Easymetha, une solution innovante pour les exploitations agricoles
Ingénieur agricole de formation, Philippe Peultier a créé son entreprise il y a tout juste un an. Il propose aux éleveurs d’installer sur leurs exploitations une unité de méthanisation, un procédé innovant qui leur permet de revendre de l’électricité à un fournisseur d’énergie, leur garantissant ainsi un revenu supplémentaire.
La méthanisation, processus naturel qui permet de transformer les déchets organiques en biogaz, est un procédé connu depuis longtemps, mais qui tend à se développer ces dernières années. « Le sujet m’a toujours intéressé, c’était même ma spécialité en 3e année d’études », explique Philippe Peultier. Mais la méthanisation tombe peu à peu dans l’oubli à l’aube des années 90, et l’ingénieur agricole met entre parenthèses son thème de prédilection. L’intérêt pour les énergies renouvelables et la protection de l’environnement revient subitement dans les années 2000 et pousse Philippe Peultier à réétudier la question. Il intègre alors, de 2007 à 2009, l’incubateur de l’École des mines de Douai avec un objectif : créer un outil permettant aux agriculteurs d’installer dans leur exploitation leur propre unité de méthanisation. « Il y a deux possibilités : soit la méthanisation territoriale où les gains vont à l’investisseur, soit la méthanisation à la ferme, et là ce sont eux qui en tirent les bénéfices », souligne le chef d’entreprise.
Adapter le modèle
Si l’Allemagne a déjà développé des systèmes dits “à la ferme”, le procédé n’est cependant pas adapté à l’Hexagone, puisque, outre-Rhin, on utilise principalement la méthanisation liquide, et non sèche. « Concrètement, ils mélangent le lisier avec de l’ensilage de maïs alors qu’en France, on est sur du fumier, donc une matière sèche », note Philippe Peultier. La machine imaginée par ses soins est simple à utiliser : il suffit aux agriculteurs de mettre le fumier produit par leur élevage dans l’unité de méthanisation. La matière, une fois digérée et transformée en biogaz, sera ensuite automatiquement vendue à un fournisseur d’énergie. « Les contrats sont de 15 ans et ils assurent à l’éleveur un revenu de 150 000 à 300 000 euros par an », poursuit l’ingénieur. Séduits par le principe, les établissements Charpentier, négociants agricoles, se sont associés à Easymetha pour la partie commerciale. En 2015, l’entrepreneur a également reçu une aide de 11 000 euros à l’occasion du concours “Eclosia”, organisé par le conseil départemental.
Industrialiser le processus
« Aujourd’hui, de nombreux éleveurs sont intéressés, mais ils veulent voir concrètement comment cela fonctionne », ajoute le chef d’entreprise. Une exploitation située à Talmas (Somme) accueillera dès cet automne une unité de méthanisation qui servira de démonstrateur. Actuellement, cette installation nécessite entre 500 000 euros et 1 million d’euros d’investissement et un montage de deux mois. Une durée que Philippe Peultier espère réduire dans peu de temps avec la création d’un atelier permettant l’industrialisation du procédé. « Ainsi, nous pourrons également assurer la maintenance des produits et nous développer plus vite », affirme-t-il. Le fondateur d’Easymetha compte créer une trentaine d’emplois grâce à cette activité porteuse.