Européennes: les divisions persistent à gauche, Royal s'ajoute à l'équation

Une surprise qui va ajouter de la confusion à gauche: l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a annoncé vendredi son intention de conduire une liste "d'union" de gauche...

Le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, au centre, arrive aux journée d'été du parti à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, le 25 août 2023 © JEFF PACHOUD
Le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, au centre, arrive aux journée d'été du parti à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, le 25 août 2023 © JEFF PACHOUD

Une surprise qui va ajouter de la confusion à gauche: l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a annoncé vendredi son intention de conduire une liste "d'union" de gauche avec LFI aux prochaines élections européennes.

"Il s'agit de lancer une dynamique d'union", a déclaré Ségolène Royal devant la presse, lors des universités d'été de La France Insoumise. Pourrait-elle conduire elle-même cette liste ? "C'est l'idée", a-t-elle répondu, précisant qu'elle réfléchissait à ce projet depuis "avant l'été".

Mais l'union avec qui? En effet, après les écologistes et les communistes, qui ont déjà désigné leurs têtes de listes respectives pour les européennes de juin, les socialistes s'apprêtent à leur tour à partir en solitaires.

Le patron du PS Olivier Faure a ainsi indiqué vendredi qu'il ne voyait pas "ce qui permettrait d'espérer une liste unique", en attendant que son parti ne tranche sur ce point "à la fin du mois de septembre". 

"Je respecte tout le monde", a répondu Ségolène Royal, citant notamment LFI et les jeunes socialistes comme des groupes en faveur de l'union aux européennes. 

"Si la gauche n'est pas unie aux prochaines européennes (...) elle disparaitra, elle aura tellement déçue dans sa division", avait estimé un peu plus tôt l'ancienne ministre socialiste, lors d'un débat avec le dirigeant de LFI, Manuel Bompard.

Lors de sa journée avec les Insoumis dans la Drôme, Ségolène Royal a également échangé avec Jean-Luc Mélenchon, qu'elle avait soutenu l'année dernière lors de l'élection présidentielle.

Peut-être pourra-t-elle compter sur le soutien d'un autre ancien candidat socialiste malheureux à la présidentielle, Benoit Hamon.

Invité au raout de LFI, le fondateur de Génération.s et ancien candidat socialiste à la présidentielle en 2017, a réfuté de son côté "l'argument selon lequel si on part séparément il y aurait peut-être quatre députés de plus" au Parlement européen, car de toute façon "ils seraient en minorité".

Un rassemblement en juin 2024 impulserait une "dynamique" en vue de la présidentielle, a-t-il estimé.

- "Actes de désunion" - 

Devant la presse, avant l'annonce de Ségolène Royal et sans faire référence à cette dernière, le dirigeant de La France insoumise Manuel Bompard a réaffirmé la position de son mouvement.

"Nous sommes prêts à ce que cette liste soit conduite par une tête de liste issue des écologistes, peut-être Marie Toussaint si c'est leur choix", a-t-il déclaré.

"On observe chez nos partenaires plusieurs actes de désunion", a-t-il également regretté, pointant, comme Jean-Luc Mélenchon, un "double langage" tenu par certains alliés.

Le député des Bouches-du-Rhône a également dénoncé le "mensonge" de "certains responsables socialistes" concernant un accord sur des "propositions communes en matière européenne".

Depuis Blois, dans le Loir-et-Cher où se réunissent les socialistes, Olivier Faure a également plaidé pour un "inventaire de la Nupes".

"Ce serait une erreur de penser que nous n'aurions qu'à répéter" l'accord conclu en mai 2022 pour les dernières législatives et qui avait accordé une place prépondérante à LFI, a-t-il ajouté. Il faut que "nous puissions réviser nos propositions".

Flirt d'été

La veille, le député LFI Alexis Corbière était venu au Havre délivrer la parole de l'union aux écolos: "Il serait pertinent que nous allions ensemble aux européennes, parce que ce serait utile pour aller ensemble en 2027". A l'inverse, l'éparpillement "peut avoir pour conséquence que tout éclate", a-t-il mis en garde.

Mais la patronne d'Europe Ecologie Les Verts Marine Tondelier ne croit pas au risque de divorce. "Personne n'est assez fort pour casser notre union", a-t-elle affirmé mercredi. Une fois les européennes passées, elle espère trouver un accord "avant la fin de l'année 2024" sur le "mode de désignation d'un candidat unique" de la gauche, rejetant par principe l'idée d'un "homme providentiel".

Filant la métaphore de la relation amoureuse, la cheffe de file LFI au parlement européen, Manon Aubry, a comparé la Nupes à un "flirt d'été sympathique, mais à qui on donnerait rendez-vous dans deux ans".

"Qui peut croire sérieusement que vous allez avoir une relation sérieuse dans ces conditions? Personne", a-t-elle assuré.

33T89KC