Entrepreneur en Meurthe-et-Moselle, d’hier à aujourd’hui

Les changements sociétaux s’effectuant depuis l’arrivée de l’Internet et les mutations profondes nées de la crise sanitaire bousculent tant de codes établis. L’ouverture sur le monde et l’accès à l’information à toute heure et en tout lieu ont révolutionné notre manière de vivre. L’entrepreneuriat n’y échappe pas. En Meurthe-et-Moselle, jamais les créateurs n’ont été aussi nombreux. Demain, tous entrepreneurs ?

Les changements sociétaux portent de nouvelles typologies d’entreprise.
Les changements sociétaux portent de nouvelles typologies d’entreprise.

5 796. C’est le nombre d’entreprises, selon les données de l’Insee, qui ont vu le jour depuis janvier en Meurthe-et-Moselle. Un record en la matière, dans la mouvance hexagonale. La France a-t-elle donc retrouvé tant le goût d’entreprendre ? Peut-on entreprendre partout et tout le temps ? L’entrepreneur de 2021 est bien différent de l’entrepreneur des années 80, et a fortiori des générations antérieures. Longtemps, pour monter son affaire, une personne devait invariablement songer à ouvrir son entreprise. Les implications financières étaient souvent importantes et freinaient beaucoup d’individus, n’ayant pas les ressources pour atteindre leur Graal. Il y a quelques décennies, le travail était perçu d’une manière différente de celle de notre époque hyper connectée. C’était écrit : une personne était plus ou moins vouée à devenir, et à rester, un employé, selon sa provenance sociale. En retour, on lui garantissait un salaire et une retraite. Internet est apparu. Pléthore d’ouvrages ont été écrits sur les avantages d’être son propre patron. Les cours, les formations, les informations sur la toile se sont multipliés pour maîtriser cet écosystème de l’indépendance. En 2008 était lancé le statut d’auto-entrepreneur, devenu micro-entrepreneur. Treize ans plus tard, le constat est édifiant. De janvier à septembre 2021, 3 956 micro-entreprises ont vu le jour en Meurthe-et-Moselle, toujours selon l’Insee. Soit 68 % du global de créations dans le département. La crise sanitaire a contribué à ce boom.

La philosophie de l’entrepreneur

Sur ce premier semestre en France, plus de 300 000 micro-entrepreneurs se sont lancés. L’instabilité causée par la Covid-19 dans les entreprises a inquiété un grand nombre de salariés. Beaucoup ont pris la tangente, choisi de monnayer savoir, talent et expérience, au lieu d’aller chercher un nouvel emploi ailleurs. Les confinements ont consacré le télétravail. Il a fallu gérer les horaires par soi-même. Un apprentissage pour beaucoup, une révélation de potentiel personnel aussi et des envies d’ailleurs. La crise économique donne des signaux de reprise, des employés changent de vie, créent leur propre entreprise. Le total de structures de type entrepreneurial dépasse les 85 000 en Meurthe-et-Moselle. C’était quelque 60 000 il y a dix ans. Selon l’expression consacrée, «il s’est passé quelque chose». L’histoire des entreprises en Meurthe-et-Moselle s’ancre sur de nombreuses entités issues de grands groupes, souvent nées d’ailleurs sous l’impulsion de l’État, avec ce volet de privatisations d’anciens services publics. Longtemps, le mode PME n’a pas été reconnu à sa juste valeur, pour des raisons autant idéologiques que culturelles. Puis, on est passé à ce leitmotiv, «La France, paradis pour entreprendre.» Le phénomène start-up a pris son envol. En quelques décennies, on est passé «de l’entrepreneuriat peu accessible à tous» à «demain, tous dirigeants.» La juste mesure de l’entrepreneuriat se situe sur un axe médian. Les nouveaux entrepreneurs, portés par les opportunités liées aux marchés des nouvelles technologies, des transitions numérique et écologique, construisent leur entreprise avec cette alliage de passion, d’implication, d’innovation, de vision prospective. En somme, vivre avec son temps en y mettant tout son temps. Au demeurant, la patine de l’entrepreneur reste la même, c’est son environnement qui a changé et le morcellement de l’entrepreneuriat qui s’est imposé. Avec cette donnée à méditer. Actuellement, les deux tiers des entrepreneurs de moins de 35 ans viennent d'une famille de chef d'entreprise. Ce qui confirme l'importance de la transmission de l'esprit d'entrepreneuriat ainsi que des contacts et du réseau nécessaires également.