Emplois cadres : un marché régional encore plus dynamique

Dans la région comme au niveau national, les prévisions de recrutements des cadres pour 2020 sont à la hausse. C’est ce que révèle la dernière enquête annuelle de l’Apec, avec 18 970 embauches attendues, soit +5% comparé à 2019.

Christine Badier, responsable de centre Apec Amiens, Marie Dumoulin, co,sultante Relations entreprises Hauts-de-France, Anne Walter, Talent Manager chez Innovafeed et Ameline Nayet, responsable du recrutement chez Gueudet.
Christine Badier, responsable de centre Apec Amiens, Marie Dumoulin, co,sultante Relations entreprises Hauts-de-France, Anne Walter, Talent Manager chez Innovafeed et Ameline Nayet, responsable du recrutement chez Gueudet.

« Depuis maintenant six ans, le recrutement des cadres se situe à un niveau très élevé, et malgré la légère baisse du PIB en 2019,a observé Christine Badier, responsable du centre Apec d’Amiens. Les entreprises continuent à investir, et ont besoin de profils qualifiés. Un autre facteur à mettre en exergue, c’est la grande mobilité, choisie, des cadres [ndlr, 9% des cadres ont mobiles]. »

Dynamique forte

Les prévisions sont encore meilleures pour 2020 si l’on en juge des résultats de l’enquête menée auprès de 847 entreprises des Hauts-de-France du secteur privé interrogées d’octobre à décembre derniers. Christine Badier a en préambule dressé le bilan des recrutements cadres réalisés en 2019. En 2019 déjà, les recrutements cadres (18 040) avait connu une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. La dynamique régionale surpassait même la tendance nationale, qui, avec 281 300 recrutements de cadres affichait une hausse de 6%. « Il y a une dynamique extrêmement forte sur l’emploi cadre depuis de nombreuses années, de 2000 à 2020, cette population a progressé d’un million sur l’ensemble du territoire national, soit +40% », explique Marie Dumoulin, consultante Relations entreprises Hauts-de-France à l’Apec.

Le Nord de la région tire le recrutement des cadres vers le haut avec 20% de recrutements dans l’ex Picardie. Qui se sont surtout dans les Hauts-de-France portés sur les fonctions informatiques (à 20%) et commerciales/ marketing (19%), suivies à 17% par la R&D. 47% des recrutements se sont portés vers des cadres ayant moins de 5 ans d’expérience.

Il y a une dynamique extrêmement forte sur l’emploi cadre

En 2019, la création nette d’emploi cadre a atteint les 3 900, avec plus de sorties cadres (+7%). L’enquête dévoile également les secteurs ayant le plus recrutés dans la région : les services et l’industrie. « Les entreprises ont besoin de compétences nouvelles, différentes, plus qualifiées et aujourd’hui ce sont elles qui doivent “séduire” les cadres », analyse Christine Badier, « ils sont moins frileux pour changer d’entreprise, la mobilité inter région est de 6,3% », complète Marie Dumoulin. Les Hauts-de-France attirent : « Nous arrivons à capter des cadres de Normandie, Grand Est et Île-de-France », note-t-elle.

Le poids des cadres de la région représente 7% du niveau national, l’évolution de son effectif est inférieure à celle du niveau national (+1,6% contre +2,1%), « ce qui est tout de même conséquent par rapport à notre territoire, nous sommes en la matière la 3e région de France après l’Île-de-France qui pèse 48% de l’emploi cadre, et l’Occitanie », remarque Christine Badier. Parmi les spécificités de la région : les cadres des Hauts-de-France sont un peu plus âgés et surtout plus masculins : 68% d’hommes (contre 64%). On les retrouve en premier dans les services (56%) et l’industrie (20%), et 74% d’entre eux travaillent dans une PME, contre 68% au niveau national.

Perspectives

Les prévisions pour 2020 sont toujours à la hausse, mais dans une moindre mesure : « C’est valable pour tout le territoire, l’heure est à la stabilisation, autour des 300 000 recrutements par an d’ici 2021-2022 », explique Christine Badier. Le Nord-Pas-de-Calais porte 82% des recrutements prévus (15 490) et 11% des entreprises régionales prévoient d’augmenter leur effectif cadre cette année, le Nord tire vers le haut la région (14% des établissements envisageant de nouveaux postes cadres). Les secteurs porteurs pour 2020 : toujours l’industrie (24%, contre 14% au niveau national), les services (60%) portés par l’informatique – les cadres informaticiens mobiliseraient 19% des embauches prévues -, la R&D, l’ingénierie et les conseils, le commerce qui se maintient (11%) et la construction (5%). 49% des entreprises recherchent en premier lieu des cadres de moins de 5 ans d’expérience.

L’Apec a identifié cinq enjeux pour l’emploi cadre en 2020. D’abord la transformation numérique avec son impact sur les métiers et les modes de fonctionnement de l’entreprise. « Aujourd’hui, seuls 45% des cadres occupent une fonction hiérarchique, 25% animent une équipe projet sans responsabilité hiérarchique. On est sur un nouveau modèle, précise Christine Badier. Les cadres recherchent plus de sens et d’équilibre, le rapport au travail se transforme. La prise en comptes des inégalités a également un impact sur ce marché, les attentes évoluent. »

Vient ensuite la différenciation par la promesse employeur, avec le développement de la marque employeur, une communication RH pour mettre en avant les atouts technologiques et humains de l’entreprise, etc. Une problématique à laquelle est sensible Ameline Nayet, responsable du recrutement du groupe Gueudet (distributeur automobile implanté à Amiens depuis 100 ans), qui a recruté en 2019 une cinquantaine de cadres et compte en recruter autant cette année. « C’est primordial pour nous de cultiver cette marque employeur, pour que nos collaborateurs véhiculent les valeurs de Gueudet. Nos process, notre adaptation aux changements permettent eux aussi de promouvoir l’entreprise. Nous recherchons des personnes capables d’incarner ces valeurs, et qui ont soif de découvertes. Le savoir-être est important dans le recrutement. Elles sont ensuite intégrées et accompagnées pour évoluer au sein du groupe. »

Pour la jeune entreprise Innovafeed (implantée à Gouzeaucourt dans le Nord et bientôt à Nesle dans la Somme et spécialisée dans l’élevage d’insectes pour l’alimentation animale), la problématique est un peu différente : « On vend davantage le projet et l’innovation. La cooptation fonctionne bien également », explique Anne Walter, Talent Manager. Innovafeed, qui met l’accent la mobilité interne et la parité, compte recruter une trentaine de cadres cette année.