Rencontres régionales de l’économie : une situation difficile, des entreprises résilientes
Malgré les crises successives, le manque de main d’œuvre et l’arrivée du nouveau gouvernement, les entreprises nordistes et françaises sont résilientes. Le point de vue de Dominique Seux, éditorialiste économique, aux Rencontres régionales de l'économie le 16 octobre à Lille.
«Je n’ai jamais vu ça, ce ras-le-bol fiscal et ce contraste entre la situation économique et la sphère politique. La question qui se pose est : combien de temps cela peut encore durer ainsi ?». Le ton de la soirée des Rencontres régionales de l’économie 2024 est donné. Dominique Seux, éditorialiste économique chez France Inter et Les Échos, expert en macroéconomie, était l’invité de la CCI Grand Lille pour cet événement annuel.
Ce 16 octobre, le spécialiste fait le point sur la conjoncture. «Ce n’est pas catastrophique, le mot qui décrit parfaitement la situation, c’est qu’elle est darwinienne», souligne le journaliste pour illustrer la période de forte transition et de mutation que nous traversons. Chiffres à l’appui, il pointe quatre secteurs en grande difficulté : l’automobile, la viticulture, la mode et le bâtiment.
Les Hauts-de-France en ordre de bataille
«La situation économique est molle», souffle le spécialiste. Même si l’inflation s’est redressée en un temps record, atteignant les 2,1% en septembre 2024, contre 4,6 % en 2023, la situation reste tendue pour les chefs d’entreprises. L’emploi est solide, la création d’entreprise n’a jamais été aussi élevée : selon l’Insee, le nombre total d’entreprises créées entre avril 2023 et mai 2024 augmente de 5,8%.
Pour autant, l’emploi ralentit : selon les données de l’Urssaf, l’emploi salarié en Hauts-de-France diminue de 0,2% entre le 1er et le 2e trimestre 2024. Soit près de 2 500 postes perdus en trois mois, principalement dans le Nord. L’intérim, recense, quant à lui, une baise de 2,9% en région, légèrement plus fort qu’en France. «Parmi toutes ces difficultés, les entreprises résistent dans cette nouvelle mondialisation et avancent en consensus, malgré la dette de la France qui peine à diminuer», affirme Dominique Seux.
Le nouveau souffle des JO
Difficile de parler économie et France en 2024 sans évoquer les JO de Paris. Si en Hauts-de-France l’impact a été limité pour l’ensemble des secteurs, excepté l’hôtellerie qui a connu une hausse de 35 % sur cette période, celui sur les Français a été plus que bénéfique. «La cérémonie d’ouverture et l’accueil de cet événement ont prouvé que oui, on est capable dans les domaines économique, créatif et sportif… », analyse-t-il.
Deuxième exemple cité par le directeur délégué de la rédaction Les Échos, le documentaire Kaizen publié par le youtubeur Inoxtag. «Ce garçon de 22 ans a fait 36 millions de vues sur la plateforme en un mois, ça renvoie un signal positif parce qu’il nous donne une leçon, pointe le journaliste. «Les efforts, c’est la vie, elle n’est pas sur nos écrans».
«Si on ne travaille pas plus, on n'arrivera pas à financer nos modèles sociaux»
Un goût de l’effort qui semble vital dans de nombreux domaines. «Je crois qu’on ne travaille pas assez en France. Un Français, en moyenne, travaille 663 heures, alors qu’un Allemand travaille 730 heures ou que pour un Américain, c’est 835 heures, s’inquiète Dominique Seux, avant de conclure : «Si on ne travaille pas plus, on n’arrivera pas à financer nos modèles sociaux».