Européennes: après LFI, Raphaël Glucksmann veut donner des gages sur le social à Amiens
"La tête de liste PS/Place publique aux européennes Raphaël Glucksmann a joué la carte sociale mardi lors d'un déplacement à Amiens auprès des salariés de l'usine du biochimiste Metex, en redressement judiciaire, au lendemain d'une...
"La tête de liste PS/Place publique aux européennes Raphaël Glucksmann a joué la carte sociale mardi lors d'un déplacement à Amiens auprès des salariés de l'usine du biochimiste Metex, en redressement judiciaire, au lendemain d'une visite similaire de sa concurrente insoumise Manon Aubry.
"Aujourd'hui, nous sommes en Europe les dindon de la farce de la mondialisation", a déploré Raphaël Glucksmann, lors d'un meeting devant quelques 300 personnes, à Camon (Somme), appelant à rompre avec le "libre échange" et "à changer nos politiques commerciales et industrielles".
Après un début de campagne axé sur la défense européenne et l'Ukraine, puis une séquence sur l'écologie, l'essayiste de 44 ans, étiqueté par ses détracteurs comme trop Parisien, est crédité de 14% des intentions de vote et talonne la candidate de la majorité macroniste Valérie Hayer.
Dans la ville d'Emmanuel Macron, mais aussi dans une région qui a largement voté contre le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, celui qui avait regretté en 2019 que sa classe sociale se sente "plus chez soi à New York ou à Berlin, a priori, culturellement, qu'en Picardie", est venu soutenir les salariés de Metex.
"J'y vais tout le temps en Picardie", s'est défendu l'eurodéputé devant la presse. "Depuis le début de cette campagne, je passe ma vie dans les usines, celles qui sont en grande difficulté, et celle qui innovent et vont bien", a-t-il rappelé.
Metex, seule usine en Europe à produire de la lysine, un acide aminé, est en quête d'un repreneur, confrontée à l'envol des prix des matières premières, notamment le sucre, et à un "dumping" des producteurs chinois.
Raphaël Glucksmann est passé juste après Manon Aubry, venue la veille avec le député de la circonscription François Ruffin, qui avait reproché à Raphaël Glucksmann d'être "hors sol et déconnecté", dans un échange épistolaire en janvier.
Dans l'usine, qu'il a visitée avec le directeur, l'eurodéputé a rencontré des salariés et des responsables syndicaux.
"Comment vous vivez la situation?", a-t-il demandé à Céline, une salariée. "C'est compliqué. On s'attendait à être repris. Je pensais pas que notre métier était menacé", a-t-elle reconnu.
"C'est la première fois que je le vois", a-t-elle souligné ensuite devant la presse. Mais "il a l'air gentil et de se préoccuper de ce que nous on vit".
Le délégué CFDT Samir Benyahya refuse de parler de récupération. "Tous les politiques sont les bienvenus. Les élections européennes sont un atout pour nous, pour sensibiliser l'opinion publique", a-t-il insisté.
- "Tout sauf hors sol" -
"Que le monde politique s'intéresse à notre cas ça ne peut être que bénéfique", a confirmé David Demeestere, le directeur.
Raphaël Glucksmann a défendu un projet "qui est tout sauf hors sol". "Ceux qui sont hors sol c'est ceux qui ont laissé le continent européen se faire dévorer par la concurrence chinoise", a-t-il asséné.
"Il faut assumer de redonner un sens aux douanes, mais aux frontières de l'Europe", a-t-il affirmé devant les militants, défendant un "protectionnisme écologique européen" et "un Buy European Act" pour réserver en priorité les commandes publiques européennes aux productions européennes.
Il a aussi souligné qu'il y avait entre lui et François Ruffin, une différence sur "notre rapport à la construction européenne. Nous on est pour continuer la construction européenne, et lui donner une autre direction".
Au début de sa campagne, Raphaël Glucksmann avait promis d'aller "partout", dans les usines, les fermes, et dans les territoires "où l'Europe est lointaine et où je suis perçu comme trop Parisien".
L'eurodéputé a aussi soutenu Systovi, entreprise de panneaux photovoltaïques près de Nantes, juste avant son placement en liquidation judiciaire, là encore du fait de la concurrence chinoise. Ou Ferropem, fabricant de silicium près de Grenoble.
Raphaël Glucksmann, qui doit présenter mercredi l'ensemble de son programme, a évoqué mardi soir quelques unes de ses mesures sociales comme un "plan Marshall" pour le logement social et la rénovation thermique, "un plan d'éradication du sans-abrisme", et une taxe sur les multi-millionnaires et milliardaires pour financer la transition écologique.
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