Enquête préliminaire pour identifier d'autres victimes du pédocriminel Le Scouarnec

La justice a ouvert une nouvelle enquête pour identifier d'autres victimes du pédocriminel Joël Le Scouarnec, actuellement jugé à Vannes pour des viols et agressions sexuelles sur 299 patients, qu'il a pour la...

 © Claire ROBICHE
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La justice a ouvert une nouvelle enquête pour identifier d'autres victimes du pédocriminel Joël Le Scouarnec, actuellement jugé à Vannes pour des viols et agressions sexuelles sur 299 patients, qu'il a pour la première fois jeudi reconnus dans leur intégralité.

"En dépit des investigations menées, de la forte médiatisation de l'affaire, des réunions et des communications organisées, il reste toujours possible (...) que certaines victimes n'aient pu, encore, être identifiées", a indiqué le parquet général.

Le parquet de Lorient a ouvert cette nouvelle enquête préliminaire pour "agressions sexuelles et viols, sachant que (ces qualifications) seront affinées selon chaque situation au vu des éléments établis", a-t-il précisé.

Jugé à Vannes depuis le 24 février par la cour criminelle du Morbihan, Joël Le Scouarnec, 74 ans, écrivait minutieusement dans des fichiers le récit des violences sexuelles infligées à ses victimes, majoritairement mineures, dont il indiquait souvent le nom, le prénom et l'âge.

Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers (Vienne) - qui est saisie de cette deuxième enquête - ont, grâce à ce matériel, retrouvé quelque 300 victimes.

Mais d'autres noms apparaissent dans ces "carnets" et ces personnes n'ont pas été retrouvées par les enquêteurs.

"Certaines n'ont pu, encore, être identifiées, auditionnées, ont refusé de l'être, ne se sont pas manifestées, soit à l'étranger ou dans une autre situation d'empêchement", a expliqué le parquet général.

"On ne s'opposera pas à ce que M. Le Scouarnec soit entendu pour cette nouvelle enquête", a déclaré à l'AFP l'un des avocats de l'ex-chirurgien viscéral, Me Thibaut Kurzawa.

Devoir de vérité

Quant aux 299 victimes identifiées pour le procès de Vannes, Joël Le Scouarnec a reconnu jeudi pour la première fois sa culpabilité pour l'intégralité des faits, a indiqué à l'AFP l'un de ses avocats, Me Maxime Tessier, pour qui il s'agit d'"un tournant" du procès.

Jusqu'à présent, l'accusé n'avait reconnu les faits qu'un par un, au fur et à mesure des débats et de la lecture de ses carnets.

"Je suis dans un devoir de vérité", a dit Joël Le Scouarnec pour expliquer ce changement d'attitude, selon son avocat.

"J'ai demandé à la cour qu'il soit acté au procès verbal des débats que M. Le Scouarnec a reconnu sa culpabilité pour les 299 faits", a souligné Me Tessier.

"La reconnaissance est une étape cruciale pour permettre aux victimes d'avancer, et c'est bien qu'elle arrive à ce stade du procès", a réagi Me Frédérique Giffard, qui représente une quinzaine de parties civiles.

Déjà condamné à 15 ans de prison en 2020 pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants à Saintes (Charente-Maritime), Joël Le Scouarnec avait déjà avoué le 28 février des "abus sexuels sur (sa) petite-fille", en présence de son fils aîné, le père de l'enfant, venu témoigner à la barre.

Le même jour, la présidente Aude Buresi avait demandé au directeur d'enquête s'il était "en mesure d'affirmer qu'aucune victime n'(avait) été oubliée".

Le gendarme de la section de recherches de Poitiers avait répondu que ses enquêteurs avaient "recensé la majorité des victimes dans (les) écrits" de l'accusé.

Avancée formidable

Qualifiant l'ouverture de cette nouvelle enquête d'"avancée formidable", Me Francesca Satta a indiqué avoir été contactée par des personnes estimant avoir été "oubliées" par les enquêteurs.

"Tous les jours, j'ai de nouvelles personnes qui me contactent et qui me demandent si elles ne sont pas potentiellement victimes de Joël Le Scouarnec", a déclaré à l'AFP Me Satta, avocate de plusieurs parties civiles au procès de Vannes.

L'AFP a pu consulter le procès-verbal d'une personne ayant déposé plainte début mars pour "viol sur mineur" contre Joël Le Scouarnec. 

Pour Me Céline Astolfe, avocate de l'association Fondation pour l'Enfance, "il est vraisembable que nous n'ayons pas une liste exhaustive des victimes" de M. Le Scouarnec.

"D'abord parce qu'on s'est limité aux carnets, parce qu'on n'a pas interrogé non plus la Sécurité sociale", afin d'avoir la liste intégrale des patients de l'ex-chirurgien, a souligné Mme Astolfe.

"On sait qu'il y a un nombre de victimes qu'on n'est pas en mesure de chiffrer, qui seront a priori jamais identifiées", a-t-elle regretté.

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