En Inde, un certain parfum de France continue de flotter à Pondichéry

Des policiers portant un képi, des plaques de rue en émail bleu, des habitants échangeant en français: 70 ans après avoir quitté Pondichéry, la France demeure présente à travers les rues animées de...

David Annoussamy, 96 ans, un ancien magistrat pose pour un photographe lors d'un entretien avec l'AFP le 16 janvier 2024 à Pondichéry © Arun SANKAR
David Annoussamy, 96 ans, un ancien magistrat pose pour un photographe lors d'un entretien avec l'AFP le 16 janvier 2024 à Pondichéry © Arun SANKAR

Des policiers portant un képi, des plaques de rue en émail bleu, des habitants échangeant en français: 70 ans après avoir quitté Pondichéry, la France demeure présente à travers les rues animées de cette ville du sud-est de l'Inde. 

Dans le vieux quartier français, très prisé des touristes, une odeur de baguettes fraîches flotte devant une boulangerie ouverte par Saloua Sahl, 44 ans, venue de France. 

"Ils veulent essayer les croissants français, les baguettes, les pains au chocolat, les tartelettes au citron ou au chocolat", se félicite-t-elle, dans le quartier de "la Ville Blanche" connu pour son architecture coloniale et ses demeures centenaires. 

Alors que le président Emmanuel Macron arrive jeudi à New Delhi pour la 75e édition de la Fête de la Constitution indienne ("Republic Day"), les francophiles de Pondichéry estiment que la colonisation française a été moins dure que celle des Britanniques en Inde. 

Il n'y avait "aucune rancoeur", assure David Annoussamy, 96 ans, un ancien magistrat qui a siégé au sein du tribunal français de la ville portuaire. "Les Pondichériens étaient considérés comme des Français, et même eux se considéraient comme des Français du point de vue du droit", dit-il en français, une écharpe traditionnelle tamoule autour de la taille.

Situé le long du littoral au sud-est de l'Inde, le territoire a été conquis par la France en 1674 quand la Compagnie française des Indes orientales a fondé les premiers comptoirs pour faire le commerce d'épices et de produits. 

Pas une question de couleur

La France a cédé la souveraineté de ses possessions en Inde en 1954, soit sept ans après l'indépendance de l'Inde. Il faudra cependant attendre 1962 pour que soit ratifié le traité de cession. 

L'ancien comptoir français a changé de nom pour devenir Pondichéry, un territoire administratif qui comprend également d'autres ex-enclaves coloniales françaises, Karikal, Mahé et Yanam.

"La nationalité n'est pas une question de couleur, il s'agit de connaître la France" et de "parler français", explique à l'AFP cet auteur de plusieurs livres qui a pris la nationalité française au moment de la rétrocession.

"Une personne née à Paris ou une personne née à Pondichéry avait les mêmes droits", se souvient cet amateur de bouillabaisse à la provençale.

Aujourd'hui, New Delhi et Paris nouent un partenariat de plus en plus étroit, la France cherchant à renforcer les accords avec l'Inde, cinquième économie mondiale et première puissance démographique du monde (1,43 milliard d'habitants).

Le Premier ministre indien Narendra Modi a été l'invité d'honneur le 14 juillet à Paris et Emmanuel Macron sera accueilli avec les mêmes égards jeudi et vendredi. 

Au total, 1,25 million de personnes résident sur le territoire de Pondichéry, selon le dernier recensement de 2011, et la plupart parlent la langue tamoule.

Aujourd'hui, seuls 5.000 ressortissants français vivent à Pondichéry, en majorité des descendants d'Indiens qui avaient acquis la nationalité française.

Un pays que nous avons adopté

"C'est un pays que nous avons adopté, et il est devenu notre pays", assure la créatrice de mode franco-indienne Vassanty Manet, en montrant une photo en noir et blanc de son père dans l'armée française.

"On ne peut pas parler de colonisation à Pondichéry, estime-t-elle, préférant plutôt évoquer "un mariage entre la culture locale et la culture française dont nous sommes issus".

Des histoires sur la France ont baigné son enfance et "nourri notre imagination", affirme-t-elle, ajoutant que son oncle s'est battu pour la France en Algérie, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Pour Anita de Canaga, 53 ans, la relation entre les Français et les Pondichériens "était vraiment magnifique, amicale". 

Contrairement au reste de l'Inde, où les noms des rues ont été changés pour effacer l'héritage britannique et les statues des dirigeants venus de Londres ont été déboulonnées, les vestiges de la France demeurent. Telle cette statue de Jeanne d'Arc, qui a combattu les Anglais au XVe siècle, à l'instar des Français face aux Anglais pour le contrôle de Pondichéry au XIXe siècle. 

Et Pondichéry se prépare à dévoiler une réplique de la Tour Eiffel de 13 mètres, explique Chantal Samuel-David, élue de la communauté française du sud de l'Inde. "L'idée est d'avoir un symbole de l'amitié franco-indienne".

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