En refusant de voter la motion de censure, le PS fait sa mue
Le Parti socialiste a fait sa mue réformiste dans la douleur en refusant jeudi de voter la censure du gouvernement, un changement incarné de manière inattendue par son Premier...
Le Parti socialiste a fait sa mue réformiste dans la douleur en refusant jeudi de voter la censure du gouvernement, un changement incarné de manière inattendue par son Premier secrétaire Olivier Faure, jusqu'alors plus intransigeant.
Après de houleux débats au sein du groupe des députés socialistes, et de son bureau national, le Parti socialiste a décidé, non sans difficulté, de ne pas voter la motion de censure défendue par La France insoumise, des écologistes et des communistes.
Une position aussitôt conspuée par le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé sur X le PS d'avoir "capitulé" et "fracturé le Nouveau Front populaire".
C'est de fait la première fois depuis la création du NFP, en juin dernier, que les socialistes ne votent pas une motion de censure avec le reste de la gauche. Durant la précédente alliance de gauche Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), ils avaient également voté une fois, en novembre 2022, à l'inverse de leurs partenaires.
En acceptant d'entrer en négociations avec un gouvernement de centre-droit, Olivier Faure, qui a été l'un des artisans de la Nupes puis du Nouveau Front populaire, avec La France Insoumise, a surpris.
Pour lui, après avoir censuré le gouvernement précédent de Michel Barnier, qui selon lui "n'a jamais ouvert de négociation" et "n'a négocié sa survie qu'avec l'extrême droite", le PS avait la responsabilité de tout faire pour éviter une période d'instabilité politique supplémentaire.
"Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire parce qu'elle peut conduire à la pire des politiques, c'est-à-dire l'arrivée de l'extrême droite" au pouvoir, a-t-il argumenté dans l'hémicycle.
Le Premier secrétaire du PS, qui n'a jamais caché son ambition de voir le PS redevenir un parti de gouvernement et sa volonté d'écarter le procès en irresponsabilité qu'on lui fait depuis l'accord avec LFI, a revendiqué "l'honneur d'avoir évité aux Français" un budget plus dur pour leur pouvoir d'achat. Au nom d'une "gauche qui propose, qui avance (et) qui fait céder le gouvernement", a-t-il appuyé.
Parti tiraillé
"Il n'y a pas de revirement, pas de changement", assure à l'AFP le secrétaire général du PS Pierre Jouvet, rappelant que le PS était "dans l'optique d'améliorer la vie des Français".
Le sujet a clairement tiraillé le parti. La décision "n'était pas évidente mais a été prise dans un sens de responsabilité pour les Français", ajoute M. Jouvet.
Au sein des députés, dont beaucoup viennent de territoires ruraux, souvent plus réticents au "bruit et la fureur" de Jean-Luc Mélenchon, un grand nombre étaient enclins, comme l'ex-chef de l'Etat François Hollande, à ne pas voter la motion.
Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes, résume: "A chaque tweet de Mélenchon (menaçant les socialistes, ndlr), ça a eu l'effet inverse".
Mais huit députés socialistes (sur 66) ont finalement fait le choix de la voter.
Et la position d'Olivier Faure, comme celle du chef des députés PS Boris Vallaud, tous deux en première ligne dans les négociations avec le gouvernement, a évolué au fil des discussions, jusqu'à les rendre, dans la dernière ligne droite, davantage partisans d'une censure.
Car Olivier Faure sait aussi qu'il joue gros et qu'il risque de voir rapidement revenir l'accusation de parti "social-traître" qui avait plombé la fin du quinquennat Hollande.
Au sein du groupe LFI, le député Aurélien Taché, affirme déjà que "c'est plus la peine que les socialistes remettent un pied en manif", au risque de se faire invectiver.
Et Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a indiqué sur BFMTV que son parti réunirait ses instance prochainement pour "tirer les conséquences" de la décision socialiste.
Olivier Faure, qui doit faire face à un congrès prévu courant 2025, a prévenu que le PS restait "dans l'opposition" et n'accordait pas "sa confiance au gouvernement", n'excluant pas de voter la prochaine censure lors du budget, afin de peser pour faire avancer ses exigences dans le cadre de la poursuite des négociations avec l'exécutif.
Si les engagements écrits du Premier ministre n'étaient pas tenus dans le budget, "nous déposerons, nous le groupe socialiste, une motion de censure", a mis en garde la députée Dieynaba Diop devant la presse.
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