“Une édition qui fera date”
Le 69e congrès de l’ordre des experts‑comptables s’est tenu du 8 au 10 octobre 2014, à Lyon. “Une édition qui fera date”, aux dires de son président, joseph Zorgniotti.
Philippe SCHRÖDER et Michel GODET (Reso Hebdo Eco)
Pour le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables de France que préside par Joseph Zorgniotti, le 69e congrès de la profession est “une édition qui fera date”. Parce que l’affluence était au rendez-vous, parce que Lyon a su jouer son rôle de terre d’accueil. Et parce que la visite du ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a retenu l’attention des quelque 3 000 experts-comptables présents.
D’emblée, Joseph Zorgniotti a donné le ton de cette édition rhônalpine en apostrophant les 19 000 experts-comptables de France : “Ce congrès est le vôtre. Vous devez vous l’appropriez, à l’aube d’une période de mutation de notre métier, et alors même que les discussions sur les professions réglementées ne sont pas prêtes de s’arrêter.” Et de scander : “Oser, agir et conquérir”, slogan de ce 69e Congrès. Sans omettre les fondamentaux : “sciences, conscience et indépendance.”
“Full service”. On l’aura compris, les temps changent, à l’instar des bases du métier – la comptabilité ou les déclarations fiscales – qui évoluent. L’avenir se nomme désormais “full service”. Une stratégie de changement adoptée aujourd’hui par tous les cabinets. Une métamorphose corroborée par plusieurs témoignages, dont ceux des économistes Philippe Dessertine et Nicolas Bouzou.
Le premier avançant : “Les entreprises qui se créent auront toujours besoin d’un interlocuteur qui les aidera à comprendre la langue financière.” Le second arguant : “N’ayez pas peur, soyez optimistes, nous sommes à l’aube du plus grand cycle d’innovation, donc de croissance, depuis la Renaissance. Pensez plutôt à la loi de Moore qu’à la déflation…” Ces propos optimistes ont trouvé un écho auprès d’Emmanuel Macron, le ministre n’ayant de cesse de répéter à endroit des experts-comptables : “J’ai besoin de vous.” (Voir encadré.)
Président fier de ses troupes.Fort de six années de présidence, Joseph Zorgniotti insisté sur les qualités d’une profession “en capacité de faire sa mue”, qui toujours su s’adapter et se moderniser avec une totale garantie de transparence d’indépendance. Et le président du Conseil supérieur de préciser : “Nous n’avons pas attendu qu’on vienne nous chercher pour avancer ! Considérés à juste titre comme des acteurs et tiers de confiance, les experts-comptables sont toujours à l’écoute des attentes et des besoins de leurs clients. Les nouveaux domaines de financement, crowfunding, ou encore les missions au sein des comités entreprise, comme envers les personnes dépendantes, nécessitent une sécurisation irréprochable.”
Exceptionnel par sa production de matière, ce 69e Congrès s’est donc révélé aussi concret qu’utile pour une profession prête à “oser, agir et conquérir”. Et le président Zorgniotti de conclure : “Adoptons notre nouvelle devise : nous sommes fiers d’être experts-comptables !”
La profession
La France compte plus de 19 000 experts-comptables. Près de 4 500 professionnels s’étaient inscrits à cette manifestation annuelle, sans compter les partenaires venus présenter leurs savoir-faire et leurs nouvelles offres de service. Chaque année, la profession accueille 1 000 jeunes diplômés qui pour moitié vont en cabinet, l’autre moitié en entreprise. Le congrès 2015 se tiendra à Paris.
Extrait du discours du ministre
Lors de son intervention devant les experts-comptables, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, a décrit ce mécanisme qui éloigne certains responsables politiques des réalités : “J’ai besoin de vous pour avoir des idées, pratiques, concrètes. Vous savez, quand on est ministre, je découvre ça depuis quelques semaines, les choses sont très bien faites, votre temps est organisé par d’autres et par des pratiques (…). Et donc, vous voyez vos services, ce qui est normal, parce que c’est votre responsabilité et sans eux je ne serais rien. Et puis, vous avez les abonnés au ministre, ce sont toujours les mêmes ! Vous avez une pression colossale si vous ne les recevez pas, parce que ça s’est toujours fait (…). Ils vous disent qu’ils sont sur le terrain, qu’ils connaissent mieux la France que vous. Pour ce qui me concerne, c’est sans doute vrai, puisque tous les procès me sont faits à cet égard (rires dans la salle). Mais ils ont à peu près la même vie que moi, c’est-à-dire qu’ils tournent dans les mêmes cercles depuis des années, ils n’ont généralement plus croisé la vraie vie que par l’intermédiaire d’autres qui leur ont racontée. Ils viennent me donner le précipité d’intérêts particuliers, qu’il faut voir, regarder, mais qui ne changeront pas le pays. Sinon, ils l’auraient déjà changé !”