ETI : pessimistes dans l'Hexagone et optimistes à l'international

La 3e enquête annuelle de conjoncture de bpifrance révèle beaucoup sur l'état d'esprit et les projets des entreprises de taille intermédiaire françaises.

Les ETI françaises tournées vers l'international sont aussi les plus innovantes.
Les ETI françaises tournées vers l'international sont aussi les plus innovantes.

 Ecrasées entre les PME et les grandes entreprises, les ETI1 sont souvent observées avec moins d’attention que ces deux autres catégories incontournables. Pourtant, les ETI ne sont pas négligeables pour autant puisqu’elles constituent 3,3% des entreprises françaises (il y aurait un peu moins de 5 000 ETI en France). Mais, surtout, elles participent pour près d’un tiers aux emplois et à la valeur ajoutée du pays selon bpifrance, à l’origine d’une enquête annuelle de conjoncture auprès de 587 entreprises de ce type.

Selon cette enquête, les ETI manifestent un optimisme modéré en mars 2013 concernant l’évolution de leur activité, 40% de ces entreprises seulement anticipent une progression de celle-ci. La stagnation de l’économie française et la conjoncture difficile de l’économie européenne expliquent ces prévisions prudentes pour 2013, en retrait sensible par rapport à celles des deux années précédentes.

Les ETI dont l’activité est tournée vers l’international, plus particulièrement hors Union européenne, souffrent moins du climat économique morose du Vieux Continent, et sont aussi les plus innovantes2. Les ETI innovantes réalisent en moyenne 20% de leur activité à l’international, soit près de trois fois plus que les non-innovantes, illustrant les liens forts existants entre innovation et conquête de marchés extérieurs. A noter que 34% de toutes les ETI comptent une ou plusieurs installations à l’international, de production ou de distribution.

Côté emploi, les perspectives à l’étranger des ETI sont favorables avec un solde d’opinion3 prévisionnel de + 22 en 2013 (il était de + 15 en 2012), une tendance positive particulièrement forte dans le secteur des services. A contrario, le rythme de création d’emplois nouveaux par les ETI paraît s’essouffler dans l’Hexagone. En effet, seulement 26% des ETI prévoyaient d’augmenter leurs effectifs en France en 2013 (elles étaient 32% en 2012 et 34% en 2011).

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Les ETI françaises tournées vers l'international sont aussi les plus innovantes.

Parallèlement, la croissance externe des ETI reste forte et les projets pour 2013, plus nombreux que pour l’année précédente puisque 27% des ETI envisagent de créer au moins une filiale à l’étranger dans l’année 2013, alors qu’en 2012 elles étaient que 22% à y songer.

Afin de financer cette croissance externe, mais aussi interne, les ETI se sont appuyées en 2012 à 52% en moyenne sur l’autofinancement et à 44% sur l’endettement et le crédit bancaire. Pour 2013, elles souhaitaient faire davantage appel à ces deux derniers éléments et maintenir le volume des investissements autofinancés, en raison d’inquiétudes sur le court terme et des contractions des trésoreries.

Précisément, les ETI s’attendent pour 2013 à des tensions de trésorerie et affirment être bridées dans leur développement par une diminution de leurs marges d’exploitation. Ainsi, près de six ETI sur dix se disent davantage pénalisées par ce rétrécissement de leurs marges que par les difficultés d’accès au crédit.

Près d’une ETI française sur quatre a été soutenue par bpifrance en 2012, soit 990 ETI totalisant 396 000 emplois qui ont bénéficié de 2,5 milliards d’euros de financement au total.

Pour favoriser la multiplication de ces ETI et s’approcher du dynamisme du «Mittelstand» allemand (les équivalents des ETI seraient environ 10 000 outre-rhin), bpifrance préconise de renforcer l’écosystème technologique français et de soutenir l’entrepreneuriat dans les secteurs à forte intensité technologique. Tandis que pour les secteurs d’activité traditionnels, il s’agit d’aider à la mise en place de financements alternatifs afin de rendre les ETI plus autonomes vis-à-vis du financement bancaire.

L’intéressante étude de bpifrance souligne l’importance des ETI dans le paysage économique français tout en mettant en lumière leur situation et leur perspective de croissance, qui ne demande qu’à se concrétiser, comme c’est le cas à l’international.

 1. Concept inventé en 2008, une entreprise peut être qualifiée d’ETI à condition de respecter trois critères (déf. de l’INSEE) : occuper moins de 5 000 personnes, avoir un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 milliard d’euros, avoir un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros.

2. Une entreprise est qualifiée d’innovante si elle a réalisé au moins une de ces cinq mesures suivantes durant les trois dernières années (selon bpifrance, extrait de «ETI enquête annuelle 2013, la conjoncture des entreprises de taille intermédiaire ») :

− financé des frais de recherche et développement (interne ou externe) ou recruté du personnel de R&D,

− acquis une licence d’exploitation d’un procédé ou d’une technologie,

− déposé un brevet, une marque, un dessin ou un modèle,

− développé pour le compte de tiers un produit ou procédé (prestation) nouveau ou significativement amélioré,

− commercialisé un nouveau produit, bien ou service (hors simple revente de produits nouveaux achetés à d’autres entreprises et hors modifications esthétiques ou de conditionnement de produits précédemment existants), ou utilisé un nouveau procédé (ou méthode) de production, de commercialisation ou d’organisation. De plus, aucun produit ou procédé analogue n’était déjà commercialisé ou utilisé par des concurrents.

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3. D’après l’INSEE, le solde d’opinion est défini comme la différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.