ElecLink, projet stratégique pour Eurotunnel

« 51 kms de câble seront installés dans le tunnel »
« 51 kms de câble seront installés dans le tunnel »

Il aura fallu cinq années de travail aux équipes d’Eurotunnel pour voir aboutir ce dossier complexe nommé ElecLink. Un «projet stratégique» selon Jean-Alexis Souvras, directeur des affaires publiques, dont l’objet est de construire et d’exploiter une nouvelle interconnexion électrique de 1 000 mégawatts entre la Grande- Bretagne et la France, réalisée dans le tunnel sous la Manche. Soit un sixième des capacités d’échanges électriques entre les deux pays.

 

 

CAPRESSE
Jean-Alexis Souvras, directeur des affaires publiques d’Eurotunnel SE, lors du salon Entreprises et Territoires.

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51 km de câble seront installés dans le tunnel.

En 2011, Groupe Eurotunnel et le fonds d’investissement STAR Capital Partners s’associent pour la mise en place d’une interconnexion électrique entre la Grande-Bretagne et la France et créent la filiale ElecLink dont Eurotunnel détient 49% des parts. Pendant cinq ans, la filiale va mener les études qui permettent de passer du concept à un projet concret, prêt à entrer en phase de construction. «Sur le plan juridique, le transport d’énergie est très régulé par Bruxelles, explique le directeur des affaires publiques d’Eurotunnel. Les négociations se sont passées dans un cadre juridique très contraint.» En témoignent les procédures et autres recours judiciaires qui se sont succédé depuis 2013 et qui viennent tout juste d’aboutir, ayant fait perdre patience au premier actionnaire qui a fini par vendre ses parts à Eurotunnel. Le montant des investissements s’élève à 585 millions d’euros pour Eurotunnel, entièrement financés sur fonds privés. La construction du projet est soumise à une décision des régulateurs français (la Commission de régulation de l’énergie, CRE) et britannique (l’Ofgem), permettant à la connexion de fonctionner comme une ligne marchande, c’est-à-dire une dérogation ponctuelle au monopole de RTE, qui gère le réseau électrique haute tension français et les liaisons transfrontalières. Mais c’est l‘Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) qui a finalement validé les principes d’exploitation du câble. Parallèlement, il a fallu étudier toutes les faisabilités techniques, notamment les compatibilités électromagnétiques de production de chaleur, pour passer un câble dans un tunnel où cohabitent déjà des milliers de capteurs.

Un enjeu économique. Une fois en service, ElecLink augmentera la capacité d’interconnexion électrique existant entre la France et la Grande-Bretagne de 50%. Le projet, soutenu par la France et le Royaume-Uni, s’ajoutera aux 2 000 mégawatts de l’Interconnexion France-Angleterre (IFA), le câble sous-marin appartenant à RTE et son équivalent britannique, National Grid. Une augmentation des capacités qui arrive à point nommé, au moment où les centrales thermiques britanniques ferment les unes après les autres. Les travaux commenceront dans le courant du premier semestre 2017 et devraient durer 36 mois. 51 km de câble seront installés dans le tunnel, 14,5 km entre la succursale britannique NGET et la station de conversion et 3,5 km sur le sol français. Ce chantier devrait mobiliser pas moins de 400 personnes pendant la construction et, une fois fini, 30 personnes devraient être embauchées pour assurer son fonctionnement et sa maintenance. Siemens a été retenu pour la construction des stations de conversion en France et en Grande-Bretagne et Balfour Beatty/Prysmian a été retenu pour la fabrication et l’installation du câble dans le tunnel. Ce chantier peut être considéré comme un gros ballon d’oxygène pour les Hauts-de-France.

Lucy DULUC