Edito: Le modèle allemand…
Le 13 juillet dernier, l’Allemagne remportait sa 4e Coupe du monde de football. Derrière les analyses sportives pointait bien vite la comparaison socio-économique. D’un côté, le bon élève allemand, moteur de l’Europe (lequel a capté depuis cinq ans la majorité de la croissance du Vieux Continent), de l’autre le (presque) dernier de la classe français avec ses déficits chroniques, sa croissance atone, son chômage de masse, rétif à la moindre réforme structurelle. Un mois plus tard, sacré coup de vent sur l’Europe : le PIB de l’Allemagne est annoncé en repli de 0,2 % au second trimestre. Pour la première fois depuis 2009, la conjoncture d’Outre-Rhin s’annonce inférieure à la moyenne européenne. L’herbe ne serait donc pas plus verte chez nos voisins ? L’Allemagne est restée très industrialisée au contraire de la France. Pour renforcer sa compétitivité et exporter, elle a fait le choix de flexibiliser son marché du travail : absence de salaire minimum, travail à temps partiel, «mini jobs» sans assurance maladie, disparités importantes entre les salaires de l’industrie et ceux des services. Près d’un travailleur allemand sur 5 est considéré comme pauvre. L’économie allemande, qui a fait le pari de l’innovation et de la montée en gamme de son industrie -avec un certain succès-, a deux handicaps majeurs pour son futur : sa dépendance à l’instabilité des marchés internationaux et son taux de natalité, l’un des plus faibles d’Europe (alors que la France est championne des naissances). Mais toute condescendance face au relatif enrouement allemand serait malvenue, tant notre pays a du pain sur la planche pour retrouver une cohérence et un cap, à défaut d’une ambition. L’Europe économique a les yeux rivés vers Berlin. Ça, ce n’est pas nouveau.