Évasion d'Amra: plus d'une vingtaine de nouvelles interpellations, le rappeur Koba LaD en garde à vue

Un total de 24 nouvelles personnes, dont le rappeur Koba LaD, ont été placées en garde à vue lundi dans le cadre de l'enquête sur l'évasion sanglante en mai 2024 du narcotrafiquant Mohamed Amra et de sa cavale de neuf...

Mohamed Amra (C) escorté par des policiers le 23 février 2025 à Bucarest © Daniel MIHAILESCU
Mohamed Amra (C) escorté par des policiers le 23 février 2025 à Bucarest © Daniel MIHAILESCU

Un total de 24 nouvelles personnes, dont le rappeur Koba LaD, ont été placées en garde à vue lundi dans le cadre de l'enquête sur l'évasion sanglante en mai 2024 du narcotrafiquant Mohamed Amra et de sa cavale de neuf mois, jusqu'à son arrestation fin février en Roumanie.

Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP que 22 nouvelles gardes à vue étaient en cours depuis lundi matin, dont le rappeur Koba LaD, et précisé que deux personnes ont été interpellées en Allemagne, à la demande des juges d’instruction de Juridiction nationale chargée des affaires de criminalité organisée (Junalco).

Confirmant une information de franceinfo, deux sources proches du dossier ont indiqué un peu plus tôt à l'AFP que le rappeur Koba LaD, actuellement incarcéré, avait été extrait de sa cellule et placé en garde à vue lundi. Son avocat n'a pas souhaité s'exprimer.

De son vrai nom Marcel Junior Loutarila, Koba LaD est actuellement en détention provisoire en attendant d'être jugé pour homicide involontaire aggravé, quatre mois après la mort d'un de ses passagers dans un accident de voiture en septembre 2024 à Créteil.

En janvier, il a été condamné à 15 mois d'emprisonnement par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour des violences commises en 2022 sur son manager historique, que le musicien accuse de l’avoir escroqué.

Jusqu'à présent, 27 personnes, plus Mohamed Amra, ont été mises en examen. Elles ont pour la plupart été placées en détention provisoire, à l'isolement.

Dans cette enquête "hors normes" menée par la police judiciaire, les chefs de mise en examen - meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs - font encourir la réclusion criminelle à perpétuité "pour les plus élevés d'entre eux", avait détaillé en conférence de presse le 7 mars la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.

Dimensions tentaculaires

Parmi les mis en examen figurent des membres présumés du commando qui a attaqué, à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut, un fourgon pénitentiaire véhiculant  Mohamed Amra lors d'un transfèrement, au péage d'Incarville (Eure), tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois le 14 mai 2024.

Outre Amra, six personnes sont suspectées d'avoir fait partie du commando: deux guetteurs - dont l'un a aussi conduit un véhicule - deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers.

Parmi eux, Fernando D., 32 ans, surnommé "Abe", interpellé fin février dans une luxueuse villa dotée d'un important dispositif de sécurité à Mijas, dans la province de Malaga (sud de l'Espagne), puis remis à la justice française, et placé en détention provisoire.

Mais aussi des personnes semblant avoir un rôle plus secondaire: aide à la préparation d'autres tentatives d'évasion d'Amra, à son évasion effective le 14 mai (vol de véhicules par exemple), à sa fuite (location d'appartements, etc.) ou à la fuite des autres membres du commando.

A également été mis en examen Saïd Agouni, déjà condamné pour l'attaque d'un fourgon blindé en 2011 en compagnie du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd.

Deux autres suspects dans ce dossier aux "dimensions tentaculaires" sont "en attente d'extradition" du Maroc, avait aussi précisé Mme Beccuau et un autre "fait l'objet d'une notice Interpol".

En visite à Rabat le 10 mars, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a dit espérer que les deux suspects arrêtés au Maroc soient extradés "dans les prochains jours".

Interrogés sur l'implication éventuelle de membres de la "Black Manjak Family", présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants avec de possibles liens avec Koba LaD, le directeur national de la police judiciaire, Christian Sainte, avait simplement indiqué le 7 mars que certains suspects avaient "des liens de proximité" entre eux.

Selon une source proche du dossier, un "certain nombre de suspects appartiennent" à la "BMF", qui serait d'abord une "sorte de label, un signe de reconnaissance autour de Koba LaD".

Mohamed Amra est, depuis sa remise à la justice française fin février, incarcéré à l'isolement dans la prison ultra sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).

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