Et son patron est une patronne !

Depuis 2005, Sandrine Aubois est directrice générale de Maintenance Mécanique Chaudronnerie, créée en 1983. L’ex-salariée devenue patronne et son équipe s’emploient à tenir bon face à la crise.

Les deux ex-salariés devenus dirigeants en 2005 : Sandrine Aubois, directrice générale, et Jean-Jacques Guyot, directeur. MCH occupe le site d’une ancienne brasserie, non loin de la Sambre.
Les deux ex-salariés devenus dirigeants en 2005 : Sandrine Aubois, directrice générale, et Jean-Jacques Guyot, directeur. MCH occupe le site d’une ancienne brasserie, non loin de la Sambre.

 

Les deux ex-salariés devenus dirigeants en 2005 : Sandrine Aubois, directrice générale, et Jean-Jacques Guyot, directeur. MCH occupe le site d’une ancienne brasserie, non loin de la Sambre.

Les deux ex-salariés devenus dirigeants en 2005 : Sandrine Aubois, directrice générale, et Jean-Jacques Guyot, directeur. MCH occupe le site d’une ancienne brasserie, non loin de la Sambre.

Une femme à la tête d’une entreprise sous-traitante de l’industrie, ce n’est pas fréquent. Sandrine Aubois a l’habitude qu’on lui fasse cette remarque. “Ce n’est pas si rare que cela, je connais d’autres entreprises, pas loin, également dirigées par des femmes. Pour ma part, je pense que j’ai des traits de caractère masculins et une autorité naturelle. En outre, je m’appuie sur un savoir-faire technique et donc, quand je parle, non seulement on entend ma voix mais on m’écoute. On dit même de moi que je suis plutôt stricte.” Elle précise qu’avant de devenir “DG”, elle était déjà bien connue du personnel et des clients de l’entreprise en tant que technicienne de bureau d’études.
La patronne, et mère de famille, ajoute en souriant qu’elle a l’habitude de se sentir “seule”. Elle énumère ses diplômes, tous préparés en alternance et dans l’industrie : CAP de chaudronnerie, CAP et BEP de maintenance, bac puis BTS de dessin industriel. “Le travail en milieu masculin, ça ne me fait plus peur !

Bientôt 30 ans d’âge. Sandrine Aubois, directrice générale, et Jean-Jacques Guyot, tuyauteur devenir directeur, ont pris leurs fonctions, explique-t-elle, à la suite du décès brutal de leur patron, Jean-Benoît Bocahut, qui a dirigé l’entreprise entre 2000 et 2005. “On était alors salariés tous les deux Il a fallu organiser la reprise en créant un holding de gestion, pratiquement sans aide extérieure en dehors de prêts personnels obtenus auprès de Sambre-Avesnois initiative, à Maubeuge”, se souvient-elle.
L’histoire de l’entreprise – installée rue Henri-Barbusse à Marpent, non loin de Jeumont, près de la Sambre et dans une partie des anciens locaux d’une brasserie – commence cependant en 1983. Bientôt 30 ans ! “Au démarrage de MCH, ils étaient deux, dont le créateur Pierre Loiseau qui a pris sa retraite en 2000. Le nom, l’adresse, l’activité n’ont pas changé depuis. MCH a compté jusqu’à 50 personnes en 1995 avant de se stabiliser à 35, puis de tomber à 25.” Sandrine Aubois explique que les effets de la crise ont commencé à se faire sentir en 2009 et qu’il a fallu prendre des décisions difficiles : trois licenciements, sept CDD non renouvelés, arrêt du recours à l’intérim. Aujourd’hui, elle constate qu’en ce printemps, le carnet de commandes est à nouveau en progression. “Aujourd’hui, le chiffre d’affaires est stable et l’on espère que la trésorerie sera bientôt moins tendue.” Autre signe positif, elle précise que l’entreprise a trouvé de nouveaux clients à Paris, Marly et dans le secteur des carrières. “On espère revenir à 35 personnes dès que possible.

Sous-traitante de l’industrie. Comme son sigle l’indique, MCH touche à la maintenance, à la mécanique et à la chaudronnerie. Elle fait partie – et la directrice générale le reconnaît – des “invisibles” de l’industrie, de ces PME indispensables mais travaillant dans l’ombre des grands donneurs d’ordre. “Nous travaillons toute l’année et nous avons, commente Sandrine Aubois, nos pics d’activité en août et en décembre quand nos clients sont fermés.” L’activité ne s’arrête pas à la maintenance : “On répare, on entretient mais on réalise aussi des travaux neufs. On fabrique ainsi des passerelles, des bâtiments, des trémies, des convoyeurs, du petit outillage… Mais on ne fait pas de machines.” MCH touche à bien des domaines : tubes, aciéries, laminoirs, câbleries, fonderies, agroalimentaire, nucléaire… “C’est la câblerie qui a même apporté ses premiers clients à l’entreprise.

Présence en Belgique depuis le début. Aujourd’hui, l’entreprise sambrienne compte une cinquantaine de clients dont une partie dans la proche Belgique. Ils sont installés en Sambre-Avesnois, dans le Cambrésis, le Valenciennois, mais aussi dans la Somme, à Paris, Bruxelles, Charleroi. “En Belgique, on réalise environ 20% de notre chiffre d’affaires. Avec les mêmes prestations. Nous espérons nous développer encore de ce côté, l’entreprise étant transfrontalière depuis ses débuts. Sur les dix personnes placées à l’année dans des entreprises clientes, nous en avons six en Belgique.
La force de l’entreprise, confie-t-elle, c’est de disposer de personnels polyvalents et réactifs. Elle ajoute qu’il faut être constamment sur la brèche en matière commerciale et à jour sur le terrain de la formation et des certifications. “La présence chez nos clients, c’est également indispensable car les responsables de maintenance changent régulièrement et on est vite remplacé.
Côté projets, s’il n’y a pas d’investissements en vue, Sandrine Aubois évoque cependant d’une part “Mons Capitale européenne de la culture en 2015” qui comprendra un volet économique intéressant les entreprises de Sambre Avesnois1, et, d’autre part, un projet de regroupement avec d’autres entreprises proches afin de pouvoir répondre à des marchés plus importants…

1. L’organisation de Mons 2015 a mis en place un club d’entreprises, les invitant à devenir des “business ambassadeurs”. Un challenge a été aussi lancé qui vise à réunir 2 015 entreprises et 2 millions d’euros de contributions.