement. Pour passer le cap de la Covid, l’entreprise mise aussi sur le retour du duty free au terminal de Coquelles. Mais pour l’instant, le Gouvernement reste silencieux.
Eleclink, Flex Express et Régionéo
Malgré la crise sanitaire, Eleclink, l’interconnexion électrique de 1 GW entre la France et le Royaume-Uni, se poursuit sans retard. Ce sont 33,75 kilomètres de câbles qui ont été déployés au 28 avril, soit un peu plus de 60% du total. L’installation devrait s’achever à l’été 2021 et être suivie d’une phase de tests et d’essais approfondis. Getlink prévoit le lancement commercial pour mi-2022.
Par ailleurs, Europorte vient de lancer son service ferroviaire à haute fréquence, Flex Express. La filiale, avec un EBITDA (EBE) qui a progressé de 17% entre 2019 et 2020, «a connu une très forte croissance rentable en 2020», note Yann Leriche. En parallèle, Régionéo, issu du partenariat entre Getlink et RATP dev, se prépare à répondre à ses premiers appels d’offres de transport ferroviaire régional de voyageurs sur le Nord et l’Est de la France.