En Belgique, les ports d’Anvers et Zeebruges fusionnent

Les ports belges d’Anvers et de Zeebruges sont actuellement sur le chemin d’une fusion qui doit renforcer leur position et former l’un des ensembles portuaires les plus productifs au monde. Le Port of Antwerp-Bruges (PAB) doit voir formellement le jour au début de l’année prochaine. Les autorités municipales des deux villes ont signé un mémorandum en février dernier. Elles veulent en faire «le premier port mondial qui réconcilie l’économie, l’homme et l’environnement». Conséquences et perspectives.

Les deux ports veulent profiter de cette fusion pour passer le cap environnemental. © DR)
Les deux ports veulent profiter de cette fusion pour passer le cap environnemental. © DR)

Annoncée en début d’année, la fusion programmée des ports d’Anvers et de Zeebruges est un événement en soi. La dernière fusion sur la côte Manche-mer du Nord est celle entre Calais et Boulogne-sur-Mer, il y a une dizaine d’années. La suivante sera probablement celle des ports du Havre, de Rouen et Paris, en cours depuis deux ans.

En Belgique, l’échelle est tout autre : spécialisé dans les porte-conteneurs et les marchandises, Anvers empile les boîtes depuis un demi-siècle. Zeebruges s’est spécialisé dans le transport ro-ro (notamment avec un marché conséquent de voitures neuves) et le transbordement de gaz naturel liquéfié (GNL), en concurrence directe avec le Grand Port maritime de Dunkerque (GPMD).

A la treizième place mondiale

Avec cette fusion, l’ensemble formera un total de 157 millions de tonnes, ravissant la première place européenne à Rotterdam (153 millions de tonnes). Au niveau mondial, il se place à la treizième place. Mieux, il coiffe ses concurrents européens sur plusieurs chapitres : transit de gaz (15% des flux en Europe), voitures neuves (plus de 3 millions de véhicules par an), et, bien sûr, le marché du conteneur (en tutoyant les 14 millions d’EVP). 

Côté vrac, ils pèseront pour 81,6 millions de tonnes pour les liquides et 13,3 pour les solides, concurrençant là aussi le GPMD. En outre, les deux ports totaliseront près d’un million de passagers croisiéristes par an.

Le nouvel acteur portuaire veut s’appuyer sur cette fusion pour optimiser ses capacités et transformer son image : «Techniquement, le transport ferroviaire de marchandises entre les deux sites sera regroupé, la navigation estuaire (par des navires fluviaux en mer du Nord) sera optimisée et une connexion via des pipelines figure également en tête de la liste des priorités», indique le communiqué. 

Les investissements importants déjà prévus sont maintenus comme la nouvelle écluse à Zeebruges, ou l’extension de capacité pour les conteneurs à Anvers. Ce dernier procède aux derniers tests d’accueil de navires toujours plus gros, en repoussant à 15,7 m son tirant d’eau.

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Le port d’Anvers est spécialisé dans les porte-conteneurs. (@DR)

Port vert et autorité publique

A la faveur de ce projet, les deux ports se sont entendus pour passer le cap environnemental : la réduction de carbone doit découler de l’application Carbon Capture, Utilisation and Storage (CCUS) à laquelle se sont associés les clients du port. Se verdir se fera aussi en développant entre eux des liaisons ferroviaires et fluviales. Le nouveau port sera une société à responsabilité limité sise à Anvers, dont le capital se répartira entre le port d’Anvers à 80,2% et le port de Zeebruges avec 19,8%.

Chaque ville aura trois représentants dans l’instance de direction dont le président. Quatre autres représentants indépendants y siégeront également. En mars, les municipalités voteront sur cette fusion. A eux deux, les ports belges accueillent 1 300 entreprises sur 14 hectares. Près de 75 000 personnes y travaillent quotidiennement. Si les trafics de ces ports desservent en grande partie l’Île-de-France, il s’agit de marchandises majoritairement acheminées par la route.