Entre perfusion et perdition dans le Grand Est
Touché de plein fouet par la crise de la Covid-19, le secteur de la Culture dans le Grand Est tente vaille que vaille de ne pas sombrer. Le secteur ne se limite pas au seul spectacle vivant, loin de là. Dans une récente enquête, parue le mois dernier, l’Insee régionale dresse le bilan du poids de ce secteur dans la région et les répercussions de la crise actuelle.
Une baisse moyenne de l’ordre de 25 % dans le secteur de la Culture ! C’était en juillet avec les premières estimations du ministère de la Culture sur les conséquences de la crise de la Covid-19. Pas un scoop d’annoncer que les choses se sont progressivement aggravées malgré une relative bouffée d’oxygène pendant la période estivale. – 72 % pour le spectacle vivant. – 36 % pour le patrimoine. – 31 % pour les arts visuels et – 28 % pour l’architecture. La région Grand Est n’échappe pas à la règle et ce secteur est plus que vulnérable en cette période de crise sanitaire. Conclusion tirée par l’Insee Grand Est dans une enquête parue fin octobre «La Culture dans le Grand Est : un secteur vulnérable en période de crise sanitaire». Le poids en termes d’emplois directs dans le secteur de la Culture est estimé par l’Insee à 1,7 % des emplois (chiffres de 2017) dans la région (contre une moyenne nationale de 1,9 %). Reste que les emplois induits s’additionnent indéniablement et cela laisse présager bon nombre de problématiques dans les mois à venir surtout que «55 % des emplois culturels dans le Grand Est sont des emplois de durée (CDI ou fonctionnaires)», souligne l’Insee, le reste étant le fait d’emplois non-salariés.
Spectacle vivant, un poids lourd
«C’est une spécificité de ce secteur. Les emplois non-salariés sont très nombreux : 28 % des emplois culturels contre 11 % dans l’ensemble de l’économie. Cette proportion est pourtant la plus faible des régions de province. Elle est très variable d’un domaine culturel à l’autre : plus des trois quarts des emplois des arts visuels sont non-salariés, mais presque aucun dans les activités liées au patrimoine. De ce fait, le secteur de la Culture est particulièrement vulnérable, notamment dans les arts visuels et le spectacle vivant», assure l’Insee Grand Est dans son enquête. Dans la région, deux domaines prédominent dans le secteur de la Culture : l’édition écrite et le spectacle vivant. Ils regroupent chacun 20 % des emplois culturels soit 7 000 dans le Grand Est. «À elle seule, l’activité d’édition de journaux rassemble un tiers des emplois. Pour le spectacle vivant, c’est l’activité de gestion de salles de spectacles qui se démarque plaçant ainsi le Grand Est au deuxième rang des régions pour le poids de cette activité dans le secteur culturel.» La publicité s’affiche dans le Grand Est comme le troisième domaine d’activités culturelles avec ses 5 000 emplois, elle regroupe 14 % des emplois culturels dans le Grand Est (contre 12 % en France). Du côté du patrimoine : «c’est un domaine culturel spécifique à la région. L’activité de gestion des bibliothèques et des archives y est particulièrement développée avec près de la moitié des emplois concentrés à la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg et un quart à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.» Déjà durement touché par les premiers effets de la crise sanitaire, le secteur a tout mis en œuvre pour tenter d’éviter la casse et les différentes aides étatiques et régionales permettent encore à bon nombre de structures de tenir mais jusqu’à quand ?
Grandes villes en première ligne
Un quart des emplois du secteur de la Culture dans le Grand Est est concentré dans la zone d’emploi de Strasbourg. Nancy, Metz, Mulhouse et Reims se partagent ainsi 39 % des emplois culturels. Nancy est plus spécialisée dans l’audiovisuel-multimédia et le spectacle vivant. Metz et Mulhouse se démarquent dans l’édition écrite tandis que Reims affiche sa prédominance dans le spectacle vivant et la publicité. «Les autres zones d’emplois, plus petites, sont complémentaires et jouent un rôle essentiel de relais culturel et de maillage du territoire», souligne l’Insee Grand Est dans sa récente enquête.