Evacuation d'un grand squat à Lyon à deux jours de la trêve hivernale

Les forces de l'ordre ont évacué lundi matin le squat "Pyramide", un des plus importants de Lyon, une opération jugée "inacceptable" par la mairie écologiste à...

Des CRS devant le squat "Pyramide" pendant son évacuation, le 30 octobre 2023 à Lyon © OLIVIER CHASSIGNOLE
Des CRS devant le squat "Pyramide" pendant son évacuation, le 30 octobre 2023 à Lyon © OLIVIER CHASSIGNOLE

Les forces de l'ordre ont évacué lundi matin le squat "Pyramide", un des plus importants de Lyon, une opération jugée "inacceptable" par la mairie écologiste à deux jours de la trêve hivernale.

Après cette évacuation, 74 personnes ont été relogées pour huit nuits dans des hôtels de la métropole de Lyon et des départements du Rhône et de la Loire, selon un communiqué publié par la préfecture dans l'après-midi.

La mairie de Lyon et les associations ont évoqué de leur côté 200 à 250 occupants dans ce squat du sud de la ville. Dans un communiqué, la Ville de Lyon a regretté cette évacuation en indiquant avoir sollicité les autorités "depuis plusieurs mois" pour "travailler à la recherche d'une solution". 

"L’annonce d'une évacuation à deux jours de la trêve hivernale, fait sans précédent dans notre ville, est inacceptable", a souligné la municipalité écologiste.

Environ 80 hommes ont été déployés vers 6H00, devant les anciens bureaux d'une entreprise pour évacuer les lieux en application d'un arrêté pris en juillet, selon la préfecture à l'AFP.

"Nous avions eu il y a plusieurs mois des rapports d’associations, de travailleurs sociaux, qui indiquaient que la situation était extrêmement inquiétante" en termes de risque électrique ou d'incendie, a pour sa part expliqué Vanina Nicoli, la préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône, à l'AFP sur place. 

"Il n’était pas envisageable de maintenir la situation", a-t-elle justifié en évoquant "la pression de marchands de sommeil" et des cas de "violence sexuelle, de prostitution et trafic de stupéfiants". 

"Ce qu'on condamne, c'est vraiment le manque de dialogue", a précisé à l'AFP Sandrine Runel, adjointe municipale aux solidarités, en rappelant la "situation tendue" du logement d'urgence à Lyon. 

La préfecture, elle, évoque "un travail préparatoire d’orientation" engagé depuis plusieurs semaines, avec 25 enfants et adultes déjà "mis à l’abri depuis la fin de l’été 2023" et rappelle que le squat avait fait l'objet d'un signalement de la part du maire de Lyon. 

- "Laissés-pour-compte"-

Outre les personnes relogées en hôtels lundi, six autres bénéficieront de l’aide au retour proposée par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), deux vont être prises en charge par le dispositif d'accueil des demandeurs d’asile et deux mineurs par la Métropole de Lyon, selon la préfecture.

La solution de relogement temporaire ne satisfait ni les occupants ni les associations.

Une petite valise à ses pieds, Binta, 27 ans, originaire de Guinée et régularisée en 2021, vivait dans ce squat depuis deux ans, dans l'attente d'un hébergement d'urgence. "Après sept jours, on sera dans la rue", a-t-elle dit à l'AFP.

"Il y a beaucoup de gens qui travaillent, des migrants, des Français aussi, un monsieur retraité, pas mal de profils", selon Colette Blanchon, membre du collectif Intersquats mobilisé sur place.

"Ce sont des gens qui ne trouvent pas de logement. Il y a une crise du logement et les laissés-pour-compte sont là", a-t-elle déploré, précisant qu'il fallait "trois ans pour avoir un logement social à Lyon".

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