“Dans les trois ans, nous avons un potentiel de 2 000 emplois”

Quatre ans après son élection à la tête de la mairie de Calais, que sa liste d’ouverture a ravie aux communistes qui la dirigeaient depuis 1971, et deux ans après son arrivée au Sénat, Natacha Bouchart répond aux questions de La Gazette. Rencontre.

Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, vice-présidente de Cap Calaisis.
Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, vice-présidente de Cap Calaisis.

 

Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, vice-présidente de Cap Calaisis.

Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, vice-présidente de Cap Calaisis.

La Gazette. La ville a investi dans ses zones d’activité, l’agglomération aussi. Certains terrains sont prêts mais les grands projets ne suivent pas encore. Pourquoi ?
Natacha Bouchart. Les réponses des investisseurs sont très claires. Le calendrier administratif et technique fait que tout est en train de se réaliser. La zone des Cailloux a très bien fonctionné et la commercialisation de GSE fonctionne très bien. La zone du Chemin-Vert est également en bonne voie ; Terre et Eau s’y installera. La première pierre de la zone est prévue prochainement. Tous les engagements sont pris. La zone d’activité de la Rivière-Neuve avance aussi. Il nous faudra une année pour remblayer. La Sopic se positionne sur toutes les zones. Tout cela montre que nous avons eu raison d’accélérer. En quatre ans, nous avons quasiment rempli quatre zones. Cela signifie que les investisseurs croient en notre stratégie. Les choses sont calées avec DCB qui pilote le projet de Calais-Premier. Quant à Spyland (projet d’une centre de loisirs dédié au monde des services secrets), nous espérons que notre interlocuteur nous dira oui cet été.

Calais-Premier, projet de plate-forme logistique, n’a pas encore commencé. Le promoteur n’a ni rempli ni prévendu ses espaces, on est encore loin des travaux. Quel est le calendrier ?
L’investisseur DCB a signé une promesse d’achat et son permis de construire a été déposé en fin d’année dernière. Les choses se mettent en place. D’autre part, les feux verts régionaux et de l’Etat ont été donné sur le ferroviaire. RFF et l’Etat ont inscrit le projet d’embranchement qui est fondamental pour la réussite du projet. J’ajoute que des chargeurs sont en pourparlers avec DCB.

Le tourisme est un vecteur de création de richesse important. Quelle est votre politique dans ce secteur ?
La stratégie littorale mérite d’être affinée sur ce qu’on présente aux visiteurs. Que chacun ait ses objectifs, je le comprends. Nous avons besoin d’une stratégie nouvelle qu’il faut mettre en place, décider ensemble de ce qu’on met en valeur. Une publicité littorale que chacun pourrait décliner est une idée que je soumets.

Quel bilan tirez-vous du changement d’image de la ville que vous avec cherché à impulser depuis 2008 ?
Le constat est radical. Notre stratégie est reconnue – développement économique, urbain, social –, clairement établie et soutenue par tous les acteurs. L’image change pour les extérieurs qui viennent à Calais. La presse nationale s’en est rendu compte : elle suit les dossiers. C’est essentiel. Calais est désormais reconnue pour son dynamisme. Nous le devons à nos campagnes de promotion.

Pourtant, les chiffres de l’emploi sont toujours aussi mauvais… Il y a toujours près de 16% de demandeurs d’emploi à Calais même si on observe un arrêt de cette dégradation.
C’est vrai que ce n’est pas encore perceptible. En création d’emplois, on voit une évolution positive mais le taux de chômage ne varie pas encore. Dans les trois ans, nous avons un potentiel de plus de 2 000 emplois. C’est énorme. Notre problème résidera dans la formation aux métiers. Dans les trois mois qui suivent, nous aurons l’inscription réelle des gros projets. Ensuite, il nous faudra mettre en place un dispositif énorme de formation pour aider les demandeurs d’emploi.

Le dossier SeaFrance vient de connaître enfin une décision finale. Quel est votre sentiment sur tous les acteurs de ce dossier ? Quel est votre avis sur la reprise des bateaux par Eurotunnel et leur exploitation par la coopérative des ex-salariés ?
Au niveau de l’affichage, c’est très positif. Sur le fond, il s’agit d’une reprise des navires et d’un plan social. Le dis-positif peut paraître fragile au niveau de la société des salariés. Mais cela mérite d’être tenté. Il s’agit de récupérer 500 emplois.

Il y aussi la candidature d’Eurotunnel à la gestion des ports de Calais et de Boulogne-sur- Mer… Que faut-il en penser ?
Nous nous réjouissons de l’offre d’Eurotunnel. Mais cela va évoluer : un échange doit avoir lieu. Les présidents d’Eurotunnel (ndlr : Jacques Gounon) et de la CCI Côte d’Opale sont assez grands pour se parler. Jean-Marc Puissesseau a créé une dynamique littorale. Tous les élus des territoires sont pour cette dynamique mais chacun pense d’abord à son territoire. C’est compliqué.

Le port de Dunkerque est-il légitime à entrer dans ce dossier ? Est-ce facteur de synergie pour les trois ports ?
Il ne faut pas se disperser. Je ne vois pas l’intérêt de la venue du port de Dunkerque.

Concernant la politique foncière, quelle est votre politique ? Quel est le prix plancher pour attirer les investisseurs ? Faut-il brader pour attirer ? Comment éviter que les investisseurs ne gèlent les terrains lors de leurs acquisitions ?
Nous avions des contraintes très fortes, notamment au niveau de l’agglomération. Je tiens à rappeler que quand nous sommes arrivés, rien n’avait été fait ! Nous n’étions propriétaires de rien. Aujourd’hui, nous pouvons avancer. Nous restons vigilants : si les investisseurs ne réalisent pas leurs projets, les contrats sont tout simplement rompus. Il faut savoir qu’en moins de deux ans, les procédures et les permis de construire ont été réalisés. Sur les prix du foncier, nous avons comparé avec d’autres territoires : il y a des endroits où nous sommes plus chers et d’autres où nous sommes moins chers. Le reste, c’est une négociation. Quand l’emploi dépasse les espérances, on peut baisser le prix.

Quid des zones d’activité de la Communauté d’agglomération dont vous êtes la vice-présidente chargée du développement économique ?
Là aussi, je veux rappeler les faits : il n’y avait aucun plan d’aménagement quand nous sommes arrivés en responsabilité. A part un terrain qui pose problème, nous sommes propriétaires du tout. Depuis, les fouilles ont commencé, l’arrivée du service archéologique, à ma demande, a été appréciée. Des porteurs de projet étaient encore là ce 20 juin au matin.

Calaisis TV n’en finit pas de traverser des problèmes de tous types. Y a-t-il eu un problème de gouvernance ?
Oui et non. Il y a eu des problèmes de direction. C’est compliqué : les élus qui ont pris la présidence ne sont pas des professionnels de la télévision. Il y a surtout un problème au niveau du comité de rédaction. Ma position n’a pas changé : Calaisis TV a toute sa place mais elle doit affiner sa place avec l’arrivée d’Opal TV. La chaîne doit s’orienter vers un travail de soustraitance. Calaisis TV n’a plus les moyens financiers même si elle ne doit pas voir baisser ses subventions. Elle reste un outil intéressant.