En matière d'environnement, «l'action des PME et TPE a un impact absolument significatif.»
Entretien avec Pascale Baussant, auteure de «Petit manuel pour l’entreprise : comment agir pour le climat ?» (Éditions EMS), fondatrice du cabinet de gestion de patrimoine Baussant Conseil et administratrice de l’association «1 % pour la Planète».
Pourquoi les dirigeants de PME pourraient-ils avoir envie ou intérêt à lire votre ouvrage ?
Pour les citoyens, il existe de nombreux livres pour savoir comment agir pour le climat. Les grandes entreprises peuvent échanger dans des structures comme le collège des directeurs de développement durable… Mais entre les deux, pour les PME et les TPE, il n’existe pas grand-chose… Je dirige une entreprise de six collaborateurs, et lorsque par conviction, j’ai voulu me plonger dans le sujet, je me suis trouvée très seule ! J’ai cherché, j’ai trouvé beaucoup de mesures possibles et je me suis dit qu’il serait bien de les partager.
Concernant mon entreprise, cette démarche a été très bien accueillie par nos clients, qui voient ces initiatives de manière favorable. Elle peut être une occasion de communiquer. Elle est aussi très appréciée par les collaborateurs. D’ailleurs, de plus en plus, nos futurs collaborateurs auront cette sensibilité à l’environnement, et ne comprendront pas qu’il ne se passe rien dans les entreprises : aujourd’hui, les étudiants suivent tous les cours en responsabilité sociale d’entreprise et sont sensibilisés au sujet du climat.
Quels exemples d’actions simples proposez-vous, pour agir en entreprise ?
Dans une entreprise, on raisonne budget. Alors, j’ai catégorisé les actions en faveur du climat en trois catégories : celles qui ne coûtent rien, celles qui coûtent peu, et celles qui engagent l’entreprise de manière plus importante. Pour la première catégorie, on peut par exemple changer ses polices de caractère, pour en prendre une qui économise jusqu’à 30 % d’encre. On peut également changer de moteur de recherche, en choisissant une solution comme Ecosia, dont l’utilisation permet de planter des arbres. C’est vraiment très facile à mettre en place. Parmi les mesures un peu plus coûteuses, il y a par exemple le fait de mettre à disposition des salariés une machine à filtrer l’eau, ce qui évite les bouteilles en plastique. Pour une société comme la mienne, cela représente 25 euros par mois… Dans la catégorie supérieure, on peut choisir l’électricité verte. Cela coûte 15 à 20 % de plus en sélectionnant un opérateur qui n’utilise que des énergies renouvelables. On peut aussi faire du mécénat, par exemple en rejoignant les quelque 500 entreprises qui ont choisi de donner 1 % de leur chiffre d’affaires au mécénat environnemental, dans le cadre de l’association «1% pour la planète».
Ces mesures ne font-elles pas un peu «gadget», de manière générale, et aussi, en particulier, dans la crise actuelle ?
La crise sanitaire que nous vivons interroge le modèle de la mondialisation, la fragilité de nos économies. Elle va encore renforcer les questions que les entreprises et nos collaborateurs se posent déjà. Il va être d’autant plus urgent de s’attaquer aux sujets de l’écologie, de la responsabilité sociétale de l’entreprise. On a toujours l’impression qu’en étant une petite entreprise, on n’a pas beaucoup d’impact. Or, les PME et TPE représentent 99 % des entreprises en France, 50 % des salariés. Leur action a un impact absolument significatif. Quant au fait de procéder par des transformations du quotidien, cela a un impact sur notre prise de conscience dans l’entreprise. C’est une manière de tendre une perche aux salariés qui sont déjà motivés, engendrer une adhésion chez les autres. Je crois beaucoup à l’élan que l’on peut donner avec des premières mesures. Elles peuvent servir de déclencheur, en entraîner d’autres, dans une démarche de progrès.
* L’ouvrage est également disponible en format ebook. Les droits d’auteurs seront reversés à la Fondation GoodPlanet.