“Ni naïveté ni paranoïa, mais de la vigilance”

Olivier Buquen, délégué interministériel à l’Intelligence économique, était à Lille le 26 septembre pour rappeler l’importance de la sensibilisation des entreprises et des salariés aux risques d’espionnage industriel. Il a détaillé le dispositif d’actions mis en place par l’Etat dans le Nord-Pas-de-Calais.

Christian Choquet, préfet de la zone de défense et de sécurité Nord, et Olivier Buquen, délégué interministériel à l’Intelligence économique.
Christian Choquet, préfet de la zone de défense et de sécurité Nord, et Olivier Buquen, délégué interministériel à l’Intelligence économique.

 

D.R.

Christian Choquet, préfet de la zone de défense et de sécurité Nord, et Olivier Buquen, délégué interministériel à l’Intelligence économique.

Venu dans la capitale des Flandres pour la seconde fois, Olivier Buquen parcourt toutes les régions de France pour mettre en oeuvre la stratégie de l’Etat en termes d’intelligence économique. Cette dernière recouvre trois composantes : la veille stratégique (recueil, analyse, valorisation et diffusion d’informations économiques stratégiques), l’influence (capacité à orienter positivement les décisions d’institutions économiques internationales) et la protection économique (protection des informations, des activités et de l’ensemble du patrimoine économique et scientifique). “Quand on parle d’intelligence économique, on parle de défendre les intérêts de la France dans les instances internationales. Entre 80 et 90% des normes sont fixées au niveau européen ou mondial. L’Etat, avec les chambres de commerce et d’industrie et les régions, aide les entreprises à intervenir auprès de leurs organismes de norme, ou à créer des partenariats”, détaille Olivier Buquen. Dans cette perspective, l’Etat recense les attaques portées aux entreprises ou aux établissements de recherche (attaques de locaux, vols de prototype, cyberattaques).

50 cas dans le Nord-Pas-de-Calais. Dans la région, où l’on est “plutôt bien organisés” selon Olivier Buquen, les modes d’action les plus fréquents restent l’exploitation des faiblesses d’une entreprise ou comment faire pression sur une société en difficulté pour la racheter à moindre coût ! Parmi les secteurs les plus frappés au niveau national, les hautes technologies (aéronautique, recherche, télécommunications, automobile, biotechnologies), mais surtout les entreprises de toutes tailles, les grands groupes représentant 30% des ingérences, les PME, 25% et les pôles de compétitivités, 45% ! “Dans la région, nous avons recensé 50 cas significatifs en 2011. Mais il y a aussi les atteintes que les entreprises ne signalent pas car elles ne veulent pas que cela se sache… Nous sommes en train d’élaborer un texte de loi pour inciter les chefs d’entreprise à mieux protéger leurs secrets. Nous espérons qu’il sera examiné par le gouvernement dans les mois à venir”, poursuit le délégué interministériel. Un questionnaire sera aussi bientôt adressé aux dirigeants avec, à la suite, des préconisations. Une formation a été imaginée – mais pas encore déclinée en Nord-Pasde- Calais – pour les salariés des chambres de commerce et d’industrie ou tout simplement, d’entreprises. Une plate-forme d’information sécurisée au sein des pôles de compétitivité est aussi à l’étude, pour limiter l’échange d’informations par mail. “L’objectif ? Décliner ce programme dans une université ou une grande école qui le proposera en formation continue.” Mais avant tout, Olivier Buquen préconise le bon sens : “Ni naïveté ni paranoïa, mais de la vigilance ! 80 à 90% de ces attaques peuvent être évitées par de bons comportements. Par exemple, ne pas se balader avec un ordinateur qui contient toutes les données de l’entreprise, ne pas parler trop fort en public. Protéger son entreprise, c’est protéger ses emplois. L’intelligence économique est l’affaire de tous.