Enchères: le yacht Stefania vendu 10 millions d'euros au profit de l'Etat

Le Stefania, yacht de luxe saisi dans une affaire de blanchiment impliquant un Biélorusse, est finalement parti aux enchères jeudi à La Ciotat pour 10 millions d'euros, une somme qui...

Le yacht de luxe Stefania, ici à quai à Antibes (Alpes-Maritimes) le 22 janvier 2024 © Nicolas TUCAT
Le yacht de luxe Stefania, ici à quai à Antibes (Alpes-Maritimes) le 22 janvier 2024 © Nicolas TUCAT

Le Stefania, yacht de luxe saisi dans une affaire de blanchiment impliquant un Biélorusse, est finalement parti aux enchères jeudi à La Ciotat pour 10 millions d'euros, une somme qui ira directement dans les caisses de l’État.

Les enchères, étaient menées par l'étude De Baecque pour le compte de  l'Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc).

La mise à prix avait initialement été fixée à 10 millions d'euros, mais elle avait finalement été abaissée à 9,5 millions, a expliqué à l'AFP le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, après la vente.

"Les magistrats français se battent contre la criminalité organisée internationale et ce résultat valorise ce travail", a ajouté M. Bessone.

La vente était organisée depuis les chantiers navals de La Ciotat, ville méditerranéenne située près de Marseille, au pied du bateau, mis au sec après quelques travaux.

Long de 41 mètres, ce navire quasi-neuf construit en 2021 est doté de ponts spacieux et d'intérieurs Art Déco tout en marbre blanc et plaquages dorés. Il propose cinq suites avec salles de bain privatives et notamment un jacuzzi.

Estimé initialement entre 10 et 12 millions d'euros, le Stefania devient le bien non immobilier le plus cher vendu par l'Agrasc depuis sa création en 2011.

Ce yacht avait été saisi en octobre 2023 par la police italienne, à la demande des autorités françaises, lors d'une escale près de Gênes (nord de l'Italie), alors qu'il s'apprêtait à prendre le large, direction Dubaï.

La justice française l'a saisi avec une fastueuse villa estimée à 10 millions d'euros sur la Côte d'Azur, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). 

Le parquet de Marseille, qui a mené l'enquête, a en effet estimé que "l’analyse des montages financiers complexes, des sociétés écrans et des mouvements de fonds suspects en provenance de paradis fiscaux confirmait la volonté de dissimuler l’origine frauduleuse des fonds" utilisés pour leur achat.

Au final, les investigations ont permis d'identifier un individu, un Biélorusse nommé Chaslau Koniukh, selon un arrêt de la Cour de cassation sur ce dossier que l'AFP a pu consulter. Au coeur d'une enquête pour "trafics d’armes, trafic de produits stupéfiants et blanchiment en bande organisée" , cet homme n'a toujours pas été appréhendé.

Outre des biens immobiliers, l'Agrasc peut saisir des assurances-vie, des biens mobiliers comme ce yacht, des comptes bancaires ou même des crypto-actifs. 

En 2024, elle a confisqué 244,1 millions d'euros de biens dont 160 millions ont été directement reversés au budget de l’État, soit 50 millions de plus par rapport à 2023.

À La Ciotat, un autre yacht, l'Amore Vero, deux fois plus long (86 mètres), est immobilisé depuis trois ans par les douanes françaises dans le cadre des mesures de gel prises par l'Union européenne contre des biens appartenant à des Russes, à la suite de l'invasion russe en Ukraine.

38347CP