Experts-comptables : il faut anticiper l'arrivée de la facturation électronique

Depuis 25 ans, Jean Saphores a créé dans le cadre de ses fonctions au sein du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables, quasiment tous les outils numériques utilisé par la profession – les téléprocédures fiscales et sociales, "jedeclare.com" (entre 1,6 et 1,7 million de relevés bancaires collectés chaque jour), "jesigneexpert.com", "jefacture.com"… « Je suis un peu le Monsieur numérique de l’expertise comptable », sourit Jean Saphores, qui dès 1998 émettait des rapports sur la facture électronique, qui va venir « clôturer le cycle de la dématérialisation des entreprises ».

Anticiper cette révolution numérique

Et ce précurseur de la question numérique pense que le Gouvernement devrait séquencer l’arrivée de la facturation électronique en plusieurs phases « pour que la profession soit prête et commence cette mutation, il faut que l’on apprenne ces nouveaux métiers ».

Face à l’absence de calendrier officiel, Jean Saphores a lui une certitude : « Il faut démarrer maintenant, on ne va pas attendre que l’État soit prêt. Les cabinets doivent dès maintenant revoir leur organisation, les circuits d’information, le métier… Cette nouvelle donne modifie énormément nos missions de base, la temporalité sera différente, avec des dossiers qui devront être traités tous les mois et plus au trimestre, ni au semestre ou à l’année par exemple. »

Jean Saphores incite fortement ses confrères à commencer à travailler la dématérialisation de la facture fournisseurs, pour rendre le passage à la collecte de la facture électronique plus simple. « Nous devons absolument mettre à profit ce délai supplémentaire pour débuter ou généraliser cette dématérialisation des documents comptables (facture fournisseurs et clients) », rappelle-t-il.

Former la profession

L’Ordre des experts-comptables dispense pour ce faire à l’ensemble des experts-comptables et de leurs collaborateurs des formations entièrement prises en charge (60 000 programmées au total). « Il s’agit de former sur tous les aspects de la facturation électronique, la deuxième formation qui débutera en 2024 s’attachera elle à sa mise en place au sein des cabinets, avec notamment la cartographie des flux, qui consiste à analyser les besoins des clients - le nombre de factures clients et fournisseurs, l’utilisation ou non d’une caisse enregistreuse, d’un logiciel de facturation, etc., précise Jean Saphores. Nous devons ensuite gérer le cycle de vie et les statuts de la facture, une fois émise, il faut en suivre le règlement. »

Pour l’expert-comptable, la profession a comme avantage d’avoir la confiance des entreprises, mais « nous sommes des techniciens, et les techniciens ont deux défauts : la résistance au changement et on ne parle pas aux clients de points que l’on ne maîtrise pas encore… Mais il faut commencer à les sensibiliser et à les informer maintenant ».