Encuentro, le chocolat qui fait voyager les papilles

Il flotte une délicieuse odeur de cacao quand on pénètre dans la fabrique d'Encuentro, à Saint-André-lez-Lille. Depuis leur arrivée en fin d'année dernière, Antoine Mashi, Candice Peytour et leurs huit salariés imaginent, torréfient et fabriquent tablettes, infusions de cacao et autres gourmandises aux saveurs d'ailleurs.

Candice Peytour et Antoine Mashi, cofondateurs d'Encuentro.
Candice Peytour et Antoine Mashi, cofondateurs d'Encuentro.

Si aujourd'hui Candice Peytour et Antoine Mashi sont installés sereinement à Saint-André-lez-Lille dans un laboratoire flamblant neuf, leur histoire n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Après leur rencontre à Lille durant leurs études, ils sont partis vivre en République dominicaine et y découvrent ce pays, plus grand exportateur de cacao bio au monde mais sans aucune fabrique sur place. «Là-bas tout est possible ! Beaucoup d'entreprises se créent et on a décidé de lancer une fabrique de chocolat en 2012», explique Antoine Mashi.

Malheureusement l'histoire ne va pas durer très longtemps... «Ce qui devait être simple est devenu très compliqué : pour acheter le cacao et fabriquer sur place, il fallait le dédouaner, ce qui impliquait de gros mouvements financiers», se rappelle Antoine Mashi. Rapidement, le couple subit des menaces de la mafia locale et quitte sa fabrique – et ses 15 salariés – en un mois, laissant tout sur place.

De nombreuses distinctions

Une expérience qui a forcément laissé des traces mais qui n'a pas empêché le couple de se lancer à nouveau dans le chocolat mais cette fois-ci à Paris, où ils vivent à leur retour de République dominicaine. «On a commencé par un 20 m2 à Montreuil, sans fenêtres, on a investi dans les premières machines que nous avons encore aujourd'hui», raconte Antoine Mashi.

Encuentro passe ensuite à la vitesse supérieure lorsque les magasins Printemps choisissent de les distribuer, puis les Galeries Lafayette... C'est aussi une rencontre avec Alain Ducasse qui les fait passer dans la cour des grands, suivie d'une avalanche de récompenses : Encuentro reçoit un Award de la découverte lors du Salon du chocolat, est coopté par le chef pour entrer au Collège culinaire de France (qui rassemble des artisans français et les promeut dans le monde entier). Rrapidement, le couple ne cesse d'être contacté par des épiceries.

Suivront d'autres distinctions comme la meilleure tablette au concours Epicure d'or en 2019 mais aussi le prix du plus beau packaging, trois fois de suite. «On ne propose pas du simple chocolat mais un voyage. L'identité est très importante pour nous», raconte Antoine Mashi. «Le chocolat est très technique à travailler. On a trouvé des recettes spécifiques de torréfaction, chaque étape est importante. C'est un peu comme la création d'un parfum», détaille Candice Peytour.

Paris puis... les Hauts-de-France

Rapidement, l'appel des Hauts-de-France va résonner dans la tête du couple : «Paris a été une belle carte de visite et c'est le hub de la food tech, mais c'est difficile de se faire une place.» D'abord incubés à Euralimentaire, Encuentro – «la rencontre» en espagnol mais aussi un spot de surf de République dominicaine apprécié de Candice et d'Antoine – est, depuis fin 2021, installée à Saint-André-lez-Lille. Rien qu'en 2021, ce sont 10 tonnes de fèves reçues et transformées, pour 100 000 tablettes vendues.

Sur un marché ultra concurrentiel, Encuentro mise sur son histoire et ses produits : «Le but, ce n'est pas de faire la même chose que les autres. Nous voulons proposer de la qualité tout en tant engagés avec notre cacao éthique. Mais il ne suffit pas de vendre du chocolat bio et éthique ; s'il n'est pas bon, cela ne sert à rien. Aujourd'hui il est rare de manger sans faire du sens.»

Tout est fabriqué sur place, dans les nouveaux locaux d'environ 600 m2.

Encuentro travaille avec neuf cacaos différents, provenant de partout dans le monde : Haïti, Guatemala, Pérou, Congo... Les produits sont aujourd'hui distribués dans plus de 200 magasins en France (épiceries, cavistes...) dont une vingtaine dans les Hauts-de-France (Epicerie Madame, Les Epicentriques, Cafés Méo, Persil...) et également sur le web. «On essaie de respecter une zone de chalandise avec un fournisseur par quartier. Mais nos clients peuvent aussi venir nous voir ici à Saint-André ! C'est aussi le but d'avoir un laboratoire vitré, pour pouvoir montrer notre savoir-faire.»

«Le luxe, c'est le chocolat qui sort de son moule, avec une explosion en bouche», conclut Candice Peytour. Technicité, passion mais aussi gourmandise, de savants mélanges qui font toute la spécificité d'Encuentro.