Emotions, recueillement et politique à la marche en hommage à Nahel

Les visages sont fermés, les yeux parfois mouillés de larmes: un an après la mort de Nahel, tué le 27 juin 2023 par un policier, près d'un millier de personnes lui ont rendu hommage samedi à Nanterre lors d'une marche silencieuse...

 © Guillaume BONNET
© Guillaume BONNET

Les visages sont fermés, les yeux parfois mouillés de larmes: un an après la mort de Nahel, tué le 27 juin 2023 par un policier, près d'un millier de personnes lui ont rendu hommage samedi à Nanterre lors d'une marche silencieuse où les élections législatives étaient de toutes les têtes.

Le cortège de plusieurs centaines de personnes s'est élancé aux alentours de 14h30 pour rejoindre la place Nelson Mandela, où l'adolescent est mort il y a un an: une dizaine de ses amis entouraient sa mère, Mounia Merzouk, derrière une banderole réclamant "Justice pour Nahel et pour tous les autres".

Très émue, Mme Merzouk a remercié les participants et invoqué la mémoire de son fils, "joyeux, serviable" et "tout le temps souriant". "Moi quand je rentre chez moi, j'ai plus personne, j'ai plus mon bébé", a-t-elle raconté, exigeant que "justice soit faite".

"Tous les jours, elle pleure", a glissé son avocat, Me Nabil Boudi.

Dans la marche, où aucun policier n'était visible, Fatma, une militante au sein du collectif Urgence Palestine du 18e arrondissement de Paris qui a préféré taire son nom, est venue à Nanterre "contre l'oubli".

"Il n'y a rien: pas de procès, le policier est libre et Nahel ne reviendra pas", déplore-t-elle.

"C'est important qu'on soit là pour dire qu'on acceptera pas" que des jeunes soient tués par la police, s'emporte Sana, 32 ans, une autre militante.

Le jeune homme a été tué le 27 juin 2023 d'une balle tirée à bout portant par un policier motocycliste qui contrôlait le véhicule qu'il conduisait.

Une première version policière, selon laquelle le jeune homme aurait foncé sur le motard, a été infirmée par une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux. La mort de Nahel a causé plusieurs nuits d'émeutes dans toute la France.

Pas un hasard

L'auteur du coup de feu, Florian M., a été mis en examen pour meurtre et incarcéré pendant cinq mois, avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire.

"C'est pas normal ce qu'il s'est passé, cette mort-là n'était pas méritée", a déploré samedi sur un ton grave Kevani, 14 ans.

"On a l'impression que c'est un éternel recommencement donc on est là pour dire qu'on n'a pas oublié, pour réclamer justice pour Nahel", a renchéri Bouna Mbaye, 33 ans, qui habitait "juste à côté" de l'endroit où l'adolescent a été tué.

"Les violences et les crimes policiers ont pour victimes des gens qui ont une certaine couleur, ce n'est pas un hasard", a asséné le jeune homme, keffieh sur les épaules.

Tout au long du parcours, le premier tour des élections législatives programmé dimanche était dans la tête de nombreux manifestants.

"Je suis extrêmement inquiète de la montée du fascisme qui va forcément rendre nos forces de l'ordre encore plus répressives", a confié Messaouda, une éducatrice de 38 ans venue de Lyon avec une pancarte "refus d'obtempérer au racisme et aux violences policières".

Mounia Merzouk a elle aussi évoqué l'échéance électorale de dimanche en appelant les jeunes à "se réveiller". "Vous savez très bien ce qu'il y a demain, réveillez-vous, il faut éviter les morts (…) il faut protéger nos enfants", a-t-elle lancé.

La marche, qui a ressemblé 650 personnes selon la préfecture de police, s'est terminée dans le calme vers 16h30 aux cris e "Justice pour Nahel !" ou "Pas de justice, pas de paix !"   

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