Et si Supraways était la solution à la thrombose routière ?
Les acteurs économiques ne cessent de le répéter depuis des années : l’engorgement de la métropole nuit à l’activité du territoire. À la veille des élections municipales, ils ont rendu publique une étude technique sur les navettes suspendues imaginées par Supraways.
Voyager au-dessus des routes pour désengorger le territoire, étendre le maillage et limiter l’impact au sol. Voilà qui pourrait être une solution à la thrombose que connaît la métropole depuis des années, et qui a poussé le Smalim (Syndicat mixte des aérodromes de Lille-Lesquin et de Merville) et la Fédération des Promoteurs immobiliers des Hauts-de-France à cofinancer une étude technique, appuyés par le Medef Lille Métropole, la CCI Grand Lille et le Comité Grand Lille. «Avec la nouvelle concession attribuée à Eiffage/Aéroport Marseille Provence, nous allons passer de deux à quatre millions de passagers et ajouter du flux à celui existant. Nous avons déjà travaillé sur l’évolution de la part modale. Actuellement, seuls 5% de nos passagers viennent en navette, notre objectif est d’atteindre les 17%» explique Christophe Coulon, président Aéroport de Lille. Un vrai sujet collectif donc, et une problématique d’intérêt public dont se sont emparés les acteurs économiques régionaux, bien destinés à faire entendre leurs voix, à quelques mois des élections municipales. Si la MEL propose de mettre à disposition davantage de bus en direction du sud de la métropole, cette solution ne semble «pas assez suffisante». Et Christophe Coulon de glisser qu’il est ouvert à la discussion sur le terrain de 50 hectares sous maîtrise publique au Sud de Lille – dont le Smalim est propriétaire –, pour en faire un futur hub urbain de mobilité, sous la forme par exemple d’un parking relais comme il en existe aux différentes portes d’entrée de Lille.
Le contrepied au tramway
Supraways, jeune entreprise lyonnaise créée il y a cinq ans, conçoit, développe et intègre des réseaux de transports publics nouvelle génération. Ces véhicules autonomes et intelligents – baptisés «Supras», pour Système Urbain Personnalisable Rapide Autonome Solaire – sont plébiscités par les grandes agglomérations pour leur faible impact au sol : les navettes, suspendues à un rail perché sur des piliers en béton, désengorgeraient le trafic sans subir la lourdeur de la construction d’un nouvel axe routier. Deux fois moins cher que l’installation d’un tramway – entre 12 et 17 M€ du km contre 25M€ pour un tramway –, les Supras fonctionnent sur une moyenne de 50 km/heure en ville, avec des réseaux de boucles interconnectés, sans changement ni arrêts intermédiaires. «C’est un transport à la demande grâce à un management de flotte centralisé. Les véhicules communiquent entre eux pour anticiper les flux vides», explique Claude Escala, fondateur de Supraways. Doté de panneaux solaires, chaque véhicule peut transporter entre 7 et 9 passagers (soit 5 à 7 000 personnes transportées toutes les heures par véhicule), mais aussi des marchandises (à raison d’1,5 tonne) pour exploiter le réseau durant les heures creuses. En ce qui concerne le réseau urbain sur la métropole lilloise, Supraways a donc imaginé un axe central de navettes sur 2×2 voies (28 km), complété de 62 km de 2×1 voies et de 30 km d’1×1 voie, pour un total de 55 stations. Et principalement sur les axes encombrés : la couronne Nord-Ouest et la zone de Villeneuve d’Ascq-Seclin.
«C’est un transport à la demande grâce à un management de flotte centralisé»
Cinq sites pilotes
Cinq lignes ont été jugées prioritaires par Claude Escala, dont la prioritaire serait celle située entre l’aéroport de Lille et la gare Lille-Flandres, sur une distance de 10,5 km, desservant huit stations autour des pôles économiques, scolaires, universitaires ou sportifs. Les autres axes prévus : Aéroport-Porte des Postes, Saint-Philibert-Parc de l’Europe (Marcq-en-Barœul), Quatre Cantons-Les Près et Aéroport-4 Cantons. «La mobilité est un enjeu de santé publique, de développement et de compétitivité des entreprises, mais aussi d’attractivité du territoire», lance Louis-Philippe Blervacque, président CCI Grand-Lille. Une réflexion que la chambre a déjà engagé depuis plusieurs années, et qui sera renforcée par un audit interne sur cette solution du Supraways. Solution écologique (pas d’émission de particules et un bilan carbone neutre), logistique, flexible… mais aussi avec un avantage compétitif non négligeable, le Supraways pourrait voir le jour à Lille «d’ici quatre à cinq ans», espère Claude Escala. Un site pilote devrait voir le jour à Saint-Quentin-en-Yvelines vers 2021, premier test grandeur nature de ces navettes pour l’instant installées nulle part ailleurs. Reste à savoir embarquer l’ensemble des acteurs économiques et politiques dans le sujet.