Education: le public dans la rue, le privé dans le viseur de députés
"On veut du fric pour l'école publique", "Attal, remballe ton tri social": des centaines d'enseignants sont descendus dans la rue mardi pour protester contre les groupes de niveau et défendre l'école publique, pendant que les députés ont examiné un rapport...
"On veut du fric pour l'école publique", "Attal, remballe ton tri social": des centaines d'enseignants sont descendus dans la rue mardi pour protester contre les groupes de niveau et défendre l'école publique, pendant que les députés ont examiné un rapport parlementaire qui étrille le financement de l'enseignement privé.
"C'est toujours et avant tout le mot d'ordre : +Nous ne trierons pas les élèves+", a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, majoritaire dans les collèges et lycées. "On commence à entendre ici et là des stratégies qui se mettent en place pour agir contre ce tri social, avec, par exemple, le fait de pas faire remonter les notes".
Selon le ministère de l'Education nationale, 7,10% des enseignants étaient en grève mardi, tous niveaux confondus, et 14,94% dans les collèges. Selon le Snes-FSU, le taux de grévistes était de 36% au collège.
Cause de la grogne: la réforme du "choc des savoirs" lancée en décembre par Gabriel Attal, lorsqu'il était ministre de l'Education, pour rehausser le niveau des élèves, mais dont l'une des mesures-phares, l'instauration de "groupes de niveau" en 6e et 5e dès la rentrée, est vilipendée par une partie du monde éducatif.
Grève surtout dans les collèges
L'appel à la grève avait été lancé par le Snes-FSU, le SNEP-FSU (éducation physique et sportive), SUD Education, la CGT éduc’action et la FNEC-FP FO, qui demandent aussi "une revalorisation salariale sans contreparties et des moyens pour l'école publique".
Comme lors des dernières grèves, le mouvement a été davantage suivi dans les collèges mais aussi en Seine-Saint-Denis, où les syndicats, appuyés par la gauche, réclament un "plan d'urgence" pour l'éducation. Douze villes de Seine-Saint-Denis ont mis mardi l'Etat en demeure d'appliquer ce plan.
"On va faire en sorte de ne pas faire ces groupes à la rentrée prochaine", a dit à l'AFP Marie Plantard, enseignante de français dans un collège de Montreuil classé Rep+ (Réseau d'éducation prioritaire renforcé), qui défilait.
A Rennes aussi, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue.
En miroir de cette mobilisation pour l'école publique, un rapport co-écrit par le député Renaissance, Christopher Weissberg, et son homologue LFI, Paul Vannier, examiné mardi après-midi par la commission de l'Education de l'Assemblée nationale, devrait apporter de l'eau au moulin de ceux qui mettent en cause le financement de l'enseignement privé.
Financé "a minima à 75% par la puissance publique", l'enseignement privé sous contrat avec l'Etat fait face depuis plusieurs mois à des critiques, alimentées par les scandales autour de Stanislas, établissement parisien élitiste.
A l'Assemblée, M. Vannier a dénoncé "l'obsolescence" et "la "dérive d'un système mis en place il y a plus de 65 ans", appelant à "une réaction rapide et forte du gouvernement".
Deux poids deux mesures
Financement opaque, dépense de 9,04 milliards d'euros sous-estimée, contrôles budgétaires et pédagogiques insuffisants: le rapport a la dent dure sur la gestion de "l'école libre" par les pouvoirs publics.
Les rapporteurs veulent davantage de contrôle et estiment "que les contreparties exigées des établissements privés sont loin d'être à la hauteur des financements".
"Si on écoute M. Vannier, nos équipes éducatives sont des fraudeurs en puissance et, en quelque sorte, on se gaverait d'argent public. On sait très bien que ce n'est pas du tout comme ça qu'on fonctionne", s'est défendu auprès de l'AFP Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique.
Pour renforcer la mixité sociale et scolaire, M. Weissberg propose de rendre obligatoire la prise en compte de l'indice de positionnement social (IPS) dans le "modèle d'allocation des moyens". M. Vannier prône "un mécanisme de malus" pour baisser les dotations lorsque cet IPS est supérieur à celui des établissements publics du même secteur.
Une vingtaine de personnes, surtout des enseignants, se sont rassemblées de leur côté mardi après-midi devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la fin des subventions publiques du lycée Averroès de Lille, principal établissement secondaire musulman de France, et déplorer le "deux poids deux mesures".
L'Etat français a décidé fin 2023 de mettre fin au contrat le liant à ce lycée, accusé d'avoir dispensé des enseignements "contraires aux valeurs de la République".
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